La Baule+

la baule+ 8 // Octobre 2022 La Baule+ : L’idée du projet de territoire estelle de dessiner ce que sera Cap Atlantique dans dix ans ? Nicolas Criaud : L’objectif de ce projet est bien de porter une vision globale sur les politiques que nous menons au service de notre très belle communauté d’agglomération et pouvoir ainsi se projeter à l’échéance 2030 et au-delà. Un projet de territoire, c’est d’abord la réunion d’élus qui ont souhaité collectivement porter une vision, ce qui permet de donner un cap et de prendre des trajectoires sur les différentes préoccupations d’aujourd’hui et de demain. Sur le principe, il s’agit de donner un cadre, mais c’est aussi donner du sens et de la visibilité à nos actions pour le territoire. Le document commence par cette interrogation: Qui sommes-nous? Alors, est-il si important de savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va ? C’est crucial. Le mot d’ordre qui a été donné pour la construction de ce projet a été de prendre en compte les vingt ans de politique de mes prédécesseurs - je salue d’ailleurs Yves Métaireau qui a été à la tête de Cap Atlantique pendant vingt ans - et nous avons fait cela dans le respect des orientations prises. Nous avons voulu nous projeter sur ce que nous souhaitons avoir comme territoire à une échéance plus lointaine. Vous mentionnez beaucoup l’environnement et l’écologie : c’est la nature même de notre territoire… C’est pour cela que cette Prospective ► Le président de Cap Atlantique présente le projet de territoire 2030 Nicolas Criaud : « Il y a une chose qui fait consensus auprès de tous : c’est notre cadre de vie. » Les élus de Cap Atlantique viennent de présenter le projet de territoire 2030. Un projet de territoire est une démarche volontaire de la collectivité qui vise à fixer un objectif et des trajectoires pour les prochaines années. Il trouvera son application et sa mise en œuvre au sein des différentes politiques sectorielles conduites, tant par la Communauté d’Agglomération dans l’exercice de ses compétences, que par les communes constituant le « bloc local ». Le document rappelle : « Le territoire s’est construit sur un passé, sur une longue histoire, riche de sa diversité, et qui a toujours su trouver dans ses « communs » (marais, sel, océan…) les leviers pour affronter les défis de son temps ». Ainsi, « notre projet est qu’en 2030 notre territoire soit entre terre et océan, une terre des possibles, un écrin océanique en mouvement, à partager, à protéger et à optimiser, une terre qui se forge jour après jour dans nos mains, un territoire conscient des qualités uniques de son environnement et des enjeux qui y sont liés, un territoire offrant un cadre de vie attractif pour tous et un territoire épanoui et ouvert sur son temps comme sur son univers ». Les ambitions sont les suivantes : « Un territoire accélérateur de la transition énergétique, un territoire porteur du bien vivre pour tous et un territoire uni et intégré au profit du dynamisme global ». Nous évoquons ce sujet avec Nicolas Criaud, maire de Guérande et président de Cap Atlantique. construction est bien faite par rapport à notre territoire. Nous avons d’énormes atouts, une attractivité incroyable... Chacun réalise cela. La première spécificité, c’est que nous sommes un territoire d’eau, entre l’océan, les fleuves ou le parc naturel régional de Brière. C’est un territoire très contraint, qui a une richesse incroyable en termes de biodiversité, mais aussi d’équilibre entre différentes activités, que ce soit l’économie primaire, le service ou le tourisme. Je rappelle que nous sommes un territoire de 75 000 habitants et, en période estivale, nous sommes une population de 360 000. Nous devons donc traduire cette situation en replaçant l’usager au centre de nos politiques. Nous devons traduire nos politiques dans le quotidien de chaque ville et de chaque usager. En ce qui concerne la question du logement, comment pouvez-vous agir ? Nous sommes soumis à un aménagement du territoire. Cela se matérialise par un schéma de cohérence territoriale qui fixe les règles en termes d’urbanisme et d’aménagement, et qui tient compte de toutes ces contraintes qui font notre force, comme la loi Littoral, la loi Natura 2000, ou la protection des espaces agricoles. Il y a des règles et les élus doivent porter ce règlement, en avançant aussi lorsque nous sommes confrontés à des solutions assez difficiles à mettre en œuvre. Aujourd’hui, l’habitat fait partie de notre quotidien et nous devons être en mesure de fournir un parcours résidentiel à tous ceux qui veulent vivre sur notre territoire, que ce soient des jeunes retraités ou des jeunes actifs. On ne peut pas voir l’habitat sur ce seul volet, on doit aussi travailler sur la mobilité et l’emploi. Nous travaillons avec le syndicat mixte de transports Lila, mais nous devons aller plus loin dans la réflexion. Aujourd’hui, sur les trajets qui vont de la Presqu’île au bassin de Saint-Nazaire, c’est à peu près 65 000 déplacements quotidiens. Nous devons aussi porter de nouvelles formes de déplacement : je pense au covoiturage ou aux déplacements de groupes. Nous sommes un territoire attractif et, sur les 15 communes, nous avons 52 % de résidences secondaires et 48 % de résidences principales. Sur ce parc, 75 % sont propriétaires, ce qui signifie que le parc locatif ne représente qu’un quart des résidences principales. Trois communes vont expérimenter le dispositif de bail réel solidaire Quelqu’un qui a un deux-pièces à louer préfère faire du Airbnb : seriez-vous prêts à imiter La Baule pour restreindre les logements Airbnb ? Chaque commune est dans une configuration différente. Si je compare Guérande à d’autres communes, Guérande est à 17%de résidences secondaires. Certains de mes collègues ont jusqu’à 70 % de résidences secondaires. La politique de l’habitat est entre les mains de chaque maire et ce qui peut être mis en place sur une commune ne l’est pas forcément sur un autre périmètre. Nous avons un plan logement qui définit la production d’un certain nombre de logements et il existe des outils. D’ailleurs, trois communes vont expérimenter le dispositif de bail réel solidaire. Concrètement, on distingue le terrain du bâti dans la propriété immobilière… Exactement. On dissocie le terrain du bâti et les futurs accédants à la propriété achèteront uniquement les murs, mais pas le foncier. Il y aura des conditions de ressources, on vise les ménages éligibles au prêt à 0 %, et il y aura un prix encadré. S’ils souhaitent revendre leur bien quelques années plus tard, le bien sera évalué par un indice du coût de la construction et les futurs acquéreurs devront répondre à la même situation de revenus. Le loyer du futur propriétaire sera modique, puisqu’il s’agira seulement d’un loyer pour l’occupation du foncier. Pour l’instant, ce sont les communes du Croisic, du Pouliguen et de Guérande qui vont proposer ce bail réel solidaire. Les investisseurs dans l’immobilier sont de moins en moins nombreux : comment résoudre le problème de la baisse du volume de biens à la location, alors que de plus en plus de dossiers de crédit sont refusés par les banques ? Aujourd’hui, compte tenu du contexte géopolitique, avec une remontée des taux d’emprunt, un dossier sur deux n’aboutit pas. Tout ceci vient enrayer le mécanisme, alors que nous avons une nécessité forte de produire des logements, que ce soit en accession ou en location.

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