la baule + L’essentiel de la presqu’île guérandaise ! Mensuel gratuit d’ informations - N° 233 - Novembre 2023 NE JETEZ PAS CE JOURNAL SUR LA VOIE PUBLIQUE : RAPPORTEZ LA BAULE+ CHEZ VOUS ! Les Remp’Arts : le nouveau semi-gastronomique de Guérande Page 4 BIEN-ÊTRE Magasin de la Literie : une expertise dans la gestion du sommeil Page 3 GASTRONOMIE Comprendre le monde Maxime Gauin BONNES ADRESSES La Tour de Pise s’engage au profit de l’association Les Fourchettes Roses Page 6 Entretien à Bakou : quelques explications sur une guerre dont tout le monde parle mais que peu de gens comprennent Pages 8 à 11 Antisémitisme Elie Chouraqui Israël - Palestine : entretien sur l’actualité avec le scénariste et producteur Pages 14 à 16 Géraldine Danon L’actrice et réalisatrice présente son film « Flo » en hommage à Florence Arthaud Pages 18 à 20 Nos entreprises communiquent L’invité de Yannick Urrien : du lundi au vendredi à 8h15 People Georges-Marc Benamou François Mitterrand le considérait comme son fils, et c’est un amoureux de La Baule ! Page 16 Votre radio locale sur 91,5 FM et en DAB à Nantes McSmart+ sur mcdonalds.fr. Suggestion de présentation. ©2023 The CocaCola Company, Coca-Cola est une marque déposée de The Coca-Cola Company. Uniquement disponible dans les restaurants McDonald’s La Baule et McDonald’s Guérande ŒNOLOGIE Les Chais Saint-François font le point sur les tendances actuelles Page 17
la baule+ 2 // Novembre 2023 En raison de la situation au ProcheOrient et la crainte d’une internationalisation du terrorisme, Franck Louvrier, maire de La Baule, a décidé de mettre en place un plan de sécurisation des établissements scolaires, des espaces culturels et des lieux de culte. Ce plan concerne six écoles maternelles et primaires, le collège Éric Tabarly, et la cité scolaire Grand-Air. Il indique que « tout rassemblement massif de rues n’est pas recommandé sauf dans des enceintes fermées. » Parallèlement, il annonce que les dispositions suivantes sont prises : « l’optimisation de la présence et des passages des forces de l’ordre lors des entrées, sorties et récréation ; la sécurisation des accès par la pose de plots béton pour contrer des voitures béliers ; la communication des plans des locaux et des horaires des entrées, sorties et récréations aux forces de sécurité pour pouvoir faire face à tout acte malveillant potentiel ; la mise en place d’un arbre d’appel pour signaler des faits anormaux. Sur le plus long terme, nous effectuerons les réalisations suivantes : pour ne pas bunkériser nos établissements, la mise en place de clôtures à hauteur d’individu, filtrant ainsi les vues sur l’ensemble du pourtour des cours de récréation ; la neutralisation des accès aux bâtiments pendant les heures scolaires avec la pose de poignées fixes en extérieur et de barres antipaniques en intérieur. Des visiophones peuvent aussi être installés en complément des sonnettes traditionnelles, par exemple, en cas de retard d’un élève, ainsi que la visite de chaque école pour la mise en place d’un plan de sécurisation spécifique. » Enfin, « je vais solliciter la Région pour la mise en place d’un système de badges comme cela existe déjà dans des établissements nantais, paramétrables par rapport aux heures de présence obligatoires ou demandées par les parents. » La possibilité pour la police municipale d’effectuer des actes de police judiciaire contrôlés par le parquet comme la consultation de fichiers de police Sur le plan général, le maire de La Baule ajoute : « Vous imaginez bien que je ne regrette pas notre décision d’armer les policiers municipaux qui sont parfois les primo intervenants sur de tel drame. Notre devoir est de protéger ceux qui constituent des cibles privilégiées des terroristes. La Baule est même candidate à l’expérimentation quant à la possibilité pour la police municipale d’effectuer des actes de police judiciaire contrôlés par le parquet comme la consultation de fichiers de police. » La Baule lance un plan de sécurisation des établissements scolaires
la baule+ Novembre 2023 // 3 Magasin de la Literie : une entreprise familiale dont l’expertise est reconnue dans la gestion du sommeil Personne ne considérerait aujourd’hui le sommeil comme quelque chose de futile, tant il constitue un facteur essentiel à notre santé et à notre qualité de vie. Si vous deviez rouler plusieurs heures par jour pour votre travail, il ne vous viendrait pas à l’idée de commander une voiture avec un habitacle, un moteur et quatre pneus ! On doit faire son choix en fonction de la motorisation, du confort intérieur, de la sécurité, de l’isolation et de nombreux autres critères. Pour le sommeil, la démarche est identique et il ne s’agit pas de se précipiter vers le premier matelas parce qu’il est le moins cher... Alors, autant faire confiance à un spécialiste. Le Magasin de la Literie est une entreprise familiale qui existe depuis 36 ans et dont l’expertise est largement reconnue. Barbara Costitch insiste sur l’ADN de l’enseigne : « Notre histoire est marquée par une passion immuable pour la qualité, le confort et le bien-être de nos clients. Notre volonté est tout simplement que nos clients passent de belles nuits ! » Nous savons tous maintenant que bien dormir assure une meilleure qualité de vie. Le concept global de la literie (qualité du matelas et du sommier, oreiller adapté, couette ou couverture naturelle…) est clairement identifié comme l’un des éléments qui favorisent une bonne santé : «Les professionnels doivent conseiller leurs clients en fonction de leurs besoins personnels, de leur âge, de leur corpulence ou de leur mode de vie, et l’ergonomie, le soutien et la ventilation sont des critères primordiaux ». L’indépendance du Magasin de la Literie confère à Barbara les marques les plus prestigieuses sont au rendez-vous: Hugo Boss, Kenzo, Yves Delorme, Jalla, Descamps, Brun de Vian-Tiran, Pyrenex, Vivaraise, Olivier Desforges... Des offres spéciales sont proposées tout au long du mois de novembre, avec jusqu’à - 40% sur la literie Pour célébrer les 36 ans d’expertise du Magasin de la Literie, des offres spéciales sont proposées tout au long du mois de novembre, avec jusqu’à - 40% sur la literie. C’est donc le moment idéal pour investir dans une literie de qualité qui améliorera votre sommeil et votre qualité de vie. Grâce aux conseils du Magasin de la Literie, vous transformerez vos nuits en une expérience de rêve, car votre sommeil mérite le meilleur. Magasin de la Literie, rue de la Héronnière, Zone commerciale Auchan à Trignac. Tél. 02 40 90 15 07. Site : www.magasin-de-laliterie-44.fr Ouvert du lundi au vendredi de 9h30 à 12h15 et de 14h à 19h, et le samedi en continu. la liberté de référencer avec soin les marques et les produits proposés : « Nous voulons faire découvrir