La Baule+

la baule+ Avril 2024 | 17 rien céder à ce diktat. J’étais à Moscou mimars : les Moscovites poussent tellement le chauffage dans leurs appartements, qu’ils ouvrent les fenêtres pour avoir de l’air quand il fait 0°… Quand on regarde les émissions carbone des pays développés, elles sont revenues au niveau des années 70, et quand on regarde l’utilisation du charbon, nous sommes revenus au niveau de 1905. C’est formidable. Il faut s’en féliciter et ne pas céder à cet instinct révolutionnaire, un peu adolescent, qui considère qu’il faut balancer le capitalisme et la démocratie libérale. Ce qui est intéressant, c’est que mon livre trouve son public et les gens me disent qu’ils sont contents qu’on ne les engueule pas. Une dame m’a dit qu’elle a acheté une voiture électrique et maintenant elle découvre que les voitures thermiques sont plus efficaces… Il faut reprendre un peu de fierté. Votre livre pourrait être un programme politique… Il existe effectivement un champ politique pour des discours de confiance en l’avenir. D’ailleurs, dans le livre, je cite des discours parlementaires qui correspondent à mes idées. Je cite Tocqueville, Lamartine, Jacques Chaban-Delmas en 1969, et même l’appel du 18 juin du général de Gaulle. C’est incroyablement positif. C’est une projection de la France dans l’avenir qui est formidable. Il ne faut jamais désespérer de la France Comment être crédible et redonner confiance aux Français, alors que notre pays est plutôt mal géré ? Regardez l’endettement public… Les mêmes ne peuvent pas nous dire que tout va très bien… Vous avez raison. On a un énorme problème de finances publiques, on a des problèmes de services publics, que ce soit l’hôpital ou l’Éducation nationale. C’est vrai, il faut être lucide. Mais je dis que nous avons la capacité de régler ces problèmes. On peut réduire nos déficits publics, on peut réorganiser l’hôpital et on peut remettre l’éducation nationale à niveau. Ce ne sont pas des signaux définitifs de déclin. La France est un moteur à explosion et il y a les problèmes que vous évoquez. Cependant, c’est aussi un pays capable de se ressaisir très vite et qui est capable d’enchaîner les phases de déclin avec les phases de renaissance. Il ne faut jamais désespérer de la France. On est peut-être proche de quelque chose de positif. Il y a beaucoup de Français qui ont envie d’agir. Il y a beaucoup d’entreprises qui marchent bien. Il y a beaucoup de jeunes qui sont très créatifs... Je ne dis pas cela par bien-pensance, mais parce que nous avons une possibilité de rebond extraordinaire. Mais nous n’avons aucune incarnation politique pour résoudre cela. Nous sommes aussi dans une civilisation de haine de l’autre : il suffit de se souvenir des débats sur la vaccination… Parce que nous sommes dans le ressentiment et la jalousie. D’une certaine façon, l’antisémitisme qui progresse dans notre pays, comme dans d’autres pays dans le monde, est la pointe avancée de cette haine et de ce ressentiment. Israël suscite autant de haine parce que c’est la seule démocratie prospère du Proche-Orient. Vous savez bien que l’antisionisme est le faux-nez de l’antisémitisme. L’horizon politique ne se dégage pas Vous connaissez beaucoup deministres : quels ont été leurs retours ? Ce sont des retours toujours polis. C’est difficile à dire. Nous sommes dans une période de flottement politique. Le deuxième quinquennat n’est pas une réussite, il y a beaucoup de flottement. J’attends une reprise en main beaucoup plus forte des questions de sécurité, d’intégration et d’éducation. Les discours vont souvent dans la bonne direction, mais nous n’avons pas cette remise en main dont on aurait besoin. Le pouvoir en place est un peu usé et il y a beaucoup de fatigue. Mais, ce qui m’inquiète, c’est que l’horizon politique ne se dégage pas encore beaucoup à droite et au centre droit. C’est dommage, parce qu’il y a un boulevard politique. On a de plus en plus peur d’affirmer nos idées Les politiques ont peur et, comme ils ont peur, ils sanctionnent, ils réglementent, ils nous infantilisent… Ils ont peur aussi de leurs propres discours. On a de plus en plus peur d’affirmer nos idées, c’est effrayant ! C’est vrai des politiques qui prennent toujours mille précautions avant de dire quelque chose et c’est vrai aussi des entreprises. Quand j’entends des chefs d’entreprise s’exprimer dans les médias, souvent ce n’est pas intéressant, parce qu’ils ont peur de leurs salariés, ils ont peur des syndicats, ils ont peur des politiques, ils ont peur des actionnaires et des médias… Il y a beaucoup moins d’engagement sur les idées, parce que l’on a peur de choquer en permanence. Pascal Bruckner, dans son dernier livre, explique que la plaie de notre époque, c’est que tout le monde s’érige en victime, pour sa couleur de peau, sa religion ou en raison de l’oppression de tel ou tel. On est dans un discours de dénégation du droit des autres, car « comme je suis une victime, je dois avoir plus de droits. » Ce discours victimaire est un discours d’exclusion et il faut lutter contre cela. Propos recueillis par Yannick Urrien. Nicolas Bouzou : « Il y a beaucoup moins d’engagement sur les idées, parce que l’on a peur de choquer en permanence.»

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