la baule+ 16 | Mai 2024 Mais les politiques nous ont vendu la vaccination comme un moyen d’empêcher la contamination ! Je ne suis pas médecin, je ne me prononcerai pas sur le fait que les vaccins ont permis d’éviter, ou pas, les formes graves. Je suis convaincu qu’une personne âgée, ou malade, avait un certain avantage à se faire vacciner. Je ne le conteste absolument pas. En revanche, il y a eu une dépossession de la médecine au profit du politique, puisque la vaccination a été vendue comme le moyen d’empêcher la contamination, ce que les laboratoires qui produisaient les vaccins n’ont jamais dit. Effectivement, la vaccination est aujourd’hui d’abord un problème politique, plus que médical. On doit laisser un médecin prescrire et le politique, qui n’a pas les connaissances médicales, n’a pas à s’immiscer dans ce débat. Je suis juriste, je ne m’immisce pas dans un débat médical. Mardi 9 avril, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi de lutte contre les dérives sectaires avec un amendement qui crée un délit de provocation à l’abandon ou à l’abstention de soins. On pourrait en déduire que la conversation que nous avons est susceptible d’être interprétée par certains esprits tortueux comme une forme d’incitation à l’abandon de soins, ce qui n’est pas du tout le cas. Ce texte peut-il mettre en cause la liberté de penser, de chercher ou de s’exprimer ? La liberté de penser est absolue, les consciences sont insondables, vous pensez ce que vous voulez : la limite, c’est la liberté d’expression. Ce texte me dérange, parce que je suis très attaché à la liberté d’expression et je suis attaché aux beaux textes de droit, c’est-à-dire aux textes qui sont applicables. Pour moi, c’est un texte de circonstance. Certains l’ont qualifié de texte anti-Raoult, pour dire les choses de façon très claire. C’est ce que j’ai pu lire dans la presse nationale. Je pense que le Conseil constitutionnel ne laissera pas forcément ce texte en l’état. Il faudra lire ce texte en tenant compte des exigences de la jurisprudence, notamment de la Cour européenne des droits de l’homme, qui accorde une très grande place à la liberté d’expression. Le Berliner Zeitung, qui n’est pas un média complotiste, a évoqué récemment le fait que la santé de la population a été endommagée avec les vaccins. On observe une multiplication des AVC, des crises cardiaques et des cancers. Certes, il convient de rester prudent, cela n’a peut-être rien à voir, mais il y a quand même un climat d’inquiétude générale. Que faire ? Coïncidence n’est pas causalité et si je bois un verre d’eau et si je décède trois minutes après, ce n’est probablement pas le verre d’eau qui sera la cause de mon décès, sauf si l’on a mis du polonium dans mon verre ! Au-delà de cette boutade, la vérité, c’est la science qui nous l’apporte, ce sont des expertises, des analyses et des conclusions. Effectivement, il y a une inquiétude. Lorsque la presse s’est fait l’écho de l’état de l’avancement de l’enquête concernant Anthony, j’ai reçu pas mal de messages de personnes inquiètes pour des proches et je comprends cela. Il n’y a pas de réponse des pouvoirs publics à ces interrogations, avec surtout une recherche de vérité. On a remis le couvercle sur la marmite et l’on essaie de penser à autre chose. Quand on fait de la responsabilité médicale, on travaille sur un temps très long. Le procès du Mediator a duré entre dix et quinze ans. La famille d’Anthony sait que nous sommes partis sur un temps long. Ce temps doit être consacré à la réflexion et à la modification éventuelle des pratiques. On a eu la Covid, on a eu la grippe A il y a dix ans, et l’on aura une nouvelle pandémie dans dix ans. C’est lié à notre mode de vie et à la circulation des individus. Cela va arriver, mais il faut tirer les enseignements du passé et s’adapter. Vous dites à juste titre que nous sommes sur un temps très long. Mais lorsque certains l’ont expliqué au moment de la campagne de vaccination et ont préconisé qu’il fallait laisser des délais de recul à ceux qui le souhaitaient, ils ont été traités de complotistes. Le débat n’était pas possible… Effectivement, le sujet était hystérisé, avec des anathèmes, en traitant l’adversaire de complotiste. Poser des questions, pour certains, c’est devenir complotiste, alors que je considère que le scepticisme est finalement un gage de qualité. C’est comme cela que l’on avance et c’est comme cela que les choses changent. Je défends des personnes vaccinées ou des personnes dont un proche est décédé de la vaccination et l’on aura difficilement la possibilité de me rétorquer que ces gens étaient des complotistes ou des antivax, puisqu’ils ont été vaccinés ! Les parents d’Anthony ont été vaccinés, les frères et sœurs devaient également être vaccinés, évidemment ils ne l’ont pas été lorsqu’ils ont vu ce qui s’est passé. À titre personnel, je me suis fait vacciner. J’ai 46 ans et