la baule + L’essentiel de la presqu’île guérandaise ! Mensuel gratuit d’informations - N° 242 - Août 2024 SOYEZ RESPECTUEUX DE L’ENVIRONNEMENT : NE JETEZ PAS CE JOURNAL SUR LA VOIE PUBLIQUE, EMPORTEZ LA BAULE+ CHEZ VOUS ! Pages 20 à 23 Marine Jacquemin Elle a couvert les grands conflits au péril de sa vie Rencontre au Croisic avec la journaliste et grand reporter Cadréa : vos envies créatives n’ont plus de contraintes Page 5 BONNES ADRESSES Le Barapom continue d’innover Page 2 DÉCORATION Multirex : la solution pour entretenir sa toiture Page 10 MAISON Bretagne Sud Sotheby’s International Realty confirme son ancrage dans l’immobilier haut de gamme Page 17 IMMOBILIER Les 5 tendances de l’été avec le Comptoir des Savonniers Page 27 BIEN ÊTRE Nos entreprises locales communiquent : André Larané Les souvenirs du créateur de la thalasso Barrière Pages 12 et 13 Yves Treguer Les causes politiques de la guerre en Ukraine Pages 6 et 7 Pourquoi l’iode est un aliment indispensable Pages 14 et 15 Vincent Reliquet L’ancien directeur raconte la légende de Paris Match Page 24 Patrick Mahé Tomer Sisley La saga Largo Winch se poursuit avec « Le Prix de l’argent » Page 18
la baule+ 2 | Août 2024 Le Barapom continue d’innover et s’installe au marché de La Baule Théo Dugast est en charge de la transition du groupe Barapom. Il y a plus de 20 ans, son père, Loïc Dugast, avait lancé à La Baule ce concept de crêperie artisanale, qui est devenu l’une des marques préférées des habitants de la presqu’île et des touristes. Théo souligne que ce succès est d’abord celui d’un couple, Loïc et Anne, car rien n’aurait été possible sans la complémentarité de l’autre, comme dans l’acceptation de nombreux sacrifices pour entreprendre. Aujourd’hui, le Barapom est présent avenue du Général de Gaulle à La Baule, sur le site historique du quai du Pouliguen, place du Commando à Saint-Nazaire, mais aussi deux fois à Nantes et à Bordeaux. Théo annonce l’implantation d’un nouveau stand Barapom dans les halles du marché de La Baule. C’est un retour aux sources et une véritable boucle : en effet, le tout premier Barapom était installé avenue des Ibis sur le site du marché. La Baule+ : Vous êtes en charge de la transition du groupe Barapom. Comment évoluez-vous, avec de plus en plus de collaborateurs, tout en maintenant un esprit artisanal ? les produits français comme l’emmental, le poulet ou le jambon. Nous travaillons avec le Moulin de L’Écluse pour les farines, c’est une famille qui travaille depuis trois générations, ils ont un parcours qui nous ressemble. Nous n’avons que de bons produits. Quels sont vos projets ? Pour l’instant, nous travaillons sur notre retour à Pornichet. Nous nous adaptons aussi aux exigences écologiques en travaillant sur de nouveaux cornets qui remplaceront dans certaines de nos boutiques et sur les commandes à table les cornets en carton que nos clients connaissent déjà. Nous allons donc remplacer les contenants jetables par des cornets réutilisables que nous récupérerons et que nous nettoierons. Quelles sont les nouveautés que vous présentez aumarché ? Nous avons une carte plus réduite sur les galettes et les crêpes garnies, parce que nous avons voulu nous concentrer sur la vente à emporter de paquets, de cidre, de jus de pomme et d’épicerie. Pour pallier cela, nous avons créé deux nouveaux produits. D’abord, la galette du camelot, c’est une galette que l’on change assez régulièrement avec des produits que nous prenons exclusivement au marché de La Baule. C’est une exclusivité propre au marché de La Baule. Ensuite, nous nous sommes inspirés de ce que l’on appelait le droit de fournage au Moyen Âge. C’est un peu l’équivalent du droit de bouchon en restauration. Comme dans les anciennes crêperies en Bretagne, les gens vont chercher trois ingrédients déjà préparés au marché et nous les cuisons sur une magnifique galette au beurre. Théo Dugast : Le Barapom existe depuis 22 ans et tout le monde connaît l’histoire de cette entreprise artisanale qui est devenue une aventure entrepreneuriale. D’abord, on prend le temps de faire les choses, parce que l’on veut toujours faire bien. J’ai beaucoup travaillé sur notre implantation au marché de La Baule. Avec mes parents, Loïc et Anne, nous travaillons sur la transition du groupe. Nous avons mis en place de nouveaux postes, avec une responsable des ressources humaines et un superviseur opérationnel, nous travaillons sur l’évolution interne et nous pouvons nous développer sereinement. On marche beaucoup à l’intuition, au regard et à la confiance. Maintenant, on essaie d’avoir des processus simples et limpides pour les nouveaux collaborateurs. On vend du bonheur, donc il faut que les collaborateurs soient heureux et véhiculent de la bonne humeur. Nous avons aussi des parcours de compétences en interne. Je fais du design, c’est ma formation initiale, et c’est ce qui m’a permis de faire, par exemple, la modélisation du stand. Comment veillez-vous à la qualité des produits au fur et à mesure que vous vous développez ? Nous travaillons toujours avec quelques acteurs privilégiés qui sont maintenant nos partenaires. Par exemple, pour le cidre, on travaille avec La Ruaudaie, Jean-Paul fait notre cidre artisanal depuis 20 ans. Nous avons aussi notre propre cidre que nous faisons avec lui. C’est un partenariat fort. Nous avons conçu notre nouvelle carte qui présente tous les produits locaux. Le chocolat noisette est fait maison, sans huile de palme, et il est réalisé à notre fabrique de Batz-sur-Mer. Le caramel est aussi fait maison. La laiterie du Grand Clos nous accompagne sur la crémerie. Ils nous accompagnent aussi sur
