La Baule+

la baule+ 18 | Juillet 2024 Climat ► Le physicien et expert reviewer des rapports AR5 et AR6 du GIEC se positionne comme un « climato-réaliste » François Gervais : « J’ai vraiment le sentiment que le GIEC a utilisé un mauvais prétexte climatique. » Le dernier livre de François Gervais a été en tête des ventes. L’auteur est souvent victime du fanatisme de militants qui l’accusent d’être « climato-sceptique » et qui veulent l’empêcher de s’exprimer. C’est la raison pour laquelle il est important de lui donner la parole, au nom de la libre expression et du libre débat. Physicien, professeur émérite à l’Université de Tours, François Gervais a été directeur d’un laboratoire du CNRS (UMR 6157) et expert reviewer des rapports AR5 et AR6 (2022) du GIEC. Ancien conseiller scientifique du Pôle de compétitivité Sciences et Systèmes de l’Énergie électrique (S2E2), il est médaillé du CNRS en thermodynamique et lauréat du Prix Ivan Peychès de l’Académie des sciences. Il vient de publier un ouvrage sur ce qu’il désigne comme le déraisonnement climatique. « Le déraisonnement climatique : Climat, énergie, ressources : revenir à la science pour éviter la ruine. » de François Gervais est publié aux Éditions L’Artilleur. La Baule+ : Vous êtes physicien, spécialiste de thermodynamique, professeur émérite à l’université François Rabelais de Tours, médaillé du CNRS et primé par l’Académie des sciences, et vous avez été ce que l’on appelle rapporteur critique pour le GIEC… François Gervais : À deux reprises, pour le AR5, et ils m’ont repris pour le AR6… Pourtant, on reproche aux journalistes qui vous interrogent de faire leur métier… Cela va beaucoup plus loin, puisque nous sommes interdits de nous exprimer sur les chaînes publiques. Mais pas sur les chaînes privées... La pression est telle que certains climatologues ont refusé de répondre : comment analysez-vous ces limites à la liberté d’expression ? C’est vraiment lapidaire ! Si j’écris des livres, c’est pour relater en français, de manière plus intelligible, ce qu’un scientifique écrit en anglais dans une revue internationale à comité de lecture. Sur ma page à l’université, vous pouvez télécharger quatre articles sur le climat que j’ai publiés dans des revues internationales à comité de lecture. Certains disent que je ne suis pas climatologue, mais, à partir du moment où l’on a publié plusieurs articles sur le sujet dans des revues internationales à comité de lecture, on ne peut peut-être pas me taxer de ne pas être climatologue ! En revanche, je rappelle que les trois derniers présidents du GIEC n’étaient nullement climatologues, puisqu’il y avait un ingénieur des chemins de fer, puis un économiste coréen, et le dernier était spécialiste des énergies intermittentes. Aucun d’entre eux ne peut se revendiquer être climatologue. La France serait responsable d’une hausse annuelle de la température du globe de 0,00007°C Votre dernier ouvrage évoque la destruction des richesses. On nous prépare intellectuellement au passe climatique et vous semblez dire qu’il s’agit d’un cheval de Troie pour changer le modèle de notre société, afin de nous plonger dans une économie totalement dirigiste. Votre propos utilise des termes auxquels je souscris. Selon les calculs du GIEC, la planète s’est réchauffée de 0,4°C depuis 1945, date de l’accélération des émissions de CO2 dues à la combustion de ressources fossiles. Et, à ce jour, toujours selon les évaluations du GIEC, la France serait responsable d’une hausse annuelle de la température du globe de 0,00007°C. Or, sur la base de ces estimations reconnues, nos dirigeants aiguillonnés par l’ONU ont décidé d’atteindre le « zéro carbone » en 2050, impliquant des bouleversements radicaux de nos modes de vie et en particulier la transition vers le tout électrique, alors que 80% de l’énergie produite aujourd’hui est d’origine fossile. Au-delà de l’interdiction complète des véhicules thermiques, décidée à l’horizon 2035, les réflexions portent désormais, entre autres, sur la limitation du nombre de vols intercontinentaux, sur des restrictions à la consommation de viande, une limitation des constructions de maisons individuelles et, bien sûr, une démultiplication des installations d’éoliennes et de champs photovoltaïques. Tout ceci financé par de la dette. D’ailleurs, le journal qui vous attaque le plus, c’est L’Humanité… C’est tout à fait vrai. J’écris effectivement à la fin du livre que j’ai vraiment le sentiment que le GIEC a utilisé un mauvais prétexte climatique. Car ce n’est qu’un prétexte. Tout cela avec l’idée d’euthanasier le volet énergétique de nos économies. Et c’est grave. Il faudrait dépenser 67 milliards par an pour éviter que la France soit coupable de cela ! Si l’on questionne un vrai complotiste, comme le farfelu qui affirme que la Terre est plate, cela ne va pas déranger grand monde. À l’inverse, lorsqu’un journaliste interroge quelqu’un sur le climat, il reçoit toujours des attaques très fortes, comme si cela gênait des intérêts… Évidemment, c’est un énorme business, abondamment subventionné. Le Fonds Monétaire International a écrit en 2015 qu’il fallait lever 89 000 milliards de dollars. L’économiste Jean Pisani-Ferry a fait un rapport, à la demande de nos autorités, indiquant que pour décarboner la France, il faudrait dépenser 67 milliards chaque année. Or, si vous reprenez les propres chiffres du GIEC, la France est épouvantablement responsable chaque année de 0,00007°C.... Donc, il faudrait dépenser 67 milliards par an pour éviter que la France soit coupable de cela ! C’est du

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