je ne présente pas de facteurs de risques, mais pour pouvoir continuer de faire mon travail, j’ai été contraint à cette vaccination. J’ai plusieurs enfants et je ne me suis pas posé de questions avant de faire vacciner ma fille contre le papillomavirus. J’ai des amis médecins, j’ai des médecins dans ma famille, le bénéfice / risque est évident. On doit avoir une approche réfléchie et rationnelle au cas par cas. On est dans quelque chose d’assez pervers Peut-on considérer que la vaccination était obligatoire ? La vaccination n’était pas juridiquement obligatoire. À partir du moment où il n’est pas obligatoire de prendre les transports en commun pour continuer de travailler, vous pouviez ne pas vous faire vacciner. On est dans quelque chose d’assez pervers, puisque l’on ne vous impose pas une obligation, mais on vous met en condition de ne pas pouvoir refuser cette vaccination. Beaucoup de gens y ont été contraints, notamment les restaurateurs… J’assiste un certain nombre de personnes qui travaillent dans le milieu médical ou paramédical. La plupart des familles dont les proches sont décédés se sont fait vacciner parce qu’elles croyaient en la vaccination. On a un second problème lorsque le gouvernement a édicté en 2021 l’obligation vaccinale pour les soignants. On m’a répondu que c’était une partie très marginale des soignants, mais même cette minorité mérite d’être considérée. Les inquiétudes de cette minorité sont tout aussi respectables que l’aspiration de la majorité. Peut-être que la justice devrait se prononcer sur le fait qu’il y ait eu une obligation de fait ? Cela peut-il avoir des conséquences pour des personnalités politiques, comme Édouard Philippe ou Jean Castex, qui ont aussi exercé une pression morale, notamment sur les médias, afin d’éviter tout débat ? Je suis juriste, je ne fais pas de politique, je n’entends pas faire de politique. D’un point de vue juridique, ils n’ont pas de responsabilité dans le sens où il n’y a pas d’infraction commise dans le fait d’avoir fait voter par le Parlement une loi pour ensuite prendre des décrets d’application. Sur le plan politique, on peut effectivement s’interroger sur le processus de la décision. C’est une question qui me concerne en tant que citoyen, c’est la façon dont les décisions politiques sont élaborées. Cela renvoie à une question périphérique sur le rôle des cabinets de conseil. Un argument souvent utilisé est de dire que les autres pays européens ont fait comme nous. Mais, le problème, c’est que les pays européens se sont abreuvés aux mêmes sources de conseil. Donc, si vous avez le même conseiller dans trois pays différents, il est logique que le même conseiller vous donne le même conseil. C’est un raisonnement totalement circulaire.. Il y a eu le secret défense, ce qui implique une opacité. Un esprit complotiste peut s’interroger sur le fait que l’on savait peut-être que la vaccination n’était pas si efficace que cela… Par définition, puisque c’est secret, je n’en sais strictement rien. À mon sens, la façon dont la décision politique a été élaborée a singulièrement manqué d’efficience et de transparence. Vous avez parfaitement raison, l’absence de transparence nourrit des interrogations, voire le complotisme. Des restaurateurs, mais aussi des chefs d’entreprise, ont fait venir des professionnels de santé dans leur établissement pour faire vacciner leur personnel en clamant « Tous vaccinés, tous protégés ». Quelle est leur responsabilité ? La responsabilité se fonde sur un triptyque : un fait générateur, un lien de causalité, un préjudice. Il faut donc que l’on démontre un préjudice et un fait générateur. Le fait générateur, nous l’avons dans votre exemple, puisque nous avons un restaurateur qui va inciter à la vaccination. La difficulté, c’est que nous sommes sur du droit mou, puisque juridiquement l’employeur ne pouvait pas vous contraindre à la vaccination. Juridiquement, vous n’étiez pas forcé d’accepter cette vaccination. Dans l’hypothèse où il y aurait eu un dommage lié à cette vaccination, je ne suis pas convaincu que la responsabilité de l’employeur pourrait être recherchée. Sauf peut-être si l’on considère que c’est dans le cadre du travail, sur le terrain de ce que l’on appelle la faute inexcusable, on pourrait peut-être reprocher à l’employeur une exposition au risque et, derrière, engager sa responsabilité. Il va falloir se pencher sur cette hystérie, cette crise de folie qui a duré deux ans, où il était impossible de débattre… Vous avez employé ce terme d’hystérie, c’est parfaitement exact. Un ami psychiatre employait ce mot et, au début, je trouvais que c’était inadapté. Finalement, sa réflexion était pertinente et cela me fait penser aux phénomènes d’hallucination collective. Pendant quelques mois, par Maître Etienne Boittin : «La vaccination est aujourd’hui d’abord un problème politique, plus que médical.»
RkJQdWJsaXNoZXIy MTEyOTQ2