la baule+ Août 2024 | 3 La Ville de La Baule a entamé la procédure de concertation pour la révision du Site patrimonial remarquable (SPR). Danielle Rival, adjointe au maire en charge de l’urbanisme et du patrimoine, rappelle : « La révision du SPR est une procédure de nature assez longue déjà engagée à La Baule en 2018 sous l’égide de l’ancienne équipe municipale. Toutefois, comme chacun s’en souvient, en mars 2020, la crise sanitaire de la Covid s’est invitée au calendrier de la procédure, occasionnant un retard de près de deux ans en raison du report des élections municipales et de la suspension de l’avancée des études durant cette période, car celles-ci nécessitaient un travail de terrain et des réunions en présentiel qui ne pouvaient avoir lieu en période de confinement. » Cette procédure n’est pas nouvelle puisqu’elle existe depuis 2006, mais à travers plusieurs noms différents, comme ZPPAUP (Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager), puis AVAP en 2013 (Aire de Valorisation de l’architecture et du Patrimoine) et aujourd’hui SPR (Site Patrimonial Remarquable). Danielle Rival explique : « Le périmètre du SPR couvre 391 hectares, soit environ 18% du territoire, et regroupe plus de 6 870 immeubles et villas et plus de 70 000 arbres. Les objectifs qui ont prévalu à l’engagement de cette révision portent principalement sur la nécessité de « remettre » à plat la pertinence des classements catégoriels des villas réparties en 1re, 2e, 3e catégorie, l’inventaire initial réalisé en 2004 / 2005 nécessitant d’être réexaminé sur des critères objectifs et partagés, un renforcement de la protection du couvert végétal et la maîtrise du phénomène de densification, et la volonté d’améliorer et de clarifier l’écriture règlementaire pour permettre à la fois de protéger le patrimoine bâti et paysager, tout en permettant d’améliorer le confort des villas et rendre possible des extensions afin de répondre le mieux possible aux attentes des propriétaires, désireux de s’installer à l’année ou tout simplement d’optimiser le confort d’une villa afin de pouvoir s’y maintenir et la conserver. » Il est par ailleurs précisé que « le nouveau statut du SPR conduit à devoir recourir à une nouvelle légende commune à tous ces secteurs, laquelle repose sur le principe binaire qu’un bien est protégé ou non, que ce soit partiellement ou dans sa totalité. Le règlement s’attache donc à définir et orienter les conditions de protection et d’évolution de ce bâti en prenant en compte sa forme, son style architectural régional, balnéaire ou contemporain, ainsi que sa qualité d’insertion dans son environnement immédiat. » Danielle Rival ajoute : « Ces nouveaux critères nous ont ainsi amenés à passer en revue, en présence systématique de l’ABF, chacune des villas pour statuer sur leur intérêt architectural intrinsèque et définir ensemble, de manière collégiale, les moyens de conservation et les possibilités d’évolution qui leur seraient offertes. » Les styles retenus sont néo-gothique, anglo-normand, Art déco, contemporain, international californien, néo-provençal – méditerranéen, néocolonial et Art nouveau. Ainsi, ce classement par types permet de déterminer les caractéristiques architecturales qui permettront d’assurer l’accompagnement des projets (entretien, modifications, extensions) par un règlement adapté. La Baule : lancement de la révision du SPR (Site Patrimonial Remarquable)
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la baule+ Août 2024 | 5 Comment faire resplendir une belle photographie, une photo souvenir, une toile, ou même un objet ? Depuis une trentaine d’années, l’enseigne Cadréa s’est imposée comme l’adresse de référence pour le sur-mesure. L’exercice pourrait sembler simple, à savoir encadrer une œuvre avec des baguettes, mais en réalité tout est plus subtil, puisque l’art consiste à sélectionner l’encadrement qui mettra vraiment en valeur le sujet. Jean-François, responsable du magasin de Guérande, est accompagné d’une équipe d’encadreurs professionnels : «Notre cheffe d’atelier est aussi artiste et illustratrice, donc elle a un œil particulièrement affiné, et notre encadreur a plus de 20 ans de métier ! D’ailleurs, il suffit de lire les avis sur Google pour constater que les gens sont ravis. » Jean-François a le sens du beau et de l’esthétique, et il aime guider les clients dans leur choix : « On commence par interroger la personne sur son intérieur, sa personnalité, et on réfléchit en fonction du sujet qui est proposé. » Autre leitmotiv : ne rien s’interdire. Ainsi, « on peut avoir une illustration très contemporaine et l’encadrer avec des moulures très anciennes et très baroques, comme l’inverse. Tout est possible, tout dépend de son intérieur. » Des encadrements qui dureront toute la vie L’autre force de Cadréa, c’est le très grand choix de baguettes: « Nous n’avons aucune limite. Le plus grand format réalisé à ce jour sur Guérande est de 2,52 m par 1,15 m. On peut aller au-delà, comme à l’inverse travailler sur un petit format de Vos envies créatives n’ont plus de contraintes grâce à Cadréa 10 × 10 cm ». Cadréa est aussi l’adresse recherchée par ceux qui souhaitent encadrer des objets ou des pièces de collection : « Cela s’appelle des vitrines. Nous avons déjà encadré un carré Hermès, un maillot de football ou une combinaison de Formule 1. Il n’y a pas de limites. » Les meilleurs matériaux sont ainsi proposés afin de présenter des encadrements qui dureront toute la vie. Nous mettons en avant les artistes locaux L’enseigne entend également jouer un rôle dans le développement de la culture artistique, en encourageant les créateurs locaux à travers la Galerie des artistes : « Nous mettons en avant les artistes locaux dans un espace dédié et l’exposition change à peu près tous les deux mois. » En ce moment, Cadréa Guérande met en valeur l’artiste baulois Nicolas Peyron et la photographe Maud Bernos. Jean-François est fier de contribuer ainsi à promouvoir des artistes locaux : « Nous exposons gracieusement des artistes professionnels, nous proposons évidemment les encadrements adéquats. » L’exposition temporaire est complémentaire du fameux bar à images qui permet de choisir entre des milliers d’illustrations, tableaux et photographies. En effet, plus de 20 000 sujets sont proposés, que ce soient des tableaux ou des reproductions des plus grands peintres et photographes. Cadréa, 10, rue de la Briquerie, Zone de Villejames, à Guérande. Tél. : 02 40 24 82 07.
