la baule+ Mai 2024 | 17 effet de sidération, la majorité de la population a cessé de réfléchir. C’est sans doute ce qui est le plus inquiétant, plus encore que la pandémie. Une maladie tue des gens, malheureusement, mais le monde s’en relève. L’hystérie laisse des séquelles dans la population. On le voit dans les rapports humains aujourd’hui. C’est plus tendu, c’est plus agressif. Le sujet Covid est clivant. Les contrats passés avec les laboratoires, couverts par une clause de confidentialité, prévoient une exonération du risque pour les laboratoires Maintenant, qui va payer ? Il s’agit de milliards de dédommagement... La préoccupation des familles, ce n’est pas d’être indemnisées, c’est d’abord de comprendre ce qui s’est passé. Il existe un organisme, l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux, financé par la collectivité, par nos impôts, qui permet une indemnisation relativement rapide, même s’il faut se battre sur les montants indemnitaires. Cet organisme a un recours contre l’auteur du dommage. Vous pointez du doigt un problème tout à fait intéressant puisque, dans l’urgence, les contrats passés avec les laboratoires, couverts par une clause de confidentialité, prévoient une exonération du risque pour les laboratoires. Les vaccins étaient considérés comme urgents par les gouvernements et ils ont accepté d’assumer ce que l’on appelle le risque de développement : c’est-à-dire que les complications seront, selon toute vraisemblance, supportées par l’État. C’est un débat politique parce que nous avons une privatisation du profit, c’est tout à fait légitime, et une socialisation des pertes. Si vous développez une activité et si vous vous plantez, vous devez en assumer le risque. Dans le cas présent, la collectivité assume le risque, donc la perte, alors que le profit est réalisé par le privé sans aucune contrepartie. Ceux qui ont dénoncé ces contrats obscurs se sont fait taxer de complotisme. Les circonstances auraient-elles été les mêmes dans un contexte médiatique apaisé ? L’État aurait alors pu faire valoir que les débats s’étaient déroulés sans anathèmes et sans insultes, et que les gens s’étaient fait vacciner en connaissance de cause. Le contexte aurait-il été différent si l’on avait laissé les journalistes faire leur métier ? Il faut considérer l’urgence. Le débat nécessite un exposé des arguments, pour ou contre, et nous n’avions pas forcément de temps à l’époque. Mais le politique se doit de faire des choix. Agir, c’est prioriser une catégorie de la population pour la vaccination. Agir, c’est laisser la liberté à une autre catégorie de la population. Le politique a l’information quand il décide. La spécificité des dossiers dont je m’occupe en matière de vaccination, c’est que nous sommes sur des décès évitables : si les personnes n’avaient pas été vaccinées, elles avaient peut-être le risque de développer la Covid, peut-être avec une forme grave, mais le risque était statistiquement faible, comparé à des personnes plus âgées. On peut accepter qu’une personne de 85 ans, qui a des problèmes de santé, fasse une complication après la vaccination, à cet âge vous êtes vulnérable, la vaccination a parfois des effets graves, mais la Covid aurait pu avoir des effets encore plus graves. Or, chez un homme d’une trentaine d’années, le bénéfice / risque pose davantage de questions. On peut reprocher une inexacte appréciation du bénéfice / risque catégorie par catégorie. Il faut toujours laisser les journalistes investiguer, car il n’y a pas de démocratie sans presse libre. Que l’on soit d’accord ou non avec la presse, tous les médias méritent d’exister, de Libération à Valeurs actuelles. Je n’ai aucun problème avec cela. Par contre, le politique est censé décider en connaissance de cause, sans se laisser influencer par tel ou tel lobby. Propos recueillis par Yannick Urrien.
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