La Baule+

la baule + L’essentiel de la presqu’île guérandaise ! Mensuel gratuit d’ informations - N° 210 - Décembre 2021 NE JETEZ PAS CE JOURNAL SUR LA VOIE PUBLIQUE : RAPPORTEZ LA BAULE+ CHEZ VOUS ! RESTAURANT Le Nomade : des Couscous et des Tajines Page 5 BONNES ADRESSES Maï Épicerie Fine : la passion du bon produit Page 17 CADEAUX Offrir un panier gourmand avec Trésorsdesrégions.com Page 12 Anne Roumanoff GASTRONOMIE Lebeaupin : le mareyeur des maisons de qualité Page 4 Page 32 « C’est très beau et c’est très chic, La Baule. » DÉCEMBRE 2021 : 30E ANNIVERSAIRE DE LA CHUTE DE L’URSS Francophonie Ilyes Zouari Entretien avec le président du Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone Pages 18 à 20 Photo : Ingrid Mareski Christian Mégrelis : le témoignage exclusif d’un ancien conseiller de Gorbatchev Pages 6 à 9 Littérature Lili Teix Politique fiction : une Bauloise publie un livre de science-fiction très sombre… Pages 28 et 29 ÉVENEMENTIEL Un nouvel élan pour l’agence PMEvents Page 16 AIDE À DOMICILE Petits-fils : une référence dans son domaine Page 22 Immigration Jean-Philippe Lévêque Un ancien administrateur d’une caisse d’allocations familiales estime que l’immigration coûte 51 milliards par an à l’État Pages 14 et 15

la baule+ 2 // Décembre 2021 Noël Magique existe depuis 1999. Pour cette nouvelle édition, la Ville de La Baule a décidé de créer de nouvelles animations et de couvrir toute la commune avec les illuminations de Noël. Le programme de Noël Magique. Spectacles et ateliers à la Bibliothèque Henri Queffelec. Samedi 18 décembre à 14h et mercredi 22 décembre à 10h30 : atelier « Les aquarelles de Noël » avec initiation à l’aquarelle et création de carte Pop’up Noël, décorations 3D. Gratuit sur inscription. Tout public à partir de 7 ans. Mardi 21 décembre à 16h30 : spectacle « Recrutement aux ateliers du Père Noël » : 2 lutins, des marionnettes et de la musique pour ce drôle de spectacle vraiment magique. Gratuit sur inscription. Tout public à partir de 4 ans. Mercredi 22 décembre à 16h30 : spectacle de Noël « Délivrez les livres : Jingle Bells » proposé par la Compagnie Artbiguë. Entre contes traditionnels de Noël, marionnettes et théâtres d’ombres, la magie de Noël sera au rendez-vous. Gratuit sur inscription. Tout public. Exposition Noël de Russie à l’Espace culturel chapelle Sainte-Anne. L’artiste Pascale Bastianelli organise une exposition « Noël de Russie » : « J’ai fait en 1971 mon tout premier voyage en Russie. C’est le début de la passion d’une vie. Ces 50 dernières années, j’y ai vécu, travaillé et fait des centaines de voyages, au cours desquels j’ai découvert un artisanat d’art exceptionnel et des artistes La Ville de La Baule décide d’étendre Noël Magique dans toute la commune au talent inouï. Fascinée, j’ai décidé, il y a plus de 20 ans de changer de vie pour me consacrer exclusivement à les faire connaître en France et en Europe. Déjà collectionneuse passionnée, je deviens galeriste, acheteuse d’art et conceptrice d’expositions sur mesure. » Pascale Bastianelli nous invite à découvrir un autre visage de la Russie : « Ce pays, que nous connaissons encore malheureusement très mal en France et en Europe, je le fais découvrir autrement et je propose un voyage inattendu qui surprend et séduit les visiteurs. A ce jour, plus de 2 millions de personnes ont vu mes expositions et ont été conquises. Des records de fréquentation ont été battus, partout où elles ont été présentées. » Un marché de Noël Place de la victoire et à Escoublac. Le quartier d’Escoublac sera animé avec un marché de Noël de 20 chalets du 9 au 12 décembre. Du 15 au 31 décembre, retrouvez 20 chalets place de la Victoire. Chalets : Alimentaire (Drouillet, Marylou, Chichis, vins chauds, saumons fumés…), décoration (fleurs de Noël, décorations en bois…), produits artisanaux (bijoux, textiles, jeux en bois…) Animations sur le marché de Noël : Présence du Père Noël, orgue de barbarie, chorale de Gospel Joy Connection le 18 décembre à 15h. Le village secret du Père Noël au Bois des Aulnes. Sur une surface de 1 000 m2, découvrez 22 scènes majeures sur le thème du village secret du Père Noël, un chapiteau de 100 m2 abritant la scène finale de « La salle des fêtes du village du Père Noël ». 75 personnages et éléments automatisés et 95 éléments de décors. L’histoire est la suivante : «Après avoir, tout au long de l’année, fabriqué les jeux, les jouets et les friandises qui seront offerts aux millions d’enfants dans la nuit du 24 décembre, les lutins ont quartier libre. Il est temps maintenant pour eux de s’amuser, de rire et de se divertir dans la forêt magique et le village secret du Père Noël... » Des structures lumineuses 3D dans tous les quartiers. Dans toute la ville, des structures lumineuses en 3D sont installées pour animer et embellir les quartiers. Mise en service de la navette gratuite. La navette gratuite circulera du 18 décembre au 2 janvier. Cette navette électrique sera opérationnelle durant toute la période des festivités, 7 jours sur 7 y compris les jours fériés. De 14h00 à 20h30 du parking des Salines jusqu’au Bois des Aulnes (départ toutes les 20 minutes).

