la baule+ Mai 2024 | 23 et surtout de le sécuriser. Il n’y a que des gens assez riches qui collectionnent. C’est un circuit fermé. On dit souvent en plaisantant que si un milliardaire acquiert pour 100 000 euros la toile d’un artiste inconnu, qui ne valait rien jusqu’à présent, elle vaudra immédiatement 100 000 euros… Cela a toujours existé, mais il faut savoir que c’est un système. Ce n’est pas de l’improvisation, sauf pour le naïf qui entre dans une galerie pour la première fois. Il ne peut pas y avoir d’art conceptuel si cela ne devient pas institutionnel et financier. En France, c’est l’institutionnel, le ministère de la Culture, qui a couru derrière le système financier. D’ailleurs, il y a un salon international où l’on vend tous les artistes, sauf les artistes français ! Récemment, dans Le Monde et dans Les Échos, on a pu lire des articles dénonçant la faible apparition des artistes français. Énormément d’artistes se sont réfugiés dans la bande dessinée Vous évoquez aussi la bande dessinée dans votre livre… Oui, parce que la modernité, c’est la diversité. Quand on a dit que c’était un péchémortel de dessiner merveilleusement ou de peindre merveilleusement, énormément d’artistes ont été atteints dans leur être plus profond. Donc, énormément d’artistes se sont réfugiés dans la bande dessinée. Il y a des merveilles, il y a de la composition, de la couleur, des mouvements, l’organisation de l’espace est parfaite… Donc, si on vous réprime d’un côté, vous rattrapez de l’autre. Il y a aussi le Street Art. Vous citez d’ailleurs l’œuvre de Pascal Boyard, avec Marianne et les Gilets jaunes derrière, qui a fait le tour du monde… C’est quelqu’un que je connais. Ses parents étaient désespérés quand il était jeune, parce qu’il allait taguer dans les rues et la police le ramenait chez lui. Ils l’ont inscrit à un cours de bandes dessinées, il a été ébloui, il a continué de peindre dans les rues... Au moment des Gilets jaunes, il fait une très belle fresque sur un mur parisien, en s’inspirant du tableau de Delacroix, avec une femme qui monte sur une barricade. Le monde entier a découvert cette fresque qui a été à la une de tous les journaux du monde, notamment aux États-Unis. Ce garçon s’est formé tout seul, en allant dans les musées, et un jour il a fait une Sixtine. C’était pendant le confinement, dans le squat d’une usine et c’est toute une aventure. De jeunes cinéastes ont filmé cette aventure et le film a aussi été une petite merveille. Il a fait le tour du monde. Évidemment, s’ils avaient demandé à une municipalité ou à l’État de les aider, comme cela ne rentre pas dans les clous officiels, ils n’auraient rien reçu. Alors ils ont financé le film et la fresque par les NFT. Quelle est votre position sur les NFT ? C’est une forme de mécénat qui ne passe pas par l’État, ni par toutes les grandes stratégies financières, mais simplement par le fait que chaque personne ait envie d’acheter une part de l’œuvre d’art. (Suite page 24) « La seule chose qu’ils ont pu faire, c’est d’accuser de fasciste toute personne qui n’entre pas dans la définition d’un art déconstructif. »
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