la baule+ 6 | Août 2024 La Baule+ : On oublie souvent que pour juger un fait d’actualité, il faut prendre du recul et se plonger dans l’histoire… André Larané : C’est notre vocation d’historiens depuis 25 ans : mieux comprendre le monde qui nous entoure et les directions vers lesquelles nous allons, en nous tournant vers le passé et en survolant le long terme. C’est ce que nous venons de faire avec la guerre en Ukraine. Depuis deux ans, nous sommes inondés d’informations ponctuelles, sur les opérations militaires, sur les déclarations intempestives des uns et des autres, mais tout cela ne nous aide pas à comprendre le sens de ces événements qui vont s’inscrire dans l’histoire longue. C’est en nous penchant vers l’histoire passée que nous arrivons à mieux saisir les tenants et les aboutissants de ce conflit qui frappe l’Europe. Est-ce une forme de désinformation que de cacher l’histoire ? Non. Simplement, cela nous induit en erreur par manque de réflexion. L’historien essaie de réfléchir sur le long terme, en se démarquant de l’immédiateté et de l’information du jour. Dans ce livre, nous avons fait en sorte d’oublier les informations ponctuelles et les dépêches des agences, pour analyser le sens profond des forces en présence sur le très long terme. En effet, nous abordons l’histoire depuis l’origine de l’Europe : c’està-dire un millénaire. Votre ouvrage permet de comprendre que la guerre entre la Russie et l’Ukraine n’a pas commencé en 2022, mais en 2014… C’est une première chose importante. 2022, c’est l’accélération, c’est un événement ponctuel dans un conflit qui dure depuis au moins 2014. Les prémices de ce conflit s’observent en 2008, quand il y a une rupture entre Moscou et l’Occident. Jusque-là, Poutine était très populaire, y compris en Occident. Il succède à Boris Eltsine le 31 décembre 1999. Eltsine avait conduit l’indépendance de la Russie, mais il était arrivé au bout du rouleau. Il était alcoolique au dernier degré, fatigué, et son pays était au dernier stade de la vie. La Russie était au bord de l’éclatement et de l’effondrement complet. Il remet les clés du pouvoir à un inconnu, Vladimir Poutine, chef des services secrets, qui redresse très vite le pays avec une main de fer. En 2001, Vladimir Poutine se présente devant le Bundestag, en Allemagne, et il est ovationné par les députés allemands. Il exprime son souhait de développer la coopération entre l’Europe et la Russie sans pour autant altérer les bonnes relations entre l’Europe et les États-Unis. Les Allemands ne trouvent que des bénéfices à tirer de cela. Ensuite, c’est la décennie heureuse pour la Russie. La Russie sort du cauchemar des années Eltsine et se redresse spectaculairement. Ce redressement s’observe dans l’évolution de l’indicateur de fécondité, qui passe de 1,2 à 1,7 en quelques années, ce qui est le signe d’une bonne santé du pays. Tout cela va être gâché pour différentes raisons… Il fallait briser les reins de la Russie en la détachant de sa petite sœur l’Ukraine Parce que les Américains ont vu d’un très mauvais œil cet éventuel rapprochement entre la Russie et l’Europe… Dès le début, dans les cercles du pouvoir aux États-Unis, il y a des conseillers, comme Brezinski, qui souhaitaient vassaliser l’Europe et qui, en même temps, craignaient la Russie, à tort ou à raison. La thèse de Brezinski, c’est qu’il fallait briser les reins de la Russie en la détachant de sa petite sœur l’Ukraine. Ainsi, la Russie n’aurait plus de ressorts. On est en 2000, au moment où Poutine accède au pouvoir. La Russie n’était pas encore en rivalité avec la Chine. À l’époque, la Chine faisait figure de nain politique économique. Les États-Unis n’ont pas encore découvert et exploité leur gaz et leur pétrole de schiste. Donc, ils sont très demandeurs de ressources en hydrocarbures. Or, c’est la Russie qui possède ces ressources. En 2003, ils vont tenter de convaincre un oligarque russe de céder ses actifs à Exxon, c’est-àdire quasiment toutes les réserves de gaz de la Russie. Poutine ne voit pas la chose d’un bon œil. Il fait incarcérer l’oligarque pendant quelques années, pour le ramener à la raison, et les réserves d’hydrocarbures restent à la Russie. Quelques années plus tard, en 2008, le contexte change complètement au moment des Jeux de Pékin. La Chine se révèle dans toute sa grandeur et toute sa puissance. On découvre un nouveau rival de l’Occident et les États-Unis comprennent qu’il y aura une confrontation avec la Chine. Au même moment, ils exploitent le gaz de schiste. Ils se disent qu’ils n’ont plus autant besoin des hydrocarbures russes et ils décident de briser la relation privilégiée qui s’est installée entre la Russie et l’Europe, plus particulièrement l’Allemagne. L’industrie allemande bénéficie des hydrocarbures russes à bas prix et en abondance. Les hydrocarbures russes Histoire ► Les causes politiques de la guerre en Ukraine André Larané : « Il n’y aura pas de victoire, ni du côté de la Russie, ni du côté de l’Ukraine, ni du côté de l’Europe. » L’historien et journaliste André Larané est le fondateur du site Herodote.net, premier site francophone consacré à l’histoire, avec plus d’un million de visiteurs chaque mois. Dans son nouveau livre, André Larané raconte le drame en trois actes (1991, 2000, 2014) qui a mené de l’éclatement de l’URSS à la guerre enUkraine. Comme dans une tragédie classique, nous découvrons des acteurs mus par des ressorts irrépressibles et entraînés vers un conflit devenu inéluctable. Cette crise provoque un bouleversement du monde, avec une Europe réduite à quémander la protection du Pentagone et en passe de sortir de l’Histoire, face au reste du monde, soit sept milliards d’humains, divisé entre plusieurs impérialismes (Chine, Russie, Inde, Turquie, Iran...) mais uni dans une commune défiance à l’égard de l’Occident. « Les causes politiques de la guerre en Ukraine. » d’André Larané est publié aux Éditions Herodote.net.