la baule+ Décembre 2021 // 3 Le Musée Bernard Boesch accueille Elfrid Auvray en résidence du 4 décembre au 2 janvier. L’artiste vient de terminer une exposition à la mairie du VIe arrondissement de Paris et elle s’installe au Pouliguen pour présenter « Horizons croisés » : « C’est une quinzaine de toiles que j’ai réalisées essentiellement pendant le confinement. Comme j’habite à La Baule à l’année, je voulais aussi faire profiter les habitants de la presqu’île de mon travail. Jem’inspire de l’air du temps et de cette envie prégnante de liberté, où l’homme rêve de grands espaces en osant désormais les aborder. C’est ce besoin qui imprègne l’horizon sans limite avec des personnages. En effet, ce confinement m’a fait prendre Elfrid Auvray, artiste en résidence au Musée Bernard Boesch, présente « Horizons croisés » conscience de ma crainte de vivre sans les autres et de ce besoin vital de liberté. L’empreinte sociale marque de plus en plus mon travail ». Elfrid se souvient du premier confinement: «Lamise en danger pousse à la création. C’était angoissant de voir les plages désertes. On a vraiment pris conscience de la place de l’humain et de la nécessité d’avoir des relations sociales, on ne peut pas être tout seul. Il y a une toile que j’appelle « L’artiste évadé », c’est un horizon avec un seul personnage. L’idée d’être seul au monde est angoissante, donc les humains ont progressivement envahi mes toiles.» Des cours gratuits pour apprendre à traduire ses émotions Elfrid Auvray évoque son processus créatif : « Je travaille énormément à partir de photos. Je fais un croquis, ensuite je fais évoluer mon tableau, en deux ou trois fois. Parfois, je ne sais pas très bien où je vais aller, il est nécessaire de prendre du recul et, lorsque je rentre vraiment dans mon paysage, les choses fonctionnent. » A l’occasion de sa résidence au Musée Boesch, Elfrid donnera des cours gratuitement sur sa technique, notamment pour apprendre à traduire ses émotions : « Les artistes ont besoin de traduire leurs émotions sur une toile, ensuite il faut beaucoup de travail. Les gens peuvent s’inscrire, ce sont des cours gratuits. On peut venir avec une photo, ensuite on travaillera à partir de ce cliché, chacun mettra à sa manière les émotions qu’il voudra. » Les cours auront lieu les samedis 4, 11 et 18 décembre de 10h à 12h30. Inscriptions au 02 40 01 53 08. Musée Bernard Boesch, 33, rue François Bougouin au Pouliguen. Ouverture du jeudi au dimanche de 14h à 18h30. Franck Louvrier, maire de La Baule, a décidé de rendre hommage à Jacques Chirac en donnant son nom au Palais des Congrès. En présence de Claude Chirac, fille de l’ancien président de la République, il a rappelé que « cet homme d’État, à la stature internationale, aura marqué notre histoire politique pendant plus de 50 ans. A tel point qu’après ses adieux à la vie publique, à partir de 2007, il était devenu dans l’opinion la personnalité politique préférée des Français. » Jacques Chirac aura également marqué l’histoire par sa position sur l’Irak: « N’oublions pas dans le domaine de la politique étrangère son opposition à la guerre en Irak en 2003, qui a largement contribué à conforter sa stature internationale ainsi que sa popularité au sein du monde arabe. C’est donc la mémoire de cet homme d’État exceptionnel, planétaire, que la Ville de La Baule-Escoublac entend honorer. » Le maire de La Baule a par ailleurs précisé que Jacques Chirac connaissait bien La Baule à titre privé : « Jacques Chirac et sa famille aimaient beaucoup La Baule. Ils avaient eu l’occasion d’y séjourner à maintes reprises envillégiature.» Jacques Chirac avait inauguré le Palais des Congrès le 7 mai 1987, en présence du député-maire de La Baule de l’époque, le gaulliste Olivier Guichard : «Même si ces deux hommes avaient pu avoir eu des différends sous les années Giscard, ils avaient su les effacer pour mieux se retrouver» a indiqué Franck Louvrier. Atlantia devient le Palais des Congrès et des Festivals Jacques Chirac - Atlantia

la baule+ 4 // Décembre 2021 Gastronomie ► Dans les coulisses de l’approvisionnement des poissonniers et des restaurateurs Lebeaupin : le mareyeur des maisons de qualité Comment s’approvisionnent les restaurateurs et les poissonniers ? On vous explique souvent que tel poisson a été pêché quelques jours plus tôt à tel endroit, c’est vrai, mais pour autant, dans la majorité des cas, ce n’est pas le poissonnier ou le restaurateur qui est allé directement à la criée faire ses emplettes… Dans l’univers des mareyeurs, la maison Lebeaupin est une référence. Elle est centenaire, toujours contrôlée par la famille Lebeaupin, et elle n’a jamais voulu se disperser vers d’autres secteurs de l’alimentaire. Monique Lebeaupin revient sur l’histoire de l’entreprise : « Avec notre fils Thibaud, ce sera la quatrième génération ! À l’origine, nous sommes une famille de pêcheurs de Loire qui avaient ouvert une poissonnerie de détail à Nantes, à côté du marché aux poissons, et qui avaient également un poste au marché de gros. Nous sommes les