La Baule+

la baule+ 36 // Septembre 2022 La Baule + : Vous nous manquez sur la Presqu’île… Gérard Lanvin : Merci ! La Presqu’île me manque aussi. Mais la vie m’a amené ailleurs. On continue la route... Vous allez quand même revenir chez nous - mais aussi chez vous - le samedi 24 septembre à Atlantia, dans le cadre de votre tournée nationale après la sortie de votre album. On passe un excellent moment en écoutant vos chansons et je vais tenter de résumer les inspirations que l’on peut retrouver: il y a l’impertinence de Boris Vian, qui se mêle à un appel à la réflexion comme savait le faire Léo Ferré à son époque, vous racontez ces histoires sur des airs mélodieux, ce qui rappelle parfois le ton de Michel Delpech, avec un son très travaillé, comme c’est le cas dans les morceaux de Calogero, avec quelques clins d’oeil à Johnny Hallyday… Que pensez-vous de cette synthèse ? C’est très honorable, donc je suis très honoré d’avoir ton avis là-dessus. Je préfère le tutoiement, car on t’a croisé souvent. J’apprécie l’intelligence de tes analyses, contrairement aux réseaux sociaux où il n’y a aucune intelligence. Pour moi, c’est un album important car il nous concerne tous. Les réflexions que je peux partager sont obligatoires, parce que nous sommes dans un monde difficile et très dangereux. Un artiste se doit de lancer quelques pistes de réflexion. Pourquoi avoir choisi la chanson et pas un spectacle sous la forme d’un stand-up ? Parce que tout le monde fait du stand-up, alors qu’il faut avoir des compagnons dans la chanson, un directeur artistique, faire rythmer les paroles, et j’ai l’avantage d’avoir un fils, Manu, qui est un très grand bluesman. Mon autre fils, Léo, est un grand DJ et il travaille beaucoup au Brésil. Il fallait avoir la circonstance de se réunir. Avec le coronavirus, nous avons eu notre première punition, c’est-à-dire l’enfermement qui a été imposé. Nous avons été bloqués à Paris avec Manu et cela nous a permis de travailler ensemble. Nous n’avons jamais pu faire cela hors de cette période parce que, d’habitude, l’un est sur les routes pendant que l’autre est en tournage. Nous avons eu du temps et nous avons pu fabriquer cet album. L’inspiration tombe du ciel, la musique vient d’ailleurs... Ce qui est intéressant, lorsque l’on connaît les œuvres de Manu Lanvin, c’est que ce n’est pas totalement duManu Lanvin dans cet album : on a le sentiment qu’il a fait autre chose, dans un style légèrement moins rock… Il a adapté les textes à partir de musiques qu’il avait en tête. On a fait de la dentelle, on a corrigé... Parfois, le nombre de pieds ne correspondait pas toujours à ce qu’il avait imaginé de façon céleste. L’inspiration tombe du ciel, la musique vient d’ailleurs... Mais comme ce n’étaient pas ses réflexions, puisque ce sont mes paroles, il a été dans l’obligation de s’adapter à mon écriture. Il a donc fait des musiques totalement sur-mesure et ce ne sont donc pas forcément des musiques qui correspondent totalement à ce qu’il fait d’habitude. Il a fait du sur-mesure et c’est pour cela que cela fonctionne bien. Tout est très populaire, c’est un discours de réflexion. C’est un constat sur l’An 20… Certains ont parfois honte de ce terme de populaire… Le discours populaire est adapté à certaines personnalités. Au cinéma, je suis un acteur populaire et je suis très fier d’avoir cette étiquette. Je viens de là. Je suis resté populaire dans ma façon d’être et de penser. Un monde de donneurs, où n’importe qui peut donner son voisin Au cinéma, on te voit souvent dans des rôles de personnages assez froids et distants, pas vraiment le type à qui l’on vient taper sur l’épaule. Or, dans la vie, c’est l’inverse, tu restes quelqu’un de très accessible et qui aime les gens… Les chansons traduisent aussi cette personnalité cinématographique un peu bourrue… Oui, mais ces chansons rappellent aux gens des notions de fraternité, d’amour et de respect. Ce sont des chansons positives, elles ne sont pas négatives. Ce n’est pas du rap qui consiste à dire que le monde est merdique et pourri. Je ne dis pas cela. J’essaye d’amener les gens à une réflexion pour que l’on se rassemble enfin et que nous soyons aptes à considérer l’autre, plutôt que de le critiquer sans arrêt. Il faut s’aimer, parce que c’est la fraternité qui changera la donne. Quand on voit ce qui se passe dans le monde, avec cette volonté des hommes de se détruire entre eux, cela me révolte et je suis obligé d’être un relais en invitant les gens à s’accepter. C’est pourtant si facile d’être dans l’affectif plutôt que d’être dans la critique ! La technologie a rendu les gens ainsi. C’est un monde de donneurs, où n’importe qui peut donner son voisin. C’est une honte. Nous avons vécu 68 et les années bonheur, avec les hippies, avec la mode Peace and Love. Or, le monde change et devient dégoûtant. Évoquons maintenant certaines chansons. L’événement ► L’un des acteurs préférés des Français en concert à La Baule Gérard Lanvin : « Rien ne fonctionne dans notre pays, ni les pompiers, ni les hôpitaux, ni la police, alors que nous sommes le pays le plus taxé aumonde ! » Gérard Lanvin est sur scène comme dans la vie : engagé. Lorsqu’il chante, c’est aussi pour parler de thèmes qui l’agacent, comme la politique, l’intégrisme religieux ou les réseaux sociaux, ainsi que d’autres sujets qui le touchent particulièrement, tels que les violences faites aux femmes. L’acteur et son fils Manu ont pris la route des festivals de l’été pour présenter «Ici-bas », le premier album de Gérard Lanvin, avec des paroles du père sur la musique du fils. Ils seront au Palais des congrès Atlantia de La Baule le samedi 24 septembre. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, on retrouve Gérard Lanvin sans langue de bois, fidèle à ses valeurs de respect, d’écoute et de partage. Il évoque la société actuelle, la politique, Nicolas Sarkozy, François Hollande, celui qui stigmatisait ceux qui gagnent plus de 4000 euros par mois, et Emmanuel Macron… Gérard Lanvin parle des réseaux sociaux, de ce monde connecté qu’il ne fréquente pas et qui attise toutes les haines. Mais aussi du peuple en colère. Il souligne l’absurdité du confinement «qui a mis des gens par terre dont tout le monde se fout maintenant…» Avec quand même des touches d’humour. Un constat de Lanvin... sur l’An 20. Pratique : Concert de Gérard Lanvin, samedi 24 septembre à 20h30 au Palais des Congrès Atlantia à La Baule.

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