la baule+ Août 2024 | 7 étaient à l’Allemagne ce que le nucléaire était à la France, c’est-à-dire un atout en or. Le contexte change. Les États-Unis se préparent à une confrontation avec la Chine et ils se disent aussi qu’il est temps de neutraliser l’Europe, afin qu’elle soit bien alignée sur Washington, en brisant cette alliance avec la Russie. En 2008, l’année commence par une réunion de l’OTAN. Poutine est invité et il comprend que l’Ukraine et la Georgie, deux pays mitoyens, sont invités à rejoindre l’OTAN. Poutine prend assez mal la chose. Il est indigné, d’autant plus qu’il s’était jusque-là comporté en loyal partenaire des États-Unis, notamment en leur portant assistance en Afghanistan. Il avertit les États-Unis que ce serait un mauvais geste que d’intégrer des États très proches dans l’OTAN. C’est comme si la Chine et le Mexique concluaient un accord par lequel le Mexique aurait offert à la Chine une base militaire sur le Rio Grande ! L’Ukraine est un pays souverain et l’on entend souvent le fait qu’elle devrait être libre d’accueillir des missiles de l’OTAN. Mais Cuba était aussi un pays souverain et il y a eu un accord pour que, justement, il ne puisse pas y avoir de missiles russes sur le sol cubain… Bien sûr, c’est ce que l’on appelle le réalisme politique. Un pays doit compter avec son environnement, mais le Mexique ne peut pas oublier qu’il est voisin des États-Unis. De même, Cuba a compris très vite qu’il ne pouvait pas tout faire en 1962. Cuba ne pouvait pas se prêter à une opération guerrière entre l’URSS et les États-Unis. De la même façon, on peut difficilement imaginer que l’Ukraine, notamment la Crimée, une province russe annexée à l’Ukraine en 1954, accueille sur le port de Sébastopol des navires de guerre américains qui menaceraient Moscou à moins de 2000 kilomètres. Il y a trois perdants : l’Europe, l’Ukraine et la Russie Vous expliquez aussi que la situation actuelle ne préoccupe pas les États-Unis, alors qu’elle ne fait qu’affaiblir la Russie et l’Europe… Il y a trois perdants : l’Europe, l’Ukraine et la Russie. C’est terrible pour l’Ukraine et ce pays sera le grand perdant de ce drame. L’agression russe a eu lieu le 24 février 2022 et, dès début mars, les Ukrainiens et les Russes se sont réunis pour mener des négociations en vue d’un cessezle-feu. Il y avait un projet de cessez-le-feu le 10 avril 2022, parce que personne ne voulait s’épuiser dans une guerre d’attrition qui risque de durer. Ils savaient l’un et l’autre que personne n’avait les ressources démographiques et matérielles pour une guerre longue. Quoi qu’il advienne, il n’y aura pas de victoire, ni du côté de la Russie, ni du côté de l’Ukraine, ni du côté de l’Europe. Les seuls qui s’en sortiront, ce sont les États-Unis, parce qu’ils ont la chance d’avoir des océans qui les séparent des affres du monde. En conclusion, vous nous faites comprendre que les États-Unis ont intérêt à ce que le conflit s’enfonce, puisque cela affaiblit tout le monde. Et ils continuent d’être de plus en plus forts… Oui, mais ce que je voudrais espérer, c’est qu’il y ait de fortes personnalités en Europe pour proposer un cessez-le-feu sur les bases des accords de Minsk ou des accords de Turquie de mars 2022. Ce serait la seule solution qui permettrait à chacun de sortir la tête haute de ce conflit, en minimisant les pertes respectives. Il faut toujours respecter les impératifs géopolitiques de chacun. On ne peut pas violer les autres de façon délibérée sans que cela entraîne des conséquences lourdes. Propos recueillis par Yannick Urrien. GUÉRANDE : au coeur des marais-salants à Saillé PORNICHET : Place du marché 02 40 15 00 30 En Bretagne, on n’a pas beaucoup de montagnes, mais on a une bonne descente ! Magasins de produits régionaux sur la presqu’île de Guérande depuis 1992 L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
la baule+ 8 | Août 2024 Une Guérandaise représente la France dans un congrès de l’UNESCO en Inde La Guérandaise Hélène Quintin, fondatrice de la start-up Keru, a été invitée en Inde pour participer au Forum des Jeunes Professionnels du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle a été sélectionnée afin de représenter la France dans ce congrès, qui a rassemblé une trentaine de jeunes venus du monde entier : « Keru est spécialisée dans la création de souvenirs digitaux pour les sites culturels et touristiques. C’est un moyen innovant de promouvoir notre patrimoine, notamment sur les réseaux sociaux. L’objectif de ce colloque était de montrer la richesse de notre patrimoine mondial, parce que c’est ce qui nous unit tous, donc nous devons trouver des solutions pour le promouvoir et le protéger. Avec 30 personnes en provenance du monde entier, de l’Alaska à la Papouasie Nouvelle-Guinée, en passant par l’Arabie Saoudite, la Corée du Sud ou le Japon, nous avons échangé sur ce sujet du patrimoine mondial, tout en ayant la chance de visiter de merveilleux sites en Inde, comme le Taj Mahal. Nous sommes tous très différents, avec des cultures très différentes, et nous avons tous pour objectif de trouver des solutions innovantes pour entretenir le patrimoine. » Protéger et promouvoir notre patrimoine Hélène constate une prise de conscience de la jeunesse pour préserver le patrimoine: « Quand on La Ville de Guérande a reçu sa première abeille attribuée par l’Union nationale de l’apiculture française (UNAF) dans le cadre du label APIcité. Cette distinction vise à valoriser les démarches entreprises par la commune dans le cadre de la protection de l’abeille et plus globalement de la biodiversité et de notre environnement. Gwenaëlle Morvan, conseillère subdéléguée à la nature en ville et dans les villages, souligne : « C’est la récompense de tout un travail du service espace verts, de fauche raisonnée et de gestion différenciée des espaces verts. On coupe l’herbe et on la laisse sur place. Au-delà, c’est surtout un plaidoyer pour les abeilles. Il existe plus de 970 espèces d’abeilles en France et elles ont toutes une grande importance. Les insectes pollinisateurs fécondent 75 % des végétaux que l’on consomme et 90 % des plantes sauvages. C’est un service qui représente plusieurs milliards d’euros. C’est aussi une façon d’attirer l’attention car, que l’on ait un jardin ou un balcon, on peut faire quelque chose. » On n’appelle pas cela des mauvaises herbes mais des herbes folles Gwenaëlle Morvan livre quelques conseils aux Guérandais : « Sur son terrain, il faut faire attention, réduire la fréquence des tontes, ne pas utiliser de pesticides, et planter des fleurs locales. Quand on voit le bord des chemins ou les pieds de murs, certaines personnes disent que c’est sale, or on n’appelle pas cela des mauvaises herbes mais des herbes folles, et elles ont toutes leur utilité. » APIcité décerne une première abeille à Guérande parle de patrimoine, cela a parfois une connotation négative, alors que, lorsque l’on prend un peu de recul, c’est finalement ce qui nous unit. À Guérande, nous avons les marais salants et les remparts. Avec tous les challenges que nous avons aujourd’hui, comme le changement climatique, nous devons trouver des solutions pour protéger et promouvoir notre patrimoine. » C’est la raison pour laquelle elle a créé Keru : « L’idée vient d’un voyage en Amérique du Sud, après avoir visité un site maya au Guatemala. À la fin de la visite, il y avait beaucoup de produits fabriqués en Chine... Grâce à la technologie de la blockchain, on peut avoir des souvenirs digitaux, donc c’est une manière de promouvoir le patrimoine tout en apportant une source de financement direct du lieu que l’on vient de visiter. Les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle peuvent contribuer à promouvoir notre patrimoine pour rappeler que c’est ce qui nous unit. » Aujourd’hui, Keru, dont le siège est à Guérande, se développe et Hélène ne manque pas de projets : « Je voudrais remercier la ville de Guérande qui a été notre premier partenaire. Maintenant, nous travaillons avec le musée d’Orsay et le musée de Chantilly. Nous sommes dans une phase d’expansion et nous avons déjà une équipe de huit personnes. »