plus anciens dans le commerce de gros. Ensuite, ils ont abandonné le détail pour se consacrer exclusivement au commerce de gros. On a vu toutes les entreprises se faire racheter par de grands groupes, mais nous avons toujours voulu rester une entreprise artisanale qui défend des valeurs, notamment la qualité, la fraicheur et le circuit court. » Le cœur de l’entreprise, qui est basée à Nantes, donne l’apparence de la salle de marché d’une banque, mais au lieu d’acheter et de vendre des actions, ce sont des tonnes de poissons en fonction des arrivages dans les différentes criées. On est loin de l’image du mareyeur avec son bloc-notes et son stylo posé sur l’oreille! D’abord, il faut acheter le poisson à la sortie des bateaux… Pour certains ports, c’est un répondeur téléphonique qui est réactualisé en fin d’après-midi, tandis que pour d’autres, c’est un SMS qui indique le tonnage selon les variétés de poissons. Ainsi, en fonction des annonces sur les tonnages et les variétés disponibles, les mareyeurs prennent la décision d’aller chercher les poissons et, pour les criées où ils ne sont pas forcément présents physiquement, l’achat se fait par Internet à partir de la salle de marché. Les équipes se relaient 24h sur 24 et c’est dans la nuit que les camions vont chercher les marchandises dans les différentes criées, avant de les préparer pour les livrer vers les poissonniers et restaurateurs. Nous sommes sur une région où les flottes sont encore artisanales, avec des petits bateaux L’organisation permet de garantir le circuit court : «On arrive à faire du moins de 24 heures entre la pêche et l’assiette ! C’est un circuit très court. Nous avons des équipes qui embauchent à 19 heures et qui travaillent toute la nuit. Nous sommes capables de livrer nos premiers clients en quelques heures » explique Monique Lebeaupin. Par ailleurs, les poissons sont toujours frais, car, poursuit-elle, « nous sommes sur une région où les flottes sont encore artisanales, avec des petits bateaux. Ce ne sont pas des gens qui partent pour huit ou quinze jours, mais seulement sur deux ou trois jours maximum. Donc, le poisson est toujours très frais. Il y a des pêcheurs qui sortent seulement une journée et le poisson est aussitôt vendu en criée. C’est vraiment en direct ! » Évidemment, les prix évoluent en fonction de l’offre et de la demande: « On peut avoir de gros volumes et les prix peuvent monter si la demande est forte, mais on peut avoir des petits volumes et voir les prix baisser si la demande est faible… Notre présence tant physique que par Internet nous permet d’être très réactifs sur nos achats. » Une grande diversité d’offres avec toujours du poisson frais La maison Lebeaupin est souvent présentée comme le mareyeur des maisons de qualité, car l’exigence est forte : « Nous refusons de vendre certains produits qui ne rentrent pas dans nos valeurs et dans notre charte de qualité. Nous proposons ce qu’il y a de mieux, car tous les lots à défauts sont systématiquement écartés. Les poissons sont classés en trois catégories, « extra », « bien » et « moins bien », et il nous arrive d’être déçus et de déclasser certaines pièces. » Les cuisiniers ont ainsi l’assurance d’avoir une grande diversité d’offres avec toujours du poisson frais: « Nous faisons aussi des suggestions à nos clients en fonction des arrivages. Nous travaillons avec tous les professionnels de la filière, notre référencement Produits Bio et agrément vétérinaire est un gage de qualité et nous apportons une garantie de traçabilité. » En tant que négociant, Lebeaupin travaille en direct avec les restaurateurs, les distributeurs, mais aussi avec des grossistes, comme certains à Rungis, qui peuvent venir se fournir à Nantes. L’entreprise a beaucoup investi pour son développement et c’est la seule, dans le Grand Ouest, à avoir une tour à glace qui produit 11 tonnes de glace chaque jour. On comprend l’utilité pour les transporteurs et les poissonniers, mais pas seulement… Insolite : une équipe de handball féminine a besoin de faire des bains de glace pour des sportifs de haut niveau et elle vient chercher sa glace… chez Lebeaupin. Une belle PME familiale qui défend des valeurs très attendues par les consommateurs et, si vous voyez un camion Lebeaupin livrer un restaurant ou une poissonnerie, vous pouvez être rassuré sur la qualité de ce qui vous sera servi dans votre assiette. Jean Lebeaupin, Pôle Agropolia, 3, rue Suzanne Noël, boulevard Léonard de Vinci, 44000, Rezé. Tél. 02 40 47 65 44. Le cœur de l’entreprise donne l’apparence de la salle de marché d’une banque Thibaud, Monique et Jean-Pierre Lebeaupin