ce qu’il y a de meilleur sur le marché, sans intermédiaires, et proposer une qualité exceptionnelle à des prix compétitifs. » D’ailleurs, « notre équipe est spécialement formée en usine, ce qui nous permet de maitriser les technologies et les innovations dans le domaine de la literie. De plus, nous sommes fiers d’être diplômés de la formation « Bien dormir pour mieux vivre » dispensée par l’Académie du Sommeil. Comprendre le mécanisme complexe du sommeil nous aide à répondre aux besoins de nos clients, car la qualité du sommeil est essentielle pour une vie saine et épanouissante. » L’enseigne travaille avec les marques les plus renommées, notamment Treca, Simmons, Duvivier, Epeda, Bultex (36 ans de partenariat), Tempur (30 ans de partenariat), Lattoflex et Beka (25 ans de partenariat) et le dernier fabricant référencé : Technilat (12 ans de partenariat). Ainsi, précise Barbara, «nous sommes en mesure de vous offrir des produits de qualité, soutenus par un suivi de longue durée. » Outre les matelas, Le Magasin de la Literie propose également une vaste gamme de linge de lit, couettes, housses de couette, oreillers, draps et surmatelas, mais aussi tout pour la décoration de la chambre : jetés de lit, coussins, plaids…. Là encore, On a tous entendu parler du BRS : vous êtes propriétaire de la maison, mais pas du terrain, qui est loué pour une durée allant jusqu’à 99 ans à la collectivité moyennant une faible somme. La ville de Guérande annonce un deuxième projet de Bail Réel Solidaire, après l’opération Gaïa, qui verra le jour fin 2023 dans le quartier Maison Neuve. En effet, Silène développe une offre d’appartements en accession à la propriété via le dispositif du Bail Réel Solidaire (BRS) avec une résidence nommée Terra Domus. Cette offre en accession sociale est destinée aux jeunes ménages et familles à revenus limités. Concrètement, au sein de ce dispositif, le foncier est acquis par un organisme foncier solidaire, structure non lucrative qui louera le terrain au propriétaire en échange d’une faible redevance. L’accédant ne devient propriétaire que du bien, pour un prix d’environ 30% inférieur à celui du marché. Ghislaine Ollivaud-Hervoche, première adjointe à la Mairie de Guérande, estime que « ce dispositif correspond tout à fait aux besoins des Guérandais et futurs Guérandais ». Cependant, pour qu’un repreneur ou un héritier reprenne le bien en BRS, il doit lui aussi être éligible aux conditions fixées par le dispositif. Si les successeurs ne peuvent pas hériter du bien, car leurs revenus dépassent le plafond fixé par l’État, ils disposent d’un an à compter du jour du décès pour trouver un nouvel acheteur. S’ils n’y parviennent pas, le bail est résilié. L’organisme foncier solidaire indemnise le ou les héritiers à hauteur des droits réels immobiliers, selon les conditions fixées par le bail. Un deuxième projet de Bail Réel Solidaire à Guérande
la baule+ 4 // Novembre 2023 Les Remp’Arts : le nouveau restaurant semi-gastronomique de Guérande Quel bonheur de voir des jeunes entreprendre, surtout lorsqu’ils sont passionnés par leur métier ! Manon, 23 ans, et Quentin, 26 ans, ont repris l’hôtel-restaurant Les Remp’Arts, au centre de Guérande, avec la volonté d’en faire la nouvelle adresse semi-gastro de la ville : « Nous nous positionnons entre les brasseries, les restaurants traditionnels et ceux qui proposent une cuisine gastronomique, afin de satisfaire ceux qui aiment la bonne cuisine à des prix raisonnables. » Nous avons réussi ! Ce jeune couple a travaillé au restaurant El Chaco, à La Baule, et ils tiennent à remercier Olivier Payen pour la confiance qu’il leur a accordée : « A la création, Olivier Payen était là pour l’aspect financier et juridique, évidemment, mais il a fait entièrement confiance à une équipe de jeunes pour diriger cet établissement. Nous voulions prouver aux autres que nous étions là et nous avons réussi! Nous avons eu la responsabilité de l’établissement pendant quatre ans. Nous avons beaucoup appris et nous avons décidé de nous lancer dans notre propre aventure.» Leur bonne étoile, mais surtout leur talent et leur envie d’entreprendre, leur ont permis de gagner de la crédibilité auprès des banques : « C’est une bonne nouvelle. On observe que de plus en plus de jeunes peuvent s’installer en obtenant la confiance des banques, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années… » Une carte volontairement réduite afin de proposer des produits régionaux et de qualité Au cours de ces derniers mois, ils ont refait l’intégralité du restaurant, en travaillant sur son aménagement, son décor et la carte : « C’est un lieu à notre image que nous aimerions fréquenter en tant que clients. » Déjà, les premiers retours sont excellents: « Nous sommes contents car dès que l’on nous essaye, nous entrons dans la liste des restaurants favoris de nos clients. » Quentin, chef des Remp’Arts, a mis en place une carte volontairement réduite afin de proposer des produits régionaux et de qualité : « Je défends une cuisine créative et originale, mais qui ne doit pas être trop sophistiquée. C’est une cuisine traditionnelle. Nous voulons vraiment que les gens se sentent chez eux, dans une ambiance familiale et chaude. » Des prix raisonnables pour un établissement de cette qualité La carte change tous les mois et Quentin travaille en fonction des saisons et des propositions des producteurs régionaux, puisqu’il s’est fixé comme objectif, pour les viandes et les poissons, de travailler exclusivement avec des fournisseurs bretons ou ligériens. Même le café est acheté à un producteur situé à Brocéliande. La carte des vins privilégie les vins bio. Résultat : on peut vraiment se faire plaisir à des prix raisonnables pour un établissement de cette qualité, puisqu’il faut compter environ 40 à 45 euros par personne à la carte (entrée, plat et dessert). Par ailleurs, une formule déjeuner est proposée à 19,50 euros (plat et dessert). 