La Baule+

la baule+ 12 // Octobre 2022 Société ► Le président de la Fédération nationale des chasseurs réagit au rapport sénatorial sur la chasse Willy Schraen : « Nous sommes dans une forme d’inquisition, parce que l’écologie est devenue quasiment une religion aujourd’hui. » La Baule + : L’image de la chasse est-elle devenue plus positive depuis quelques années, notamment sur le rôle écologique des chasseurs ? Ou êtes-vous plus partagé ? Willy Schraen : Je suis plus partagé, car la chasse subit des attaques très dures sur le plan médiatique, pour la plupart injustifiées. D’autres peuvent être discutées, mais nous sommes dans une spirale où des partis politiques ont pris la chasse en point de mire. Ces gens font des listes d’interdictions pour le monde rural, dont la chasse, car il faut savoir que ces gens visent toutes les activités rurales liées aux traditions, aux transmissions ou à l’économie. L’idéologie écologiste et animaliste est en train de gangrener notre société Est-ce le prolongement de la woke idéologie avec, par exemple, les récents propos sur le barbecue ? Nous sommes dans une spirale de l’interdiction et de la stigmatisation. La chasse a toujours existé. Il y a toujours eu des gens qui n’aimaient pas la chasse, mais aujourd’hui les gens disent : « Je n’aime pas la chasse, je ne veux pas que tu chasses... Je ne mange pas de viande, alors je ne veux pas que tu en manges… » Nous sommes dans une intolérance extrêmement violente et brutale, et l’idéologie écologiste et animaliste est en train de gangrener notre société. Il y a toute une frange de la société, à laquelle j’appartiens, qui est stigmatisée. Pour certaines personnes, l’écologie punitive est devenue un idéal et, à partir de là, elles brandissent cet étendard. Nous sommes dans une forme d’inquisition, parce que l’écologie est devenue quasiment une religion aujourd’hui, avec tout ce que cela peut représenter comme danger et comme violence vis-à-vis des gens qui peuvent ne pas partager cette position. Cette violence ne peutelle pas se comprendre si vous vous mettez dans la peau de ces gens qui prennent au premier degré tous les discours et croient sincèrement que le monde va s’éteindre d’ici à quelques années ? Vous avez raison, il n’y a aucune prise de recul. Il est indéniable que nous sommes dans une phase de réchauffement climatique. Cette phase fait-elle partie des cycles habituels qui se sont produits sur notre planète ? La présence humaine a-t-elle une incidence directe ? Probablement oui, sur certaines parties de cette phase de réchauffement climatique. Pour autant, faut-il faire acte de contrition de tout ce que nous sommes et de tout ce que nous représentons ? On sait que la planète ne va pas disparaître dans vingt ou trente ans. Il y a des technologies, il faut accompagner cette mutation écologique, personne ne peut être contre cela. Mais il faut savoir mettre le curseur. On ne va pas tous vendre nos voitures et s’éclairer à la bougie en espérant que cela va sauver la planète. C’est n’importe quoi que de dire cela, mais il y a des gens qui le disent et, à force de le répéter, on fait peur aux gens. C’est un peu comme une religion. Les politiques qui s’expriment sur ce sujet font tout pour culpabiliser les gens. Cela alimente leur tiroir-caisse électoral, mais c’est tellement bien fait que cela amène leur auditoire à douter. Quand on voit l’impact carbone de notre pays sur l’échelle planétaire, nous sommes le modèle de ce qu’il faut faire. Néanmoins, on continue à s’acharner sur nous à des fins politiques. L’enjeu, derrière tout cela, c’est la nourriture. En effet, vous avez des gens qui ont investi beaucoup d’argent sur un changement alimentaire de la planète, avec la viande de synthèse et des brevets alimentaires liés aux végétaux. Ce n’est pas innocent. C’est pour cela que certains nous culpabilisent quand on mange une côte à l’os grillée sur un barbecue! On est des machos et, en plus, on détruit la planète parce que l’on mange de la viande ! Il y a aussi des médecins qui redoutent d’évoquer les conséquences sanitaires de l’absence de viande sur l’alimentation, notamment pour les plus jeunes, avec les carences en fer, en protéines ou en vitamine B12… Ils ont effectivement peur de dire cela, mais s’il y a un problème vis-à-vis de la viande, on peut toujours imaginer d’en manger un peu moins et de manger de la viande de meilleure qualité ! Nous ne sommes pas sourds à la question de la maltraitance animale. Les chasseurs et les ruraux comprennent tout cela. Mais partir sur l’idée d’imposer une alimentation non carnée à la population, avec des La saison de la chasse a commencé le 18 septembre dernier. Or, au même moment, le Sénat a publié un rapport sur ce sujet. En effet, à la suite d’une pétition qui avait recueilli plus de 120 000 signatures, le Sénat avait lancé une mission sur la question de la sécurité à la chasse. Au centre des débats, s’inscrivait la volonté de certains élus et d’associations anti-chasse de créer un jour sans chasse. Cette demande a été écartée dans le rapport rendu par les sénateurs. Le Sénat a émis d’autres préconisations, comme la possibilité d’appliquer les mêmes restrictions en termes de consommation de drogue et d’alcool que pour le Code de la route. Autres propositions : le renforcement des formations fournies aux chasseurs, ainsi que l’obligation de fournir un certificat médical tous les ans. Un rapport que fustige la Fédération nationale des chasseurs, qui estime que ces mesures constituent des atteintes à la liberté : « Ce rapport sur la sécurité à la chasse, avec ses 30 propositions liberticides, a oublié d’en mentionner une 31e : interdire tout bonnement la chasse ! » Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, est souvent présenté comme un proche d’Emmanuel Macron.

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