la baule+ Décembre 2021 // 5 Depuis plusieurs années, le Couscous est le plat préféré des Français, mais sur la Presqu’ile Guérandaise, il y a peu d’établissements spécialisée dans la cuisinemarocaine. Camille et Adrien, originaires de la région, ont décidé de lancer en juillet dernier Le Nomade, face à la Poste du Pouliguen. Cette adresse a tous les atouts pour devenir un lieu incontournable et met l’accent sur une cuisine méRestaurant ► La gastronomie marocaine au cœur du Pouliguen Le Nomade : la nouvelle adresse pour déguster des Couscous et des Tajines diterranéenne avec une carte signée par le Chef Adrien. Expérimenté et ayant travaillé dans d’excellentes adresses de la région, la découverte de la cuisine marocaine s’est effectuéee naturellement pour lui : « Nous proposons une cuisine placée sous le signe du Soleil et nous privilégions des produits de qualité pour des plats faits maison, tout en respectant l’identité des plats traditionnels ». En proposant des couleurs dans l’assiette tel un été permanent, Le Nomade offre une cuisine accompagnée d’aromates et d’épices, et la surprise se fait par l’éventail des saveurs : Couscous, tajines, poissons grillés entiers, planches, paëlla royale, tapas, poissons et viandes. L’ambiance du restaurant correspond aussi à leur image, un cadre traditionnel, élégant, où la convivialité est à l’honneur avec une décoration élaborée par Camille, incitant les clients nomades au partage. Elle résume son positionnement en voulant les dépayser et le nom « Nomade » est synonyme d’une adresse chaleureuse conviant au voyage. Un moment de convivialité en famille ou entre amis autour d’un bon couscous Le pari est réussi, Le Nomade vous invite ainsi à découvrir le bon et le beau. Les nuances d’or scintillantes et les ocres évoquant le sable du Sahara, les touches de rouge, rose et orange rappelant les couchers de Soleil, la couleur des palmiers oasiens donnant sur la jolie place de la Poste… Le Nomade dispose donc de tous les atouts pour devenir l’adresse à laquelle on pense naturellement quand on a envie de partager un moment de convivialité en famille ou entre amis autour d’un bon couscous. Voyageurs nomades ou clients habitués, tous disent avec humour que depuis la découverte de ce lieu… ils ont moins envie d’être nomades, mais de rester fidèles à ce restaurant. L’équipe vous attend pour une étape faite de chaleur et de saveurs. Le Nomade, 3 place Mauperthuis au Pouliguen. Ouvert à l’année du mercredi au dimanche inclus et 7 jours sur 7 en période de vacances. Vente à emporter et commandes sur restaurantlenomade.fr ou au 02 40 01 69 78.

la baule+ 6 // Décembre 2021 La Baule + : Vous étiez aux premières loges lors de l’effondrement de l’Union soviétique, car vous étiez au cabinet de Mikhaïl Gorbatchev afin d’enseigner aux Russes l’économie de marché dans le cadre de la perestroïka. Comment les choses se sontelles passées ? Christian Megrelis : J’ai été consulté par des amis économistes de l’Académie des sciences de l’URSS pour promouvoir en Europe, auprès des chefs d’entreprise, la perestroïka économique, c’est-à-dire le programme de privatisation de l’économie soviétique. Pendant deux ans, j’ai organisé des conférences dans différentes capitales, en France, au Canada, aux États-Unis, en Angleterre, en Espagne, en Belgique et dans d’autres pays, pour demander à des chefs d’entreprise de venir écouter des responsables soviétiques qui allaient leur expliquer ce qu’était la perestroïka économique de l’Union soviétique. J’ai demandé à Raymond Barre de présider ces conférences et il a accepté très volontiers. Cela a duré un an et demi, entre 1989 et 1991. Nous avons ensuite créé un club pour les très grandes entreprises pour organiser des rencontres avec le président Gorbatchev afin d’évoquer les investissements étrangers en URSS. Ce club a fonctionné jusqu’en décembre 1991. Les plus jeunes résument la chute de l’Union soviétique à l’effondreHistoire ► Un conseiller de Gorbatchev raconte l’effondrement de l’URSS depuis le Kremlin Christian Mégrelis : « La chute de l’URSS a entraîné le plus grand pillage de l’histoire de l’humanité, tout à fait légalement… » Mikhaïl Gorbatchev s’était entouré d’un seul étranger pour le conseiller : le Français Christian Mégrelis, qui était en charge des questions économiques dans le cadre de la perestroïka. Christian Mégrelis avait un bureau au Kremlin et il a vécu en direct l’effondrement de l’URSS lors du coup d’État d’août 1991. À l’occasion des 30 ans de la fin de l’URSS, symbolisée par la démission de Mikhaïl Gorbatchev le 25 décembre 1991, Christian Mégrelis témoigne pour la première fois de ce qu’il a vécu à l’intérieur du cercle rapproché de l’un des hommes qui ont bouleversé la fin du XXe siècle. Christian Mégrelis, X, HEC, Sciences Po, est chef d’entreprise, essayiste et écrivain. Après quelques années au ministère de la Défense, il s’est orienté vers les marchés internationaux en 1970 et son groupe est installé en Russie depuis 1989. