La Baule+

la baule+ Mars 2022 // 11 Nous vivons depuis une trentaine d’années dans un régime d’intolérance générale. Nous qui sommes les héritiers présumés d’une société qui aime débattre et se frotter aux idées des autres, nous ne supportons plus la contradiction, faute d’arguments. Nous payons quarante ans d’idéologies et d’idées toutes faites, mais aussi de conformisme et de refus de se laisser ébranler par les réalités. Les idéologies progressistes, mondialistes et antiracistes, qui ont construit la pensée dominante, se heurtent aujourd’hui aux réalités auxquelles elles n’avaient pas voulu se confronter. Je pense à la segmentation de la société, à la colère populaire ou à la montée des inégalités sociales. On voit bien que ces gens qui se disaient progressistes ont abandonné le peuple et la Nation. C’est ce qui apparaît aujourd’hui dans ce maccarthysme qui poursuit les quelques rares observateurs qui disent que le roi est nu et que le peuple est abandonné. Face à cela, on vous répond que vous êtes quasiment un fasciste ou un nazi. C’est le sort qui a été réservé aux Gilets jaunes ou au Convoi de la Liberté, c’est-à-dire des Français de la France humiliée qui montent à Paris pour essayer de rappeler qu’ils existent. Ils sont insultés par l’État et on leur envoie même des véhicules blindés... J’ai vu les Champs-Élysées occupés par les chars face à un peuple en colère qui voulait protester. Rendez-vous compte de ce que l’on aurait dit, si l’on avait vu cela dans des pays soviétisés ! Dans le même temps, les cités sensibles sont en insurrection en permanence et le pouvoir se garde bien d’envoyer ces mêmes véhicules blindés. Je suis révolté par ces deux poids deux mesures. Comment se fait-il que vos idées soient minoritaires ? Il y a l’écume et la société enfouie. À l’évidence, je suis minoritaire dans ma profession, parce que mon discours est à rebours du conformisme officiel, mais il me semble tout de même que ce que je dis a une résonance. Je vois que la vérité fait peur et, si je suis apparemment minoritaire, c’est parce que les gens ont peur et cette politique de la peur a eu les conséquences voulues par le pouvoir. Les gens sont devenus dociles sur un certain nombre de sujets. Mais vous observerez qu’il y a quand même de belles réserves de réactivité. Quand les premiers Gilets jaunes débarquent - je ne parle pas de ceux qui ont été infiltrés par l’extrême gauche - c’est quand même bien le signe d’une révolte sourde qui commence à exploser. Je suis peut-être minoritaire face au pouvoir médiatique, mais je ne suis pas sûr d’être minoritaire au cœur de la France profonde. Je suis plutôt même en résonance, car je rappelle que ma vocation de journaliste est née dans la France profonde. J’ai commencé à Nantes pendant huit ans et j’ai appris à me confronter à la vie des gens. J’ai toujours voulu être le porte-parole de ceux qui n’ont pas la parole. (Suite page 12) Ivan Rioufol : « Nous vivons depuis une trentaine d’années dans un régime d’intolérance générale. »

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