2023 est une année importante pour Manon et Quentin car ils viennent de se marier et, en outre, ils montent leur propre affaire. Les Guérandais étaient d’abord venus pour encourager des jeunes et, puisqu’ils reviennent, c’est bien parce que la cuisine est vraiment savoureuse et différente. Les Remp’Arts, 14, boulevard du Nord à Guérande. Tél. 06 33 85 90 23. Ouverture du mardi au samedi, midi et soir. Stationnement gratuit sur tout le boulevard qui est simplement payant en juillet et août. Le week-end du 18 et 19 novembre promet d’être riche en découvertes et en émotions littéraires à Guérande, à l’occasion de la 19e édition du Festival du Livre en Bretagne. Cet événement incontournable pour les amateurs de lecture et les curieux se tiendra au centre culturel Athanor, offrant un programme diversifié et passionnant, accessible gratuitement à tous. Cette année, le festival a l’honneur d’accueillir Jean-Michel Le Boulanger en tant que président d’honneur. Figure emblématique du paysage culturel breton, Jean-Michel Le Boulanger est également à la tête du célèbre festival Étonnants Voyageurs de Saint-Malo. Sa présence promet d’apporter une dimension supplémentaire à l’événement, en y insufflant son expérience et sa passion pour la littérature et la culture bretonne. Le Festival du Livre en Bretagne de Guérande, sous la présidence de Michel Rivalland, réunira cette année plus de 150 auteurs, prêts à échanger avec le public et à dédicacer leurs ouvrages. Les visiteurs auront également l’occasion de découvrir les 50 maisons d’édition présentes, toutes liées d’une manière ou d’une autre à la Bretagne. Un espace dédié à la jeunesse et à la bande dessinée sera également aménagé, pour le plus grand plaisir des petits et des grands. Le festival aura le plaisir d’accueillir une sélection d’invités d’honneur, parmi lesquels figurent des personnalités telles que Morgan Alves, Hervé Bellec, Nathalie de Broc, Nolwenn Le Blevennec, Anne Lecourt, l’ancien maire de La Baule Yves Métaireau, le photographe Antoine Quinquis, et Bernard Rio. Le festival aura également l’honneur de recevoir Alan Stivell, figure incontournable de la musique bretonne, qui viendra dédicacer son autobiographie « Stivell par Alan ». À travers cet ouvrage, le musicien et chanteur se livre, retraçant son parcours exceptionnel et partageant ses réflexions sur des thèmes qui lui sont chers, tels que le celtisme et la Bretagne. Le livre est également agrémenté de plus de 200 photos et d’archives personnelles, offrant aux lecteurs un aperçu intime de la vie de l’artiste. Festival du Livre en Bretagne au centre culturel Athanor à Guérande, le samedi 18 et le dimanche 19 novembre, de 10h à 18h. Entrée libre. La magie de la littérature bretonne s’invite à Guérande pour le 19e Festival du Livre
la baule+ Novembre 2023 // 5 De nouveaux panneaux ont été installés par la ville de Pornichet pour mieux comprendre l’espace protégé de la Dune Grise de Bonne Source. L’objectif est de présenter ce milieu fragile, son histoire, sa flore et sa faune, tout en s’amusant à travers différentes énigmes à résoudre. Connaissez-vous cette fleur qui prend la forme d’un insecte pour attirer les pollinisateurs ? Quel papillon voit-on virevolter aux beaux jours, et dont les chenilles sont soignées par les fourmis en hiver ? Une nouvelle signalétique rappelle les règles pour préserver ce site, notamment l’interdiction de fumer pour éviter tout incendie ou, encore, l’obligation de ramasser les déjections de son animal de compagnie. Cette action, portée par la ville, avec l’aide de l’association Bretagne Vivante et de l’Association de protection du cadre de vie de Bonne Source, a bénéficié du soutien du Département dans le cadre du Contrat Loire-Atlantique Nature. Rappelons que la dune grise de Bonne Source est un espace protégé, situé entre l’avenue Paolini et l’avenue des Hirondelles. Un nouveau parcours pédagogique et ludique sur l’espace protégé de la Dune Grise de Bonne Source à Pornichet
la baule+ 6 // Novembre 2023 La Tour de Pise fête sa première année avenue Lajarrige et s’engage au profit de l’association Les Fourchettes Roses La Tour de Pise reste l’une des adresses culte du marché de La Baule. On y vient pour prendre un verre, pour déjeuner, mais aussi pour faire ses courses à l’épicerie traiteur où l’on retrouve notamment les pizzas élaborées dans la plus pure tradition italienne, ainsi qu’une sélection de pâtes, de lasagnes, de charcuteries, de plats préparés et des vins italiens. La spécialité reste le fameux Pain Romain. À la tête de l’enseigne figure Romain Bertho, toujours fidèle au poste, qui défend avec fierté sa filière d’approvisionnement : « Nous avons les meilleurs produits. L’enjeu est de maintenir notre niveau de qualité et que nos fournisseurs italiens nous soient fidèles ! » Lajarrige : c’est l’esprit de La Baule Vous pouvez retrouver La Tour de Pise à Pornichet, mais aussi avenue Lajarrige à La Baule: « Cela fait un an que nous sommes avenue Lajarrige. J’ai vraiment un gros coup de cœur pour cette avenue ! C’est un puits de bonheur. Les gens sont chaleureux, heureux, détendus, aimables, on a une clientèle fidèle et régulière, des voisins commerçants sympathiques. Je rappelle que tous les corps de métier sont représentés, avec un fromager, un épicier, un caviste, une pharmacie et des bistrots sympas. C’est l’esprit de La Baule et nous nous y retrouvons totalement avec notre équipe qui est là depuis le début : je voudrais notamment citer Clémentine et Louane. » Romain annonce par ailleurs de nouveaux sites pour le printemps prochain : « Nous préparons l’ouverture de deux boutiques. La première à Saint-Marc-sur-Mer, près de la plage de Monsieur Hulot, et il y aura aussi un deuxième point de vente, à Nantes, près de la place de la République, dans des halles alimentaires, avec un espace de dégustation sur place et, bien entendu, toujours la vente à emporter. » S’engager au profit de l’association Les Fourchettes Roses Romain Bertho a décidé de s’engager au profit de l’association Les Fourchettes Roses, à titre personnel, mais aussi à travers la notoriété de sa marque pour sensibiliser le grand public : « L’année prochaine, je m’engage dans la course du Marathon des Sables, avec Nicolas Wallaert, afin d’aider l’association de son épouse. Cela me tient à cœur. Dans le prolongement d’Octobre rose, c’est une association qui veut aider les personnes atteintes de cancer, mais pas seulement: aussi les personnes diminuées qui ont besoin d’aide. Il s’agit de les accompagner à partir d’un réseau d’aidants, afin de leur apporter différents services. Par exemple, cela peut être la fourniture de repas ou emmener la personne à l’hôpital. Tout cela pour favoriser le lien social. J’ai l’intention de les aider en faisant cette course qui se déroulera dans le sud du Maroc. Le public va s’y intéresser et nous allons promouvoir l’association. Pour l’instant, 600 familles sont reliées et nous voulons créer une application pour que cela soit davantage visible. C’est Emmanuelle Wallaert, que beaucoup de commerçants de La Baule connaissent, qui développe tout cela. » Romain souligne: « C’est une application maligne car, quand une personne malade a besoin d’un service, plutôt que d’appeler une dizaine de personnes, elle exprime simplement son besoin dans l’application et les membres de son réseau peuvent répondre. » Ainsi, La Tour de Pise est une entreprise artisanale engagée, ce qui n’est pas surprenant lorsque l’on connait Romain. Toute l’équipe de La Tour de Pise vous attend sur ses différents sites, à La Baule, Pornichet ou Nantes, pour vous proposer