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages publiés aux ÉtatsUnis, en France et en Asie sur la géopolitique, les relations internationales et le christianisme. « Le naufrage de l’Union soviétique: choses vues », de Christian Mégrelis, est publié chez Transcontinentale d’édition. ment du Mur de Berlin en 1989, or il convient de préciser que c’est intervenu deux ans plus tard… La chute du Mur de Berlin, c’est une chose, la chute de l’Union soviétique c’est quelque chose de différent. Il y a deux ans d’écart. C’est Mikhaïl Gorbatchev qui a accepté qu’on laisse casser le Mur, parce qu’il aurait pu répliquer avec des mitrailleuses, mais les choses se sont bien passées. D’ailleurs, toute cette révolution s’est passée sans victimes et, dans l’histoire de l’humanité, il n’y a pas d’autre exemple d’empire qui se soit effondré sans faire un seul mort. L’URSS s’est effondrée, il n’y a pas eu un seul mort. L’armée n’a pas pris les armes, il n’y a pas eu de guerre civile... Cette révolution s’est faite par consensus. Est-ce aussi parce qu’ils ont été pris de court au moment de la chute du Mur de Berlin en raison de la célèbre bourde d’un ministre d’Allemagne de l’Est ? Celui-ci annonçait l’autorisation pour le peuple de passer à l’Ouest sans visa et un journaliste lui a demandé à partir de quand. Il était un peu perdu et il a répondu : maintenant... Quelques minutes plus tard, des centaines de milliers de personnes se sont ruées vers le Mur… Ce qui est encore plus incroyable, c’est que l’armée soviétique aurait pu réagir comme à Budapest. Mais elle n’a pas bougé, parce que Mikhaïl Gorbatchev ne leur a pas donné l’ordre de bouger. Il y avait des dizaines de milliers de soldats soviétiques en Allemagne de l’Est qui sont restés dans leurs casernes. Gorbatchev était acquis à l’idée de la démocratie L’objectif de Mikhaïl Gorbatchev était-il d’effectuer une transition en douceur pour amener tous ces pays vers l’économie de marché ? L’objectif était d’arrêter la mainmise du Parti communiste sur ces pays. Il connaissait bien de l’intérieur le système communiste, on le voit d’ailleurs aujourd’hui en Chine, il savait très bien que c’était la mainmise d’une centaine de familles sur le pays. Cela ne pouvait pas durer. C’était une petite oligarchie et il avait compris que l’on ne pouvait pas maintenir un grand pays du XXe siècle, et du XXIe siècle, avec un système pareil. Gorbatchev était acquis à l’idée de la démocratie. Son objectif était de progresser lentement, mais sûrement, vers un système démocratique. Il se rendait compte de l’inefficacité de l’économie soviétique et il voulait que cette économie se transforme en économie privée, y compris en faisant appel à des entreprises étrangères dans les domaines où les technologies étaient insuffisantes en URSS. L’objectif n’était pas de dissoudre l’URSS : pour Gorbatchev, l’URSS était un empire qui avait des siècles devant lui et il n’y avait aucune raison de dissoudre l’URSS. Il avait donné l’indépendance aux satellites, comme les Hongrois ou les Polonais mais, pour ce qui était le cœur de l’URSS, c’est-à-dire les grandes républiques d’Asie centrale, cette zone devait rester unie. Je travaillais directement au Kremlin, j’avais mon bureau Vous racontez le putsch de Moscou que vous avez vécu en direct au cours de l’été 1991 : que faisiez-vous à l’époque et où étiez-vous ? Je travaillais sur un programme de privatisation, le plan des 500 jours, avec l’Académie des sciences de l’URSS, avec des économistes russes de haut

la baule+ Décembre 2021 // 7 niveau, partisans de l’économie de marché, sous la houlette du président Gorbatchev lui-même. Nous étions une vingtaine de personnes. J’étais le seul étranger au sein de l’équipe et on me posait des questions sur telle ou telle idée de réforme. Nous avons commencé à publier ce plan au moment du putsch. Je travaillais directement au Kremlin, j’avais mon bureau, et j’avais également un bureau à l’Académie des sciences de l’URSS à Moscou. En Europe de l’Ouest, personne ne s’attendait à une reprise du pouvoir par les partisans d’une ligne dure… On ne s’attendait pas du tout à cela. D’ailleurs, Gorbatchev partait en vacances. Il préparait sa rentrée. Nous avions un programme très important pour 1992 et il n’y avait aucun signe. Tout cela parce que ce n’était pas un putsch conduit par le comité central du Parti communiste, mais par une aile du comité central, l’aile la plus communiste et la plus conservatrice, qui représentait à peine 10 % du comité central et qui avait gardé le secret vis-à-vis de leurs collègues. Il y a eu une alliance hétéroclite entre cette partie conservatrice, quelques ministres, dont le ministre de l’Intérieur, pour que la police soit du côté des putschistes, mais il n’y avait pas de militaires. Le KGB était également du côté des putschistes. D’ailleurs, le coup d’Etat a été un échec lorsque les militaires ont refusé de bouger. L’affaire des chars, face à la Maison Blanche à Moscou, c’était un régiment de chars qui avait accepté d’entrer dans Moscou, mais qui avait refusé de tirer sur la Maison Blanche qui était le siège du Parlement, la Douma, qui était contre le putsch. À ce moment-là, Boris Eltsine est sorti en montant sur un char et en agitant un drapeau. Gorbatchev a perdu la main parce qu’il était tenu prisonnier par les putschistes et Boris Eltsine a décidé de jouer son propre jeu. Qui était Boris Eltsine, qui n’était alors pas connu en Occident ? Il était déjà très connu en Russie. C’était dès le départ l’ennemi