la baule+ Août 2024 | 9 Le Yacht Club de La Baule est le lieu de rendez-vous des marins et des amoureux de la mer. Le président, Dominique Molette, annonce que 2024 est une année de records, avec de nombreuses manifestations, dont certaines très prestigieuses. Par exemple, précise-t-il, « nous avons fait un grand chelem avec 120 bateaux, 300 concurrents et dix nations avec quelques épreuves notables. Nous avons reçu aussi les grandes écoles françaises, il y a eu les Derbys Dragons, avec six nations, puis un hommage aux JO et, cerise sur le gâteau, les Ocean Fifty. C’était impensable il y a quelques années et on l’a fait, grâce à Sébastien Rogues. Ils étaient dix et on a passé quatre jours extraordinaires. Entre temps, il y a eu la soirée blanche, un grand moment de partage. Nous avons été en Espagne avec cinq bateaux du club et nous préparons les voiles de légendes entre le 7 et le 11 août. Le dernier trimestre sera consacré à nos jeunes.» Le Yacht Club reste une institution à La Baule : « La vie du Yacht Club et celle de La Baule, c’est une une sorte de parallèle, de bonheur et de pratique sportive. Je m’inspire toujours de notre slogan : les talents s’affrontent en mer et l’art de vivre se partage à terre. Tout cela exprime totalement la façon dont vit le Yacht Club, beaucoup de sportivité, beaucoup de talents nationaux et internationaux, et un esprit de famille. Je rappelle que dans l’organisation, il y a des gens qui sont totalement bénévoles et qui ont la faculté d’avoir le don de soi. » Le Yacht Club a parfois une image élitiste. Dominique Molette explique : « S’il est élitiste, c’est parce qu’il choisit ce qu’il a envie d’être et, s’il est privé, c’est en raison d’une nécessité d’organisation, mais c’est aussi la nature d’un club. Les yacht clubs sont toujours des clubs privés, mais ce n’est pas pour cette raison qu’ils sont fermés à l’extérieur et isolés comme des espaces impénétrables. Il y a une ouverture. Nous avons des concurrents qui viennent du monde entier et des amis qui viennent du monde entier, mais nous conservons nos valeurs et notre culture. » 2024 : l’année des records pour le Yacht Club de La Baule Daniel Galas, en charge de l’accueil des VIP, Dominique Molette, président, et Daniel Dahéron, trésorier. Contactez-nous pour votre publicité : la baule+ Fabienne : 06 08 80 39 55 fabienne@labauleplus.com Rozenn: 06 13 55 11 55 rozenn@labauleplus.com Plusieurs communes de la presqu’île lancent un appel à la vigilance face aux divers démarchages à domicile, notamment pour des diagnostics de capricornes, des bilans énergétiques, ou pose de panneaux photovoltaïques... En cas de doute, vous pouvez contacter l’entreprise ou le service public soi-disant concerné. Par ailleurs, il est recommandé de ne pas faire entrer les personnes chez soi, encore moins de les laisser sans surveillance. En aucun cas, il ne faut remettre sa carte bleue ni ses coordonnées bancaires. Les agents du commissariat de La Baule restent disponibles pour tout signalement, et, le cas échéant, peuvent mobiliser leurs moyens pour réaliser des contrôles. Commissariat de La Baule : 02 52 41 08 45 Démarchages à domicile : appel à la vigilance
la baule+ 10 | Août 2024 Multirex : la solution efficace et économique pour entretenir sa toiture Avec les intempéries et le record de pluviométrie enregistré ces derniers mois, les toitures de la presqu’île ont beaucoup souffert. En effet, la pluie crée une humidité qui stagne, reste présente, et l’on se retrouve avec des lichens et des mousses épaisses qui abîment très rapidement les ardoises ou les tuiles. En période de gel, cela peut même entraîner des fissures. Face à cela, si l’on veut préserver sa toiture et éviter l’obligation de changer ses tuiles ou ses ardoises, il est indispensable de la traiter en amont. C’est une entreprise basée à Guérande, Multirex, qui est leader dans ce domaine à travers l’invention du PowerJet et de produits de démoussage comme Stop dépôts verts. Multirex est reconnue pour la qualité de ses produits La pluie a fait le bonheur de Multirex, qui a été confrontée à une très forte demande au printemps dernier, au point que l’entreprise a fait l’objet d’une rupture de stock en avril : « Tout est rentré dans l’ordre et nous pouvons servir nos clients normalement. Mais lorsqu’il a plu pendant plusieurs mois, nous avons reçu une avalanche de commandes émanant de toute la France » souligne Franck Labbé. C’est javel, ce qui implique qu’il ne blanchit pas les surfaces. Il n’y a donc aucun risque de corrosion ou de décoloration. Vous n’imagineriez pas laver une tache difficile sur un vêtement avec de la javel ! Elle disparaîtrait rapidement, certes, mais à quel prix ! Pour une toiture, c’est finalement la même chose. Pouvoir réaliser cette opération soi-même Démousser sa toiture peut représenter une dépense de plusieurs milliers d’euros lorsque l’on fait intervenir un artisan. La force de Multirex, c’est surtout de pouvoir réaliser cette opération soi-même. Le PowerJet permet de projeter un anti-mousse à plus de 10 mètres de hauteur. Il est équipé d’une batterie d’une durée de cinq heures et d’un tuyau de 6,50 mètres, avec un récipient d’une capacité de 10 litres. Il suffit de faire le tour de sa maison en projetant le liquide sur le toit pour obtenir une toiture en parfait état. L’achat est rentabilisé dès la première utilisation. Multirex propose aussi un fluide anti-pluie et antisalissure, destiné aux vitres, sanitaires, bateaux et automobiles. De nombreux supports peuvent être traités sans prendre le risque qu’ils soient endommagés. Multirex : Parc d’activités de Villejames. 17, rue de la Grenouille verte (derrière le Leclerc de Guérande). 44352. Guérande. Tél. 02 40 01 02 03. Site : www.pulvirex.fr aussi le signe que Multirex est reconnue pour la qualité de ses produits. Eviter les solutions bâclées de type Karcher ou eau de javel Concrètement, il est recommandé d’entretenir sa toiture tous les trois à quatre ans, sauf en cas d’intempéries fortes : «Ceux qui ont appliqué le produit il y a deux ans ont voulu refaire l’opération cette année par précaution… » L’été est la période idéale pour appliquer le produit car, à partir d’octobre, avec le retour des intempéries, la pluie va nettoyer les supports, et la toiture sera ensuite en parfait état. Franck Labbé au siège de Multirex à Guérande En effet, pour ne pas abîmer sa toiture, il vaut mieux vaut éviter les solutions bâclées de type Karcher ou eau de javel. Or, l’anti-mousse de Multirex est dépourvu de chlore ou de Pour sa troisième édition, le budget participatif de la Ville de Guérande a rencontré un franc succès. Du 15 mai au 28 juin, plus de 1 000 Guérandais ont participé au vote pour départager les 6 projets retenus. Au terme de cette période, c’est le projet « La Maison de Careil » qui récolte le plus grand nombre de voix et remporte donc cette édition 2024. Plus de 1 000 résidents de Guérande ont pris part à ce processus de décision collective, exprimant leur volonté à travers des votes en personne et en ligne. Avec 607 voix, « La Maison de Careil » s’est clairement distinguée parmi les six projets finalistes, surpassant des initiatives variées allant de la lutte contre le frelon asiatique à l’aménagement d’aires de jeux pour enfants. Le projet victorieux, porté par l’association « Le Rocher de Careil », envisage l’extension de la Maison de Careil, une salle municipale qui deviendra un espace de vie associatif accru pour les habitants de la localité et les associations locales, dont Les Amis de Careil et Yoga pour tous Guérande. Ce projet d’un coût estimé à 100 000 euros ambitionne de renforcer le tissu communautaire et de répondre aux besoins de convivialité des associations et des résidents du secteur. La Maison de Careil remporte le budget participatif 2024 à Guérande