le meilleur de la gastronomie italienne. La Ville de Pouliguen vient de présenter le programme de sa nouvelle saison culturelle. Patrick Guéguen, délégué à la Vie culturelle et artistique, revient sur le bilan de la précédente saison : « Nous tenions à programmer des spectacles accessibles à tous, tant en termes de budget que de contenu. Nous avons aussi mis à disposition une offre à destination des jeunes et des scolaires. Et le résultat est là : le public a été au rendez-vous dès le départ. En moyenne, 300 spectateurs assistaient à chaque spectacle. Ils venaient du Pouliguen mais aussi de toute la presqu’île. Aujourd’hui, nous sommes heureux de constater que la saison pouliguennaise s’inscrit naturellement dans le paysage culturel du territoire. » Norbert Samama, maire du Pouliguen, ajoute : « Nos trois piliers restent la qualité, l’originalité et la diversité. Notre volonté est de présenter aux Pouliguennais des spectacles reconnus et rodés, que tous les habitants de notre territoire puissent en profiter sans avoir à se déplacer à Nantes ou à Paris. L’idée est aussi d’animer notre ville à l’année. Nos agents y participent grandement et il faut savoir les remercier. » Pour cette nouvelle saison, Réjane Dounont, déléguée au sport-santé et à l’animation, annonce une « programmation résolument populaire et culturelle. Nous sommes attachés au divertissement, car nous souhaitons que le public puisse s’accorder des pauses, respirer et se faire plaisir. Nous tâchons toujours de surprendre, et de créer une note de décalage. » Les prochains rendez-vous : Vendredi 8 décembre : mentalisme digital avec Kevin Micoud Juste avant les fêtes, entrez dans une nouvelle aire, celle du mentalisme digital, aux côtés du magicien et mentaliste Kevin Micoud. Ce spectacle ultra moderne a la particularité de mélanger deux univers : tout d’abord le mentalisme pur, dans un style direct très fort ; et ensuite un mentalisme moderne, à la frontière de la magie mentale, proposant des effets visuels créés avec toute la technologie actuelle : hologrammes, assistant virtuel, écrans, réseaux sociaux et smartphones. Vendredi 12 janvier : Blønd and Blönd and Blónd dans « Mariåj en chønsons » Tø, Glär et Mår, un frère et deux sœurs, chantent ensemble depuis leur plus tendre enfance suédoise. Ils nourrissent une curiosité insatiable pour les classiques de la chanson française qu’ils détournent avec une singularité surprenante. Avec leur premier spectacle, intitulé « Hømåj à la chønson française », ils ont joué en première partie de Thomas VDB, Franck Dubosc, Arnaud Ducret ou encore Blanche Gardin. Vendredi 9 février : «Le tour du monde en 80 jours », par le Théâtre 100 Noms Le Tour du monde en 80 jours est certainement le plus célèbre des romans de Jules Verne. On y suit l’aventure de Phileas Fogg, gentleman anglais solitaire et fortuné, qui fait le pari insensé, avec ses amis du Reform Club, de faire le tour du monde en 80 jours. Les comédiens du Théâtre 100 Noms vous proposeront une version revue et corrigée de l’œuvre. Sur scène, cinq artistes survoltés interprèteront pas moins de 39 personnages à un rythme effréné. Le Pouliguen lance sa nouvelle saison culturelle
la baule+ 8 // Novembre 2023 Comprendre le monde ► Quelques explications sur une guerre dont tout le monde parle mais que peu de gens comprennent Maxime Gauin : « Tout s’est passé sur le sol internationalement reconnu de l’Azerbaïdjan. » Cela fait une trentaine d’années que l’on évoque régulièrement dans les médias le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan sur la question du Karabagh. Les caricatures sont nombreuses, les raccourcis aussi, sans doute par méconnaissance du sujet. Il était donc intéressant de faire de la pédagogie. Yannick Urrien a rencontré Maxime Gauin, chercheur et enseignant à l’université ADA de Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. Ce Français, qui habite à Bakou, enseigne dans cette institution qui est en quelque sorte l’ENA des futurs diplomates de l’Azerbaïdjan. Sur un thème aussi sensible, chaque camp tente d’imposer sa vérité en alléguant que sa population occupe le territoire depuis des centaines d’années. Il y a toujours un expert ou un historien pour contredire l’autre, dans un débat sans fin, ce qui n’est pas ici le sujet. Dans cet entretien, nous nous efforçons d’être objectifs, en nous basant sur les résolutions de l’ONU, notamment votées par la France, sur les frontières officielles de l’Azerbaïdjan. Le but étant d’aborder de nombreuses questions sans langue de bois et en étant le plus pédagogue possible. La Baule+ : Beaucoup de Français pensent que l’Azerbaïdjan et l’Arménie sont en guerre. Mais quand on lit les articles publiés, y compris dans les grands journaux nationaux, il s’agit toujours de séparatisme et d’enclaves revendiquées par les séparatistes arméniens. Cela signifie-t-il qu’il n’y a pas une guerre au sens traditionnel entre deux États, comme c’est le cas par exemple entre la Russie et l’Ukraine ? Maxime Gauin : Effectivement, ce n’est plus le cas, si l’on remonte aux origines du conflit, cela a commencé avec l’expulsion des Azéris ethniques d’Arménie à la fin des années 80 et cela s’est poursuivi avec l’invasion de l’Ouest de l’Azerbaïdjan par l’Arménie et les forces séparatistes en 1993. Cette première guerre s’est terminée avec l’accord de cessez-le-feu de 1994. Ensuite, il y a eu la deuxième guerre du Karabagh, entre septembre et novembre 2020, où l’Azerbaïdjan a repris la plus grande partie des territoires occupés, contre les forces séparatistes et contre l’armée arménienne. Après l’accord d’armistice de novembre 2020, le gouvernement arménien de Monsieur Pachinian a compris qu’il ne pouvait pas continuer dans cette situation de conflit et il a donc cherché la voie de la paix. Il y a eu un début de réalisation avec la déclaration de Prague en octobre 2022, que Monsieur Macron a d’ailleurs cosignée avec Monsieur Pachinian et Monsieur Aliyev, président de l’Azerbaïdjan, où le gouvernement arménien reconnaît l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et, réciproquement, l’Azerbaïdjan reconnaît l’inMaxime Gauin à Bakou samedi 21 octobre 2023 tégrité territoriale de l’Arménie sur la base des frontières issues de l’Union soviétique. Ce qui s’est passé le mois dernier, en moins de 24 heures, c’est la finalisation de la reconquête et, cette fois, seuls les séparatistes ont combattu. L’Arménie s’est soigneusement tenue en dehors du conflit et ce n’était que l’application de la déclaration de Prague. Tout s’est passé sur le sol internationalement reconnu de l’Azerbaïdjan. l’Arménie ellemême, par écrit, reconnaît que ces territoires sont azerbaïdjanais Pour éviter toute polémique, vous utilisez les termes et le raisonnement de l’ONU, alors