de Gorbatchev, parce qu’il voulait être calife à la place du calife. Il faut comprendre comment était organisé le Parti communiste en Union soviétique : il y avait un parti communiste dans chaque République, tous ces partis étaient fédérés au sein du Parti communiste de l’Union soviétique qui était présidé par Mikhaïl Gorbatchev et, en tant que président du PCUS, il était président de l’Union soviétique. Mais, en dessous, vous aviez un parti communiste de la Russie qui était présidé par Boris Eltsine. Il a joué sur cette ambiguïté entre les deux partis communistes pour prendre le pouvoir, puisque le PC de la Russie était le plus important. Pour cela, il fallait que l’Union soviétique disparaisse, puisque cela réglait le problème et Boris Eltsine devenait donc président de la Russie. (Suite page 8) Christian Mégrelis : « Le KGB était du côté des putschistes. »

la baule+ 8 // Décembre 2021 Finalement, les putschistes d’août 1991 à Moscou ont obtenu l’effet inverse de ce qu’ils espéraient, puisque cela a provoqué la fin de l’Union soviétique… Je connaissais un certain nombre de ces putschistes. C’étaient des gens de deuxième catégorie, personne n’était brillant. Ils avaient une vue faussée de l’Union soviétique car ils pensaient qu’il y aurait un soulèvement populaire en faveur du communisme, alors que les gens n’avaient envie que de sortir du communisme ! Cela correspond au fait que les élites soviétiques vivaient sur un sol sans racines. Ils ne savaient pas ce qui se passait en dessous, parce que leur vie n’était faite que de privilèges qui n’avaient rien à voir avec la vie des classes populaires. Il y avait vraiment deux systèmes avec la noblesse et le tiers état. Ce système a promu une noblesse d’État, la nomenklatura, il y avait même un annuaire et, si l’on n’était pas dans cet annuaire, on n’existait pas. C’est exactement ce que l’on voit aujourd’hui en Chine. Il fallait être sur cet annuaire pour avoir des passeports, des visas, aller dans des boutiques pour acheter des produits occidentaux, écrire des articles dans la presse ou éditer un morceau de musique… Ces gens-là représentaient ce qu’il y avait de plus rétrograde dans la nomenklatura, parce qu’il y avait aussi des gens comme Gorbatchev qui étaient des libéraux. La partie la plus rétrograde pensait qu’elle allait être suivie par les autres, mais c’est Boris Eltsine qui leur a coupé l’herbe sous le pied. Il a fait cela d’une façon extraordinairement habile en revenant au berceau de l’Union soviétique, en se souvenant de la manière dont l’Union soviétique a été créée en 1922, et en détricotant les accords qui avaient été signés en 1922. Sous Lénine en 1922, il n’y avait pas encore l’Union soviétique. II y avait des états tsaristes, mais en 1922 les dirigeants des différents partis de l’empire tsariste se sont réunis pour signer un traité d’union fédérale et ils ont appelé cette fédération l’Union des républiques socialistes soviétiques. Ce traité a été signé par les représentants de trois provinces de la Russie, la province russe, la province ukrainienne et la province russe blanche (Biélorussie). Ce sont les représentants des partis communistes de ces trois régions qui ont signé un acte instituant une fédération et, ensuite, les autres républiques, les Caucasiens et les Asiatiques, ont adhéré à cette Union soviétique. Boris Eltsine, qui connaissait bien son histoire, s’est dit que ce qui avait été fait pouvait être défait. Il a parlé avec ses collègues en leur disant : « Si vous voulez être indépendants, signons un traité qui dénonce le traité de 1922. » Gorbatchev a été pris à la renverse. Il ne pouvait plus rien faire car, à partir du moment où les trois fondateurs de l’Union soviétique s’entendaient pour défaire l’Union soviétique, il n’avait plus de siège, puisque l’Union soviétique n’existait plus. Ce n’était même pas une démission, il a quitté le pouvoir. C’est ce qu’il a dit dans son discours du 25 décembre 1991. Le fait d’être Français m’a permis d’avoir un accès immédiat et une confiance immédiate Comment aviez-vous été accepté dans le cercle premier de Mikhaïl Gorbatchev ? Son entourage se méfiait-il de vous ? Pas du tout, cela a duré dix minutes ! Il faut savoir que les Russes ont un tropisme très favorable vis-à-vis des Français. Ce n’est pas du tout comme les Allemands, ce n’est pas du tout comme les Anglais, les Chinois ou les Américains… Les Russes ont toujours été dans l’admiration de la France. Le fait d’être Français m’a permis d’avoir un accès immédiat et une confiance immédiate. C’est quelque chose dont nous n’avons pas conscience en France. Dans le monde, il n’y a pas beaucoup de pays pour lesquels la France est au fond la mère des arts, des armes et des lois, mais il y a la Russie. Même aujourd’hui, quand un Russe veut être cultivé, il se tourne uniquement vers la France, ce n’est pas vers l’Amérique. L’Amérique, c’est pour faire du business, l’Angleterre c’est pour faire de la banque, l’Allemagne c’est pour faire de l’industrie. Mais, quand on veut être un homme