la baule+ Août 2024 | 11 L’équipe de l’Office de tourisme de Pornichet souhaite aller à la rencontre des visiteurs sur les lieux fréquentés de la commune, comme le quartier de la gare, les plages, le quartier de Sainte-Marguerite, le port, ou les aires de jeux. Ainsi, l’Office de tourisme vient de s’équiper d’une trottinette électrique. Christophe Gavet, directeur de l’Office de tourisme, explique sa démarche: « Nous avons opté pour un véhicule adapté à notre commune et respectueux de l’environnement avec une trottinette électrique munie d’une malle disposant de toute la documentation utile. L’équipe de l’Office de tourisme de Pornichet sillonne la ville en trottinette électrique TrOTI de son petit nom (Trottinette Office de Tourisme Itinérant), va sillonner les rues de la ville pour aller à la rencontre des visiteurs et les informer. Une façon sympa et décontractée de renseigner sur les pépites de Pornichet ! » ChristopheGavet ajoute: «C’est la tendance aujourd’hui, sur une destination touristique, seulement 20 à 30 % de la clientèle franchit la porte d’un Office de tourisme et il faut donc s’occuper de la majorité des gens qui ne viennent pas. C’est à nous de faire cet effort, pour aller à leur rencontre, leur demander si tout se passe bien sur leur lieu de séjour, et leur proposer des activités ou des conseils. » Notons que la demande est toujours plus importante malgré le nombre d’informations que l’on peut trouver sur Internet : « Souvent, ce sont des demandes sur les animations, il y a tellement d’informations sur les réseaux sociaux et les sites que les gens ne les retiennent plus. Donc, il est important d’aller au contact des visiteurs. Par ailleurs, les gens trouvent facilement l’information sur Internet, mais, lorsqu’ils franchissent la porte de l’Office de tourisme, c’est parce qu’ils ont besoin d’un vrai conseil, très engagé. Ils ont envie de parler à quelqu’un. »
la baule+ 12 | Août 2024 La Baule+ : Tout commence par une éducation chez les jésuites… Yves Treguer : C’était une éducation très stricte, à Metz. C’était quelque chose de difficile à vivre pour un enfant. Mais on m’a appris la rigueur, le sens du travail, et le sens du devoir. Vous avez aussi vécu une expérience dans un kibboutz... C’était par faute d’argent. En 1966, avec quelques amis, nous avons décidé de faire tout le Moyen-Orient en stop, depuis Beyrouth, en traversant la Syrie et la Jordanie. Nous avions calculé notre budget et nous sommes passés de Jordanie en Israël. Nous avons dû travailler dans un kibboutz à Eilat. C’était tout à fait charmant à l’époque. Cela vous a donné aussi le sentiment d’un immense gâchis dans cette région du monde, par exemple lorsque vous avez vu comment les Israéliens ont su cultiver cette terre… Exactement. Quand on voit les images de la pisciculture à Eilat, ils en ont fait quelque chose de merveilleux. Au début, il n’y avait rien, c’était parfaitement délabré. On ne peut que déplorer cette guerre sans fin dont on ne voit pas l’issue. Parcours ► Le créateur de la thalasso de La Baule a notamment côtoyé le prince Rainier, Karl Lagerfeld et Donald Trump... Yves Treguer : « Si vous manquez d’iode, vous ne grandissez pas, vous pouvez même devenir un peu abruti. » Le docteur Yves Treguer est une personnalité bauloise. Il y a plus de quarante ans, il a participé à la création des centres de thalassothérapie de La Baule et de Monte Carlo. Il vient de publier ses mémoires dans un ouvrage intitulé « Il n’y a pas que les chats ». Pourquoi ce titre ? Yves Treguer explique: «J’ai eu plusieurs vies et l’on dit que les chats ont eu plusieurs vies. » « Il n’y a pas que les chats…» d’Yves Treguer est publié aux Éditions La Mouette. Ensuite, vous évoquez mai 68, tout en étant discret sur vos opinions politiques… Ce n’était pas réellement de la politique. En médecine, nous nous révoltions contre les mandarins qui dictaient les affaires. Actuellement, les étudiants en médecine sont aussi un peu révoltés de ce qui se passe, avec un très faible nombre de médecins qui sont formés, et les résultats aux examens sont difficiles. Je regrette que l’État soit un État comptable, et non pas un État responsable. On fait parler les chiffres, mais comme la santé est un bien primordial, il faut parfois savoir délier les bourses pour que les Français soient mieux soignés. En fait, vous arrivez à La Baule presque par hasard… J’avais fait le tour des propositions avec mon diplôme en poche. Mais comme j’étais un amoureux de la mer, je cherchais à m’installer près de l’océan. Un collègue me dit qu’une clinique venait de s’ouvrir et que l’on cherchait un cardiologue à La Baule. J’arrive en pleine canicule de 1976. C’était merveilleux. Les plages étaient vides, la mer était chaude, le soleil était au rendez-vous et la polyclinique de la forêt était flambant neuve. J’ai été déçu l’année suivante, car il y a eu beaucoup de pluie. Mais l’amour de la mer est plus fort que tout... Lucien Barrière opte pour l’orientation cardiologique du centre Vous rencontrez les dirigeants du groupe Lucien Barrière pour créer la thalassothérapie… Yves Le Naour, directeur général du groupe Barrière à l’époque, apprend que je suis en train de créer un centre de réadaptation cardiaque dans un centre de thalassothérapie à Bénodet. J’étais déjà président du Cardio club de l’Ouest et notre objectif était de développer des moyens de prévention. Le hasard a voulu que ce centre se fasse dans un centre de thalassothérapie qui avait fermé ses portes parce qu’il était mal géré. Un mois plus tard, je rencontre à Cannes Lucien Barrière, qui opte pour l’orientation cardiologique du centre et il m’en confie la responsabilité. Vous plaidez beaucoup pour les bienfaits de la thalassothérapie et de l’eau de mer… Tout à fait. Les eaux de mer sont une véritable richesse en oligoéléments et tous les scientifiques s’accordent à reconnaître la potentialité de ces eaux de