qu’en France on entend dire que ces terres sont habitées depuis des siècles par des Arméniens… D’abord, quatre résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, votées en 1993, ont été votées par les gouvernements français, américain, russe et britannique. Ils reconnaissent que ces territoires sont sur le sol de l’Azerbaïdjan et demandent le retrait des forces séparatistes d’occupation. C’était il y a 30 ans. Depuis l’année dernière, l’Arménie ellemême, par écrit, reconnaît que ces territoires sont azerbaïdjanais. Donc, il faut être plus arménien que le Premier ministre arménien issu des urnes pour soutenir la thèse inverse. L’argument historique ne tient pas car, lors du démembrement de l’Iran, au début du XIXe siècle, on comptait 8% d’Arméniens dans la région du Karabagh. Cette majorité s’est constituée au fil du temps, y compris par la violence, puis par la politique tsariste et, dans ces territoires pris par les séparatistes, il y a une bande où il y avait effectivement une majorité d’Arméniens, mais ils sont allés bien au-delà. Si l’on prend la totalité des territoires occupés entre 1992 et 2020, il y avait une majorité d’Azéris ethniques. Il a été physiquement dangereux de dire certaines vérités à propos de ce conflit Pourquoi est-ce si compliqué d’expliquer ce sujet en France ? Il y a un manque de connaissances - mais il y a des articles qui sont très bien faits - et il y a aussi le fait que certains Arméniens sont particulièrement agressifs. Je ne les confonds absolument pas avec l’immense majorité des 300 000 Français de culture arménienne, attention, mais cette minorité existe. Il y a trois ans, des journalistes de Libération ont été menacés de mort sur Twitter pour leurs articles sur cette guerre. La journaliste Liseron Boudoul a été menacée de décapitation peu de temps après l’affaire Samuel Paty, puis, en mai 2021, le journaliste Bruno Tertrais a été menacé de mort sur Facebook par des extrémistes arméniens. Un extrémiste arménien a même été condamné à une peine de prison pour avoir défoncé la porte de l’ambassade d’Azerbaïdjan à Paris. Cela s’est calmé aujourd’hui. Mais, pendant des années, il a été physiquement dangereux de dire certaines vérités à propos de ce conflit. L’autre explication, c’est que c’est très loin…
la baule+ Novembre 2023 // 9 On parle maintenant d’expulsion des populations arméniennes du Karabagh, qui appartient donc à l’Azerbaïdjan, et le gouvernement français utilise le terme de nettoyage ethnique : qu’en est-il ? Je crains que le gouvernement n’ait pas eu les bonnes sources d’information, parce que cela ne tient pas. Il n’y a aucune preuve tangible établissant que les Arméniens qui ont quitté l’entité séparatiste, au moment où elle a été reprise, aient été menacés ou contraints de partir. Au contraire, il y a eu des appels officiels à rester avant et après la reconquête, qui a duré 24 heures. Il y a eu des combats contre les forces séparatistes, mais pas contre l’armée arménienne, puisqu’en 2023 l’armée arménienne n’a pas tiré un coup de fusil. Il n’y a rien qui soit de nature à provoquer cet exode. Je me fonde sur des témoignages arméniens. Certains ont dit « Je déteste les Azerbaïdjanais, donc je ne veux pas rester dans un territoire sous contrôle de l’Azerbaïdjan. »D’autres ont dit « Nous voudrions bien rester, ne serait-ce que pour essayer, mais nos autorités nous ont demandé de partir » en faisant allusion aux chefs séparatistes. Il y a quand même eu des propos choquants dans certaines vidéos. Y aurait-il des soldats azéris, peut-être des descendants de victimes du massacre de Khodjaly, qui se seraient mal comportés sans l’aval de leur hiérarchie ? Les histoires personnelles Khodjaly : en février 1992 les forces arméniennes ont massacré au moins 613 personnes dans cette bourgade d’Azerbaïdjan peuvent-elles expliquer ces écarts ? Certainement. Je vais apporter une précision sur le massacre de Khodjaly. En février 1992, lorsque les forces arméniennes ont massacré au moins 613 personnes dans cette bourgade, un commandant arménien, Serge Sarkissian, a revendiqué ce massacre auprès d’un journaliste britannique en disant: « Avant Khodjaly, les Azerbaïdjanais croyaient que nous n’étions pas sérieux quand nous parlions de lever la main sur les civils. Après, ils ont compris… » Il n’y a aucun doute sur l’existence de ce massacre et sur son ampleur. Pour répondre clairement à votre question, il est tout à fait possible que des soldats azéris, apparentés aux victimes de ce massacre, mais aussi d’autres massacres, aient perdu le contrôle d’eux-mêmes. Mais il n’y a aucune preuve de meurtres de civils ou de viols de femmes. Il peut y avoir des gens qui tiraient en l’air, sans nécessité militaire, des paroles qu’ils auraient mieux fait de garder pour eux, mais ce sont des dérives individuelles et peu nombreuses. Pas du tout de nature à provoquer une immigration soudaine de dizaines de milliers de personnes. Comment parvenir à la paix entre les peuples, car il y a quand même un climat de détestation réciproque ? Il faudrait mettre en avant davantage les 36 000 Arméniens qui habitent à Bakou et Gandja et, pourquoi pas, c’est ce que j’ai dit à la télévision azerbaïdjanaise, nommer un ou une membre de cette communauté à un poste de responsabilité dans les territoires libérés pour inciter ceux qui ne sont pas partis à ne pas faire l’erreur de partir et pour inciter ceux qui sont partis à revenir. D’autres mesures ont déjà été prises pour inciter les Arméniens ethniques à revenir, notamment des aides et des incitations fiscales pour les agriculteurs, afin qu’ils redeviennent citoyens de l’Azerbaïdjan. Il faudrait rendre cela public le plus possible. Du côté arménien, d’autres efforts sont nécessaires pour faire cesser cette haine qui est très forte, alors que l’Arménie s’est entièrement vidée de ces Azéris ethniques. Monsieur Pachinian a cessé cette rhétorique il y a trois ans, mais l’opposition joue clairement avec le feu. Jusqu’à présent, l’Azerbaïdjan a mené une offensive à l’intérieur de ses frontières reconnues par l’ONU. Maintenant, il y a un nouveau problème, puisque le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, a évoqué la question de corridor vers une enclave de l’Azerbaïdjan, avec un risque de guerre… Pour commencer, le département d’État des États-Unis a démenti les propos prêtés à Monsieur Blinken. Effectivement, il y a le gros de l’Azerbaïdjan, le territoire arménien et, en avançant vers l’ouest, il y a à nouveau un territoire qui appartient à l’Azerbaïdjan, avec des difficultés liées à cette séparation, et ce territoire n’a jamais été occupé par l’Arménie. (Suite page 10) Le centre de Bakou : « Il y a des parallèles à établir entre l’Azerbaïdjan d’aujourd’hui et la France d’il y a 50 ans.»