éclairé et de connaissances, on se tourne vers la France. À l’époque, je suis tombé sur des gens qui voyaient beaucoup de choses à travers le prisme français. Ceux qui connaissaient bien la France, qui parlaient parfaitement le français, me disaient avec humour : « Vous avez de la chance, parce que le seul régime communiste qui ait réussi au monde, c’est la France ! » Nous avions mis au point un système de privatisation au profit de tous les travailleurs des entreprises Mikhaïl Gorbatchev vous avait donc demandé de mettre en place ce plan de réformes pour amener la Russie vers l’économie de marché. Or, après son départ, votre grande déception, c’est que Boris Eltsine ne fait plus appel à vous. Il fait appel à un économiste américain, on tombe dans la magouille et l’économie bascule dans les mains des oligarques… Absolument. C’est le grand regret de ma vie ! Nous avions mis au point un système de privatisation au profit de tous les travailleurs des entreprises. Nous avions inventé un système de pré-actions et nous avions distribué à tous les membres des entreprises des parts de leur entreprise. Pour une entreprise qui avait 10 000 employés, chacun recevait un dix-millième de l’entreprise. Boris Eltsine arrive, avec un certain nombre de jeunes types qui avaient les dents longues. Ils sortaient des Jeunesses communistes, les Komsomol, c’étaient les futurs cadres du parti. Comme par hasard, c’étaient les enfants ou les petits-enfants des gens du comité central. C’était un système familial. Boris Eltsine, sous la pression de l’ancien comité central, a fait confiance à ces jeunes, qui avaient entre 25 et 30 ans, pour faire ces privatisations. Il leur a dit : « On a distribué des actions à tous les employés, rachetez toutes ces actions et prenez le contrôle des entreprises. » C’est ce qui s’est passé. Dans chaque entreprise, il y a eu un haut gradé, qui faisait partie des Komsomol, et qui a dit à tous ses ouvriers : « Vous avez ces actions, cela vaut de l’argent, je vous les achète.» On n’avait pas expliqué aux gens ce que l’on pouvait faire avec ces actions, ils ne savaient pas que c’était une part des profits futurs de l’entreprise. Ils ne comprenaient rien, parce que nous n’avions pas eu le temps d’expliquer cela puisque nous étions en train de concevoir le système. Vous avez des gens qui, au fin fond de la Sibérie, reçoivent un bout de papier représentant une part de la société dans laquelle ils travaillent : pour eux, cela ne voulait rien dire. Donc, ils ont écouté le premier gars qui est arrivé Christian Mégrelis : « On n’avait pas expliqué aux gens ce que l’on pouvait faire avec ces actions, ils ne savaient pas que c’était une part des profits futurs de l’entreprise. Ils ne comprenaient rien. »

la baule+ Décembre 2021 // 9 en leur disant : « Je te donne 10 roubles et tu me donnes ce bout de papier… » C’est de cette manière qu’ils ont pris le contrôle… À ce moment-là, ces gens du Komsomol qui ont pris le contrôle d’entreprises exportatrices se sont retrouvés à la tête d’entités qui produisaient des dollars, parce qu’elles vendaient du pétrole, du gaz ou de l’acier en Occident. Ils ont décidé de ne pas ramener ces dollars en Russie, mais de les garder dans des banques à Londres ou à New York. Et, en une nuit, ils sont devenus milliardaires. L’entreprise a été privée de possibilité de réinvestir. Il faut savoir que depuis Poutine, il y a eu des quantités de procès dans ce domaine… Finalement, c’était un casse tout à fait légal… La chute de l’URSS a entraîné le plus grand pillage de l’histoire de l’humanité, tout à fait légalement… Vous savez, en France, nous avons aussi nos gens du Komsomol: on les appelle les énarques… Exactement, vous avez tout compris. D’ailleurs, c’est ce que les Russes continuent de me dire : « Vous avez la même chose avec l’ENA ! » Ainsi, Gorbatchev a mis en place un système de privatisation pour redonner les entreprises à leurs employés. On a distribué une action par salarié, mais à l’époque personne ne savait ce que cela représentait. Des types ont racheté ces actions pour un bout de pain et l’on s’est retrouvé avec tous ces oligarques qui sont devenus milliardaires. La situation peut-elle changer maintenant ? Cela va être très long et très difficile. Tous ces oligarques ont vieilli. Ils repassent tout cela à leurs enfants, puisque nous en sommes à la phase de succession. La plupart de ces enfants sont nés aux ÉtatsUnis, en France ou en Suisse. Ils ont un double ou un triple passeport, et ils n’ont pas du tout envie de lâcher leurs milliards. J’ai un exemple, je ne veux pas citer le personnage ou l’entreprise, mais un type a été pris la main dans le sac. Il a fichu le camp pour éviter les contrôles fiscaux et il a quitté la Russie avec le répertoire des actionnaires sous son bras. Or, d’après le droit russe, pour qu’il y ait un changement d’actionnaires, il faut que cela soit entériné par le livre des actionnaires. À partir du moment où le type se retrouve à Londres ou à Genève avec le livre des actionnaires, plus personne ne peut