mer de Guérande. J’ai d’ailleurs publié un recueil sur ce sujet. Si vous manquez d’iode, vous ne grandissez pas, vous pouvez même devenir un peu abruti. Un moment, on a étudié les débiles. Dans les Alpes, il y avait des vallées où il n’y avait pas un gramme d’iode, puisqu’à l’époque les fruits de mer n’arrivaient pas là-bas. C’était une carence mondiale. On s’est aperçu que c’était dû au manque d’iode qui est important pour faire fonctionner le cerveau et beaucoup d’hormones. Il y a ensuite votre rencontre avec le prince Rainier à La Baule… D’abord, la princesse Caroline est venue à La Baule. Elle a été ravie et elle est revenue l’année suivante avec son père. Ils étaient enchantés par les soins que nous proposions. La seconde année, il a fait un accident cardiaque, suffisamment grave pour qu’il doive rester sur place. Donc, le prince est resté à La Baule. En plus, il ne voulait pas retourner à Monaco, pour ne pas affoler la principauté. Mon job était de le maintenir en état : une responsabilité énorme pour moi, parce que s’il y avait eu un élément particulier, cela n’aurait pas été une bonne publicité… L’amitié s’est développée entre nous. Nous nous sommes écrit régulièrement et jamais cette amitié n’a été prise en défaut. C’est ce qui vous a amené à travailler à Monaco… Les thermes marins existaient depuis le début du siècle à Monaco et tous les princes se retrouvaient l’hiver à Monaco, mais ce centre a été détruit par un bombardement anglais. Le prince Rainier appréciait les soins de thalassothérapie et il souhaitait voir renaître les thermes marins. Il m’en a donc confié la responsabilité. Ainsi, j’ai alterné ma vie entre Monaco et La Baule. J’ai vraiment un attachement profond à La Baule Pourquoi avez-vous décidé de revenir vivre à La Baule cette année ? J’ai passé sept ans à l’île Maurice. C’est un paradis, mais je reviens à La Baule. Ce n’est peut-être pas le plus bel endroit au monde, mais
la baule+ Août 2024 | 13 c’est là où j’ai vécu pendant quarante ans. J’ai vraiment un attachement profond à La Baule. Revenons à votre carrière. Vous citez Karl Lagerfeld qui a été votre ami… C’était un génie ! J’ai rencontré à Monaco deux hommes exceptionnels : le photographe Helmut Newton et Karl Lagerfeld. Il y a aux ÉtatsUnis une loi fédérale qui interdit d’amener des tuyaux sur le bord de mer Votre seul échec professionnel, c’est aux ÉtatsUnis, où Donald Trump a fait appel à vous pour développer en Floride un centre de thalasso comme à Monaco… Oui, Donald Trump souhaitait faire, dans son château, un centre privé pour ses amis. Il voulait commencer ainsi et ensuite créer des centres de thalassothérapie le long de la côte Est des États-Unis. Malheureusement, ce n’était pas possible car il y a aux ÉtatsUnis une loi fédérale qui interdit d’amener des tuyaux sur le bord de mer, parce qu’ils ont la notion de rejet mais pas la notion de pompage. Nous nous sommes heurtés à cette loi fédérale. À l’époque, il n’était pas président des États-Unis. Tout le long de Palm Beach, il y a de nombreux milliardaires et c’était alors un milliardaire parmi tant d’autres. Vous soulignez que dans toutes vos conversations, vous avez eu affaire à un homme mesuré : « Ce n’est pas du tout la caricature faite par les médias en France… » Tout à fait. J’avais devant moi un homme très intelligent, qui réfléchissait beaucoup. Il avait du caractère, mais ce n’est pas un défaut, et il était aux antipodes de ce que l’on peut écrire sur lui aujourd’hui. Il y a eu des projets, des réussites et des échecs, mais on s’aperçoit que les grandes choses se font souvent par de l’amitié et des relations… Il y a une leçon : tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts. Parallèlement, vous continuez d’exercer comme cardiologue pour le grand public… Oui et je pense que les gens ont toujours été très bien reçus. Le cœur est un muscle qui fonctionne selon des stimuli Qu’est-ce que le cœur ? Est-ce un organe purement mécanique ? Est-il exact que les problèmes de cœur, au sens sentimental, entraînent aussi des problèmes de cœur au sens physique ? Tout à fait. Nous ne sommes pas de purs esprits. Il y a une cascade neuro-hormonale et le cœur est un muscle qui fonctionne selon des stimuli. Vous avez des nerfs qui le ralentissent ou des nerfs qui l’accélèrent. Selon ce qui vous arrive dans votre vie, vous êtes soumis à des stimuli qui accélèrent votre cœur, ou qui le freinent. C’est comme un moteur : si vous accélérez et si vous freinez sans arrêt, il y a des problèmes d’usure. On n’a pas encore inventé le cœur qui ne s’arrête pas. Donc, c’est quelque chose qu’il faut protéger. La cardiologie, c’est avant toute une protection. Christian Cabrol me disait : « Si la prévention était bien faite, je serais au chômage technique. » C’est vrai, si les gens fumaient moins, mangeaient moins, buvaient moins, faisaient un peu plus de sport, il y aurait beaucoup moins de maladies cardiovasculaires. Aujourd’hui, on fait davantage de prévention et c’est ce qui permet une diminution notable des maladies cardiovasculaires dans le monde. Revenons à La Baule. Vous évoquez souvent Olivier Guichard… C’était une figure de notre région. Il a beaucoup fait pour La Baule. Il a eu des faiblesses, comme tout homme, mais cela reste un homme important dans notre région. Grâce à lui, nous sommes encore la région qui a le plus faible taux de chômage. Vous parlez peu des autres élus… Je n’ai pas eu le temps de les rencontrer, dans lamesure où j’étais souvent dans les avions, à droite et à gauche. Donc, je parle peu de ces gens. Vous racontez la gestion de la crise de la Covid à l’île Maurice, en soulignant que c’était catastrophique… L’île Maurice a très mal géré l’épisode Covid. C’était à la façon chinoise et ils étaient partis du principe qu’il fallait zéro Covid, ce qui était impensable, et les résultats étaient vraiment minimes. Les pays qui s’en sont le mieux sortis sont ceux qui ont laissé libre cours à la Covid. Vous précisez que les pays les plus libéraux, ceux qui n’ont pas confiné, n’ont pas subi davantage de morts que ceux qui ont confiné. Au final, ceux qui ont confiné ont simplement 1 000 milliards d’euros de dettes supplémentaires… Exactement. En plus, il était utopique de fermer une île, car il n’y avait plus rien dans les magasins. Il n’y avait plus d’avions et plus de bateaux. Or, à part la canne à sucre, il n’y a aucun élément important de consommation à l’île Maurice. La Baule a beaucoup changé Enfin, comment voyezvous La Baule aujourd’hui ? La Baule a beaucoup changé, notamment par sa population. Il y a un mélange. La Covid aidant, beaucoup de citadins sont venus s’établir à La Baule pour faire du télétravail. D’ailleurs, il y a ce slogan : travailler au pays des vacances. Quand je vais sur le marché de La Baule, je rencontre peu de gens que je connais. Il y a eu un brassage de population énorme. Mais celame plaît. La preuve : je suis là. Propos recueillis par Yannick Urrien.