la baule+ 10 // Novembre 2023 Pour mieux comprendre, imaginons que Bruxelles appartienne à la France: entre Bruxelles et la France il y a évidemment la Belgique. La France revendique une route pour aller de la frontière française à Bruxelles, en traversant une partie du territoire belge et c’est ce qui pose problème… C’est une situation qui serait tout à fait similaire. L’accord d’armistice de novembre 2020, ainsi que l’accord complémentaire de janvier 2021, signé par le gouvernement arménien, prévoit l’ouverture de nouvelles voies de communication pour relier ces deux parties de l’Azerbaïdjan à travers le territoire arménien. On constate que le Caucase est un point de passage nécessaire entre l’extrême Orient, la Chine et la Corée du Sud, et l’Union européenne. En effet, ce n’est pas possible par la Russie, en raison de l’agression contre l’Ukraine, c’est impensable par l’Iran à cause de la nature du régime, sans parler de la situation en Irak et en Syrie. Donc, c’est le point de passage idéal. Il y a une volonté de créer ce corridor du milieu qui serait une source de prospérité pour tout le monde, y compris pour l’Arménie. D’ailleurs, Monsieur Pachinian a demandé à Monsieur Alyev et à Monsieur Erdogan un embranchement arrivant jusqu’à Erevan afin que l’Arménie puisse en profiter comme ses deux grands voisins. Monsieur Alyev et Monsieur Erdogan ont réMaxime Gauin: « Il va falloir expliquer pourquoi un djihadiste sunnite irait soutenir un pays à majorité chiite, laïc et allié d’Israël.» des efforts considérables pour éteindre les malentendus. Du côté français, il faut cesser d’écouter les groupes extrémistes qui ne représentent qu’eux-mêmes et qui sont d’ailleurs en conflit ouvert avec le gouvernement arménien issu des urnes. La France essaye de sortir l’Arménie de sa dépendance militaire à la Russie et à l’Iran, ce qui est tout à fait louable. Force est de constater que la coordination avec Bakou est tout à fait insuffisante. Les craintes de Bakou ne sont pas totalement apaisées et certaines formules auraient dû être complètement réécrites avant d’être prononcées. Par exemple, quand Madame Colonna, ministre des Affaires étrangères, est allée en Arménie, elle a dit que la France était aux côtés de l’Arménie et que la France vendrait des armes à l’Arménie. Si elle avait dit « Nous sommes aux côtés de l’Arménie pour une paix fondée sur le respect mutuel de l’intégrité territoriale telle que signé à Prague», cela n’aurait pas suscité de crise avec Bakou. Lors d’une intervention télévisée récente, il a dit que la France veillerait à la protection des frontières de l’Arménie. Ceux qui ne connaissent pas le sujet ont fait un amalgame avec cette affaire des territoires occupés, alors qu’en réalité le président de la République a été très subtil puisque, pour l’instant, les frontières de l’Arménie ne sont pas attaquées. Donc, cela ne change rien au conflit actuel… Absolument. Monsieur Pachinian vit dans la terreur d’être renversé par les extrémistes de son propre pays, qui sont pour la plupart très liés au Kremlin. Il se de- « Vous pouvez laisser votre téléphone portable à la terrasse d’un café et aller aux toilettes, on ne vous le volera pas. » mande comment faire pour aller jusqu’à la signature de la paix, sans que cela lui coûte la vie ou le pouvoir. Monsieur Macron essaye, en toute bonne foi, de le consolider dans sa volonté sécuritaire pour qu’il signe la paix. Évoquons maintenant la géopolitique de l’Azerbaïdjan, car c’est incompréhensible. L’Azerbaïdjan est un pays allié aux ÉtatsUnis et à l’Occident, alors que l’Arménie est alliée à la Russie. Or, Vladimir Poutine semble quand même avoir soutenu l’Azerbaïdjan dans sa reconquête des territoires… Soutenu, non, parce que la Russie a largement fourni des armes et des munitions à l’Arménie lors de la guerre de 2020. Cependant, avec les déclarations de novembre 2020, que vous évoquez, ce qui a joué, c’est l’affaiblissement de la Russie à la suite des sanctions de 2014 et le renforcement de l’alliance entre la Turquie et l’Azerbaïdjan qui rendait un engagement total de la Russie plus que difficile. Il y a 30 ans, la Russie avait carrément envoyé des volontaires se battre du côté de l’armée arménienne, ce qui n’était plus concevable, car Monsieur Erdogan a fait comprendre à Monsieur Poutine que s’il allait trop loin, il allait fermer les détroits et l’économie russe allait plus que souffrir. C’est encore plus vrai pour l’opération de septembre dernier puisque, en raison de la guerre en Ukraine, l’armée russe est dans un état plus que difficile, ce qui rend encore plus compliquée toute aide à l’Arménie. Ils ont quand même envoyé des armes légères aux séparatistes entre 2021 et 2023. Les supermarchés à côté de chez moi, à Bakou, ont un rayon vins et alcools digne de ceux de Paris Autre cas : on a entendu en France, plutôt dans desmilieuxdedroite, des personnalités comme Marion Maréchal ou Bruno Retailleau dire qu’il fallait soutenir l’Arménie, parce qu’ils sont chrétiens, contre les islamistes de l’Azerbaïdjan, en soulignant que les djihadistes étaient du côté de l’Azerbaïdjan… On a même dit que l’Azerbaïdjan avait fait appel aux combattants de Daech contre la chrétienté… En réalité, « L’accord prévoit l’ouverture de nouvelles voies de communication pour relier ces deux parties de l’Azerbaïdjan à travers le territoire arménien. » pondu positivement. On est vraiment dans un intérêt partagé. Maintenant, il est naturel qu’il y ait des divergences sur les modalités pratiques. Il faudrait que tout le monde évite des mouvements de panique injustifiée, des termes qui irritent Bakou, et qui pourraient encourager de mauvais penchants à Erevan. Il faudrait vraiment inciter les gouvernements à s’entendre dans la paix. La France essaye de sortir l’Arménie de sa dépendance militaire à la Russie et à l’Iran, ce qui est tout à fait louable La France défend l’Arménie en raison de son rôle historique de protection des chrétiens. Pourtant, les Arméniens lui reprochent de ne pas être assez offensive, alors que Bakou reproche à la France de ne plus être objective… Finalement, personne n’est satisfait… Il y a des critiques des deux côtés, allant dans des sens opposés. Il y a un énorme problème de communication entre Paris et Bakou en ce moment et il va falloir faire
