La Baule+

la baule+ Septembre 2022 // 17 La Baule+ : Comment avez-vous vécu l’invasion de l’Ukraine par la Russie ? Étienne de Poncins : Nous nous étions préparés à différents scénarios, y compris au pire. Et c’est le pire qui est arrivé. On a vécu le début de la guerre, le 24 février, qui était assez fort, parce qu’il a fallu évacuer l’ambassade à partir du 28 février. L’une des caractéristiques de l’ambassade de France, c’est que nous sommes toujours restés sur le territoire ukrainien, c’était une demande du président de la République. Alors, j’ai délocalisé l’ambassade de Kiev à Lviv, à partir du 2 mars, et nous sommes revenus à Kiev le 15 avril, dès que nous avons pu. Comment jugez-vous l’engagement de ces Français, comme JeanPierre Noirtin, au service de l’Ukraine ? Ce qui m’a intéressé, dans le parcours de Jean-Pierre, c’est que c’est un parcours au long cours. C’est un soutien de l’Ukraine depuis des dizaines d’années, bien avant la guerre. C’est très bien que des personnes se mobilisent en faveur de l’Ukraine après la guerre, mais je veux dire qu’il y a là un soutien de fond, à travers le Rotary Club, et c’est vraiment remarquable. À travers lui, je voudrais distinguer tous les membres de ces associations qui travaillent au quotidien. Ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières, ce sont toutes ces initiatives individuelles. Jean-Pierre a fait plus d’une centaine de Étienne de Poncins, ambassadeur de France en Ukraine : « Notre but est d’aider l’Ukraine par tous les moyens. » voyages, cela ne s’est pas fait en une fois, c’est vraiment un engagement de long terme. C’est d’ailleurs cet engagement spécifique qui a plu au président de la République et c’est pour cette raison que nous lui remettons l’Ordre du Mérite. Cet engagement fort de la France peut-il permettre de développer nos échanges économiques et la francophonie au cours des prochaines années ? Oui. Cela contribue à développer nos relations économiques, mais aussi notre image qui est excellente en Ukraine puisque, depuis le début de la guerre, nous avons appuyé les efforts ukrainiens dans de nombreux domaines. On dit souvent qu’il ne faut jamais humilier l’ennemi, même si les Russes ne sont pas nos ennemis, puisque la France n’est pas en guerre contre la Russie. Le président de la République a répété qu’il ne fallait surtout pas humilier la Russie, en faisant allusion à l’’Allemagne après la Première Guerre mondiale. Comment soutenir l’Ukraine sans offenser la Russie ? À l’ambassade, ma mission est d’être en soutien des Ukrainiens, mon rôle est de les appuyer et de les aider, donc de développer la coopération. Notre but est d’aider l’Ukraine par tous les moyens, économiques, militaires ou humanitaires, et le président de la République a été très clair. Quelle est la vie à Kiev ? C’est très paradoxal. Les restaurants sont ouverts, les gens sont dans la rue, il y a une volonté de résilience. Mais en même temps, il y a les sirènes qui sonnent toutes les deux heures et il y a la menace des missiles en permanence. Il y a une ambivalence entre la réalité que l’on peut vivre au quotidien et cette menace sécuritaire. Par exemple, je continue à dormir dans mon bureau sous la protection du GIGN et ma femme ne peut pas me rejoindre.

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