la baule+ 14 | Août 2024 Santé ► Cancers, hypothyroïdie, baisse du QI, dépression, eczéma, fatigue… Pourquoi l’iode est un élément indispensable La Baule+ : Il règne un double discours autour de l’iode et certains affirment qu’il s’agit d’un élément toxique. Pourtant, selon la croyance populaire, il serait nécessaire de se ressourcer au bord de la mer pour bénéficier de l’air iodé… Vincent Reliquet : À partir des années 50, il y a eu deux parutions de chercheurs américains qui ont taillé une croupière à l’iode, en expliquant que c’était un élément toxique pour la thyroïde. À partir de là, on a vécu une longue traversée du désert complètement insensée, avec des idées de toxicité absolument hors sol qui persistent encore aujourd’hui. Si j’écris un livre sur l’iode alimentaire, c’est précisément parce que j’ai été stupéfait de la profusion de désinformation qui pouvait encore circuler entre le milieu scientifique, médical et la presse grand public. L’iode alimentaire est le sujet de votre ouvrage. D’abord, qu’est-ce que l’iode ? C’est un élément, comme le carbone, le magnésium ou l’oxygène. C’est un élément qui fait partie des halogénés. C’est important, parce que les halogénés ont des propriétés identiques, et il y a notamment l’iode et tous les isotopes. Il y a l’iode que l’on trouve dans les aliments et l’iode que l’on trouve dans les centrales nucléaires. Cela n’a strictement rien à voir. L’un est un iode 127 complètement stable, pas du tout radioactif, qui donne des propriétés formidables, et l’iode 131 est un isotope radioactif qui sert à fabriquer de l’électricité. Donc, il y a un monde... Dans cette série, vous avez des cousins encombrants, notamment le fluor, un perturbateur endocrinien que l’on connaît très bien, le brome, que l’on utilise énormément dans l’industrie, et les chlorures. Il faut comprendre que l’iode est l’élément d’une série qui se ressemble. Quand on n’a pas d’iode dans un organisme, souvent c’est le brome, le fluor et les chlorates qui s’installent à la place. Donc, on voit arriver des toxicités inattendues, des cancérisations qui sont liées au fait que le brome et le fluor ont pris la place de l’iode dans les cellules. Lorsque l’on est en vacances, on s’installe autour d’un plateau de fruits de mer et l’on se dit que tout cela est riche en iode… C’est assez réducteur. Vous avez quelques aliments qui sont assez riches en iode, encore faut-il ne pas les traiter culinairement. Beaucoup de gens ne savent pas que si l’on chauffe un produit très iodé, l’iode va se vaporiser dans l’atmosphère. Tant que vous mangez cru un produit qui concentre l’iode, vous remplissez déjà deux conditions et c’est parfait. Au Japon, il y a des populations qui mangent de l’iode à tous les repas, puisque ce sont des algues, et ce sont des quantités mille fois supérieures à ce que nous consommons en Europe de l’Ouest. Forcément, ils n’ont pas la même santé que nous, et pas le même niveau intellectuel... C’est un peu douloureux à admettre. Il y a des compléments alimentaires que l’on peut trouver sur le marché : comment consommer de l’iode ? D’abord, il faut que nos élites comprennent que l’on a fait fausse route avec l’effet Wolff-Chaikoff, ce fameux effet de toxicité thyroïdienne, dès lors que l’on consomme des produits iodés. C’est faux. Il y a des formes d’iode qui sont toxiques pour la thyroïde, on les connaît parfaitement, c’est ce que l’on appelle l’iode organique. Ce sont des molécules iodées qui peuvent entraîner des complications pour la santé, comme les produits de contraste radiologique, comme l’amiodarone ou la bétadine. Encore une fois, tous ces problèmes de toxicité pulmonaire ou rénale se rencontrent dans des produits moléculaires iodés, mais l’iode ne fait pas partie de ces produits qui entraînent des pathologies thyroïdiennes. Sur le site de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation et de l’environnement, il y a un chapitre sur l’iode. On nous explique comment en consommer, parce qu’il est important de le faire, mais ensuite on aborde les risques pour la santé en cas de déficience et, à l’inverse, les effets indésirables en cas d’excès… C’est la schizophrénie habituelle. Nos élites ont compris qu’une vie sans iode, ou avec très peu d’iode, devenait très rapidement catastrophique pour l’espèce humaine. La carence en iode entraîne des conséquences désespérantes, pas toujours réversibles car, quand vous vivez trop longtemps sans iode, vous accumulez des déficits, je pense surtout au fœtus. Quand une maman a fait neuf mois de grossesse sans iode, son bébé portera définitivement les stigmates de sa carence en iode au moment de son développement. Si la maman avait pris un peu d’algues ou un comprimé tous les matins, le bébé serait nettement plus intelligent, plus grand et avec plus de facultés intellectuelles. C’est affolant. Quand vous prenez un Japonais de base, qui peut manger 500 fois la ration d’iode que l’ANSES préconise, vous comprenez bien qu’il y a un problème. Les Japonais n’ont aucune maladie, voire beaucoup moins que nous, avec parfois même des centenaires. Je démontre qu’il doit y avoir une relation de cause à effet importante entre le cancer du sein et la carence en iode. On m’explique que les cancers du sein sont en augmentation, que c’est le monde moderne, mais les femmes occidentales ont une consommation très faible d’iode. Les femmes ne consomment pas assez d’iode. Il est démontré que quand une femme consomme de l’iode, il y a beaucoup moins de cancers du sein dans les populations. J’accepte que l’on critique mon travail, mais il ne faut pas le négliger, parce que je pense que c’est une piste extraordinaire pour faire baisser très rapidement l’incidence du cancer du sein en Occident. En Occident personne ne mange d’algues, on se retrouve face à des carences plus ou moins gravissimes Comment se consomme l’iode ? On ne se pose pas la question de savoir si l’on a un taux de vitamine C optimal si l’on mange 20 oranges bio tous les jours… Donc, comme personne ne mange 20 oranges bio chaque jour, tout le monde se pose la question de savoir si l’on est en carence chronique ou non. Personne ne se posera la question de savoir si vous avez une carence en iode si vous consommez des algues tous les jours, surtout des algues fraîches. Il ne faut pas s’inquiéter du fait Vincent Reliquet : « La carence en iode entraîne des conséquences désespérantes. » Depuis les années 50, le grand public, mais aussi toute la communauté médicale mondiale, ont été victimes d’une énorme erreur scientifique, régulièrement colportée depuis, qui martèle que l’iode est toxique. Dans son dernier livre, le docteur Vincent Reliquet explique que « cet oligo-élément nous est totalement indispensable à bonne dose, non seulement pour le fonctionnement de la thyroïde, mais aussi pour celui de nos cerveaux, du système cardio-vasculaire, de l’estomac, de la peau, du pancréas, des organes génitaux, et du système immunitaire. » Ancien médecin urgentiste, le docteur Vincent Reliquet exerce aujourd’hui la médecine générale. Il est co-fondateur de l’AIMSIB (Association internationale pour une médecine scientifique indépendante et bienveillante) et il milite notamment contre l’hyperconsommation médicamenteuse. « Les pouvoirs de l’iode » du docteur Vincent Reliquet est publié aux Éditions Guy Trédaniel.
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