on s’aperçoit que l’Iran et le Hezbollah sont du côté de l’Arménie et que c’est Israël qui défend l’Azerbaïdjan… C’est à ne plus rien y comprendre ! C’est à ne rien y comprendre quand on ne connaît pas la situation, mais vous la connaissez bien. L’Azerbaïdjan, depuis la proclamation d’indépendance de 1918, est une république laïque. Ce fut même le premier État du monde musulman à donner le droit de vote aux femmes. C’est un État où le taux de pratique religieuse est le plus bas. Il y a eu un sondage dans la plupart du monde musulman en 2016, avec notamment comme question : « Voulez-vous la charia ? » C’est en Azerbaïdjan que le taux de réponses positives a été le plus bas, avec 8%. Aujourd’hui, ce serait encore plus bas. L’Azerbaïdjan, c’est vraiment le contraire de l’islamisme et c’est d’ailleurs l’une des questions pour lesquelles le régime des mollahs déteste l’Azerbaïdjan, parce que c’est un pays à majorité chiite, avec un régime et un mode de vie laïcs. Quant aux djihadistes, c’est complètement ridicule, parce qu’il va falloir expliquer pourquoi un djihadiste sunnite irait soutenir un pays à majorité chiite, laïc et allié d’Israël. Cela ne veut rien dire ! Les supermarchés à côté de chez moi, à Bakou, ont un rayon vins et alcools digne de ceux de Paris. Lorsque le gouvernement azerbaïdjanais a dit aux Arméniens: « Montrez-nous des djihadistes qui auraient été tués», le ministère arménien de la Défense a expliqué que « les cadavres ont été mangés par des sangliers…» Je voudrais aussi souligner que le culte catholique est beaucoup plus libre à Bakou qu’à Erevan. Il y a malheureusement dans l’église nationale arménienne, qui est schismatique, une tradition anti catholique qui est très forte et cela explique pourquoi le pape Benoît XV était un turcophile. Monsieur Pachinian essaye de se distancer de tout cela et, au moment où je vous parle, si vous êtes catholique, il vaut mieux habiter Bakou qu’Erevan. Et pas seulement d’un point de vue économique. Je viens de passer quelques jours à Bakou, qui est une ville que je connais bien. Je suis toujours surpris par la vie nocturne et surtout par la sécurité des femmes. C’est vraiment le pays où les femmes sont tranquilles, entre copines, dans les terrasses des cafés, avec leur portable, toujours joyeuses. J’ai été frappé par cette image qui rappelle le Paris des années 80. J’ai vu des couples s’embrasser sur la promenade de mer, presque une photographie à la Robert Doisneau… Parlez-moi des femmes… Je comprends tout à fait votre comparaison, il y a des parallèles à établir entre l’Azerbaïdjan d’aujourd’hui et la France d’il y a 50 ans. Sur la sécurité en général, et la sécurité des femmes en particulier, c’est une évidence, vous pouvez laisser votre téléphone portable à la terrasse d’un café et aller aux toilettes, on ne vous le volera pas. La délinquance de rue est quasiment inexistante. Le pire qui puisse vous arriver, c’est un vol de vélo, et c’est moins fréquent qu’à Paris. La violence des femmes dans la rue est inexistante, car si vous attaquez une femme dans la rue, la rue va vous tomber dessus. Bakou est une ville sûre, y compris de nuit, dans tous les quartiers. Vous pouvez traverser la ville et vous ne verrez pas un seul policier avec un fusil. Encore une fois, les femmes votent en Azerbaïdjan depuis 1919, donc 25 ans avant la France. Leur condition s’est améliorée depuis le retour à l’indépendance en 1991 et la capitale est vraiment la vitrine de l’émancipation des femmes. Le conservatisme religieux est très faible. Le conservatisme sociétal existe encore, mais il décline progressivement. Propos recueillis par Yannick Urrien. la baule+ Novembre 2023 // 11
la baule+ 12 // Novembre 2023 Humeur ► Le billet de Dominique Labarrière Homo Horribilis Il est des moments où tenter de sourire, ou de faire sourire, relève quasiment de l’impossible. Voilà en effet que nous sautent au visage des horreurs que nous étions censés ne plus jamais devoir affronter. Des atrocités comme seul le plus cruel, le plus immonde, le plus sanguinaire animal de la Création est capable d’en perpétrer : l’homme ! Aucune bête fauve, aucun monstre antédiluvien peut-être bien n’est jamais allé aussi loin dans la sauvagerie. On ne rappellera pas ici le martyre infligé à des femmes, à des vieillards, à des enfants, des bébés, des petits êtres que leur innocence de nouveaux venus en ce monde n’a pas protégés de la haine meurtrière de leurs bourreaux. Sont-ils encore vraiment des hommes ceux chez qui la fureur idéologique abolit l’humain, étouffe à ce point la lueur de pitié qui devrait subsister en eux au-delà des passions et des révoltes ? On se le demande. Nous étions censés ne plus connaitre de telles folies meurtrières. Je me souviens que, enfants, nos maîtres d’école, nos parents nous emmenaient voir des images, des photos et des films sur les vestiges d’Oradour sur Glane. Nous nous trouvions immergés dans l’épouvante, mais on nous disait que voir ces choses-là était le plus sûr moyen de faire en sorte qu’elles ne se reproduisent jamais. Et nous avons grandi, nous avons vécu avec, quelque part dans notre tête, l’anesthésiante certitude que nous n’aurions pas à revivre de ces moments terrifiants. Oui, nous avions la gratifiante certitude que ces monstruosités appartenaient à un passé révolu, presque à un autre âge de l’humanité, que jamais plus - au grand jamais - on ne massacrerait de pauvres bambins parce qu’on se refuserait à voir en eux l’innocence de l’enfance, mais le Juif en devenir. Car la vraie motivation des barbares est bel et bien là : massacrer du Juif pour massacrer du Juif. Toutes les autres explications qui se voudraient des justifications ne sont que baratin. Le juif parce que juif, puis un jour peut-être bien le chrétien, parce que chrétien, puis l’agnostique voltairien parce que raisonneur impénitent, en attendant - ce serait dans la logique même du courant - l’occidental blanc parce qu’occidental blanc et à ce titre coupable de tous ces maux dont, d’ailleurs, avec une volupté morbide, il a pris l’habitude de s’auto-accuser en permanence jusque dans les programmes des écoles : colonisation, esclavage, sexisme, homophobie, pollution, surmulotphobie, mousticophobie, etc, etc. Cela viendra. La lâcheté de nos élites du dernier demi-siècle a fort bien préparé le terrain. Elles ont laissé prospérer et propager à travers tout le pays la culpabilité sourde et le désamour d’être ce que nous sommes. Lisez le dernier opus de Franz-Olivier Giesbert, Une Tragédie française. Édifiant. Et dire que ces hauts caciques, du moins ceux qui n’ont pas encore eu la décence d’aller se faire voir ad patres, osent nous abreuver de leurs tartines imprimées d’autosatisfaction ! Risible ! Passons. Au moins, dans mon enfance, la condamnation de la barbarie dont on sortait à peine était-elle unanime. La société entière faisait corps. Aujourd’hui, il n’en est rien. On aurait pu espérer qu’une sorte de moratoire de dignité se serait instauré et que, en attendant de réenfourcher les passions partisanes, on commencerait par dénoncer, réprouver et, bien sûr, compatir. Mais non, l’irrationnel vertige de l’extermination triomphe de nouveau. Des foules s’empressent de hurler leur soutien aux massacreurs, non pas qu’elles aient particulièrement à cœur le bonheur de ceux qu’elles prétendent soutenir, mais soulevées qu’elles sont par une effroyable vague de convergence des haines. Ce que d’autres qualifient de convergence des luttes. Un intello soixante-huitard prolongé pourrait bien s’aventurer à y déceler quelque chose comme une des formes possibles de la matérialisation du fameux Rhizome révolutionnaire cher à Deleuze et quelques autres gais lurons de l’époque. C’était dans des livres qui tombaient des mains et cela constituait le point d’orgue de nos siestes d’amphis. Aujourd’hui, la scène se joue dans la rue. Le phénomène n’en est probablement que plus inquiétant. Et maintenant ? S’interrogera-t-on non sans effroi. Qui peut prévoir ? On a coutume de dire que l’homme est un loup pour l’homme. Rien n’est plus faux. On s’en doutait, mais nous venons d’en avoir la démonstration terrifiante. L’homme n’est pas un loup pour l’homme. La réalité est bien plus tragique : l’homme est tout simplement un homme pour l’homme.
la baule+ 14 // Novembre 2023 Antisémitisme ► Entretien sur l’actualité avec le scénariste et producteur Elie Chouraqui : « Il faut libérer la Palestine, mais il faut libérer la Palestine du Hamas ! » Elie Chouraqui est venu à La Baule à l’occasion du Festival de la fiction et du documentaire politique qui s’est déroulé du 5 au 9 octobre. C’est à la sortie d’une projection, samedi 7 octobre, qu’il a été informé des attentats terroristes perpétrés par le Hamas contre Israël. Avant de quitter La Baule, il est venu dans le studio de Kernews pour répondre aux questions de Yannick Urrien et commenter l’actualité. La Baule+ : On sait qu’il y a quelques années, vous avez quitté la France pour aller vivre en Israël. Toutefois, vos œuvres traduisent toujours un amour du bien vivre français... Elie Chouraqui : Je suis revenu en France et je vis maintenant en France. J’ai vécu effectivement six ans en Israël et j’ai la gorge serrée depuis ce qui s’est passé. Effectivement, j’ai voulu tenter l’expérience de Tel-Aviv, de Jérusalem, de ce pays de mes rêves. J’y ai passé beaucoup de temps, plus que je ne l’imaginais, puis il y a eu cette émission politique sur i24 qui a très bien marché. J’ai essayé de comprendre ce conflit israélo-palestinien qui est très compliqué. Mais mon pays, c’est quand même la France, je dois le dire. Je suis né ici. Le fait d’avoir vécu en Israël, mais également dans d’autres pays, m’a conforté dans le fait que mon pays c’est la France, ma ville c’est Paris, et mon quartier c’est Saint-Germain-des-Prés. Vos films ont un côté presque nostalgique... C’est cela. J’ai grandi Porte de Montreuil et je n’ai jamais pensé dans ma jeunesse qu’il y avait un autre pays que la France. Quand j’ai commencé à jouer au volley-ball, en étant dans l’équipe de France, j’ai commencé à faire le tour du monde. Je me suis rendu compte que le monde était vaste et qu’il fallait le découvrir. J’ai expliqué à mes enfants que nous avons des racines françaises très profondes et que nous avons éventuellement un autre pays, en l’occurrence Israël, comme cela peut être l’Italie pour d’autres, mais qu’il faut toujours être curieux et voir ce qui se passe ailleurs pour mieux comprendre ce qui se passe ici. Il y a six ans, vous aviez dénoncé le climat d’insécurité qui touchait la communauté juive en France… Il ne faut pas noircir le tableau, il y a toujours eu cette angoisse antisémite en France. C’est un vieux caractère français issu de l’extrême droite ou de l’extrême gauche. Mais ce n’est pas ce qui m’a fait quitter la France. Ce qui m’a fait quitter la France, c’est la curiosité et le désir de découvrir un autre pays. Je n’ai jamais dénigré la France. C’est ma terre. Elle a ses défauts, comme tout ce qui est organique, mais elle a beaucoup de qualités. L’antisémitisme d’extrême droite a été largement balayé par l’antisémitisme d’extrême gauche L’antisémitisme de droite, après la guerre, a surtout été intellectuel… Oui. L’antisémitisme des années 60 est lié énormément à la question arabe et palestinienne. Certains intellectuels français, de droite, ont trouvé un point d’appui dans ce conflit israélo-arabe pour faire accepter leur antisémitisme qu’ils ont appelé petit à petit antisionisme, puisque l’antisémitisme est devenu quelque chose de punissable. Or, l’antisémitisme d’extrême droite a été largement balayé par l’antisémitisme d’extrême gauche, qui est terrifiant. Regardez les déclarations de Mélenchon, de La France Insoumise et de tous ces abrutis, alors que nous sommes en train de vivre des choses terribles en Israël ! Il n’y a eu aucune condamnation. Ils mettent les terroristes et unÉtat de droit sur le même plan. Encore une fois, c’est largement minoritaire, mais il ne faut pas se tromper : le Hamas, le Hezbollah, l’État islamique, ce sont tous les mêmes. Ce sont ceux qui ont attaqué le Bataclan ou qui ont fait tomber les tours du 11 septembre. C’est une nébuleuse, avec des intérêts divergents, mais cela existe. Donc, il faut être contre cette façon d’envisager la vie. Les gens disent souvent qu’ils sont en guerre contre Israël et les juifs, mais ce n’est pas vrai, ils vont capturer des civils et tuer des gosses. Il y a les ténèbres d’un côté et la lumière de l’autre. Comment expliquer cet antisémitisme, alors que l’on pourrait rappeler que les trois religions abrahamiques ont la même source ? Vous savez que le grand mufti de Jérusalem a passé la guerre dans le nid d’aigle, il a rencontré Hitler, il y a des photos. Il y a eu des brigades SS musulmanes. Et le président Sadate, qui a ensuite changé d’avis, a dit que les ennemis de nos ennemis étaient nos amis. Un noyau est né, à travers les Frères musulmans, afin d’insuffler cette haine contre les juifs et contre Israël. C’est une opération qui a réussi et dont on voit aujourd’hui les résultats. Ces extrémistes islamistes ont bien compris qu’il fallait mettre cette graine de haine dans l’esprit des enfants. Cela a commencé dans les écoles. Il y a vingt ans, André Chouraqui, adjoint au maire de Jérusalem, grand traducteur de l’Ancien et du Nouveau Testament, comme du Coran, m’avait montré une vidéo avec Yasser Arafat qui prenait dans ses bras des petits enfants de quatre ans, avec le corps bardé d’explosifs factices, en chantant « à bas Israël ». Dans les livres d’école en Palestine, financés par l’Union européenne,
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