changer le pourcentage des actions de la société et plus personne ne peut acheter ni vendre des actions de la société. Il a légué 85 % de cette entreprise qui vaut plusieurs dizaines de milliards - ce ne sont pas des petites boîtes - à ses enfants, qui ont la nationalité suisse et américaine. Ils ont changé de nom en prenant des noms américains et ils vivent tranquillement avec des fortunes gigantesques... Avez-vous eu d’autres contacts avec Mikhaïl Gorbatchev après cette période d’août 1991 ? Oui, je devais travailler sur les relations économiques entre l’Union européenne et l’Union soviétique. À l’époque, l’Union soviétique ne reconnaissait pas l’Union européenne. Elle reconnaissait les États, mais pas l’Union européenne. J’ai dit à Mikhaïl Gorbatchev qu’il devait reconnaître l’existence de l’Union européenne en ayant un traité de coopération avec l’Union européenne. Il a réfléchi, on a discuté et il m’a demandé ce que serait ce traité. Je lui explique ce qui a été mis au point avec tous les anciens états satellites, cela s’appelle l’assistance technique pour permettre à la Russie de passer à l’économie de marché plus facilement. Mikhaïl Gorbatchev rigole et il se tourne vers ses collaborateurs : « J’ai compris, c’est ce que nous faisons avec l’Éthiopie ! » Ensuite, il me demande ce qu’il faut faire et je lui dis qu’il suffit de faire une lettre à Jacques Delors. J’ai rédigé la lettre, il n’a pratiquement rien changé, il l’a signée, il me l’a donnée, et je me suis retrouvé à Bruxelles avec cette lettre que j’ai remise à Jacques Delors, qui n’en revenait pas de voir un Français rappliquer avec une lettre signée Gorbatchev pour engager des négociations sur la coopération... Cela a été conclu rapidement. Ensuite, j’ai été chargé par Bruxelles de montrer aux Soviétiques comment fonctionnait un supermarché. On m’a demandé de créer le premier supermarché de l’URSS, dans la banlieue de Moscou, et je me suis retrouvé avec des clients qui ne savaient même pas comment faire... Il fallait leur expliquer comment prendre les produits, comment passer à la caisse... Il y avait ceux qui prenaient les produits et qui ne passaient pas à la caisse, c’était très amusant ! Ces accords d’assistance technique fonctionnent encore aujourd’hui. La thérapie de choc ne pouvait pas fonctionner dans un pays qui n’a pas de culture économique Ce qui est incroyable, c’est que vous étiez le seul étranger dans le cabinet Mikhaïl Gorbatchev… Oui, j’étais le seul étranger. Mais ensuite, Boris Eltsine a introduit les Américains. Il a choisi un économiste américain à ma place quand il n’a pas voulu suivre mon plan. Jeffrey Sachs a préconisé la réforme éclair, cela s’appelait la thérapie de choc, mais cela ne pouvait pas fonctionner dans un pays qui n’a pas de culture économique. Les types du Komsomol, quand ils ont écouté Jeffrey Sachs, ont dit que c’était une très bonne idée et qu’il fallait faire comme ça. C’est de cette manière qu’ils ont pillé leur pays. Cela s’est fait d’une manière inimaginable. Ces types continuent d’avoir des yachts, des jets privés énormes, des propriétés luxueuses aux quatre coins du monde. C’est une richesse absolument obscène. Propos recueillis par Yannick Urrien. Christian Mégrelis : « Tous ces oligarques ont vieilli. Ils repassent tout cela à leurs enfants, puisque nous en sommes à la phase de succession. »

COLLECTE, DESTRUCTION ET RECYCLAGE DE VOS ARCHIVES PROFESSIONNELS ET PARTICULIERS Tél. 06 82 94 67 89 - www.classarchiv.fr Leguignac - HERBIGNAC - classarchivdestruction@gmail.com . Gain de place dans vos locaux . Sécurité et confidentialité . Conseils en matière des délais de détention des archives . Remise d’un certificat de destruction la baule+ 10 // Décembre 2021 Médias ► L’ancien ministre relance le magazine Pif Frédéric Lefebvre : « Mon père m’interdisait de lire Pif. » La Baule + : A quand remonte votre passion pour le personnage de Pif ? Frédéric Lefebvre : Pif était un compagnon de mon enfance et de mon adolescence. C’est sans doute un peu régressif et transgressif, mais quand j’étais gamin, le cadre du club de foot de ma ville vendait L’Humanité Dimanche et c’était aussi lui qui vendait Pif Gadget, qui était un magazine proche du Parti communiste. D’ailleurs, c’est pour cette raison que mon père m’interdisait de lire Pif... Donc, j’étais abonné en cachette chez ma grand-mère… Ce que j’ai toujours aimé, c’est que ces magazines étaient vraiment familiaux et ils n’étaient pas segmentés comme le sont les magazines jeunesse aujourd’hui. C’est ce que nous faisons avec Pif et on y rentre à partir de n’importe quel âge. En neuf mois, nous avons plus de 6 000 abonnés. 50 % de nos abonnés ont plus de 50 ans et ils ont envie de transmettre cet amour de Pif à leurs enfants et à leurs petits-enfants. Nous avons des jeux pour les enfants et des mots croisés un peu plus compliqués pour les adultes. Il y a une rubrique qui a énormément de succès : c’est La malle au trésor de Pif, avec plein de pépites, c’est-à-dire des choses qui ont été publiées il y a très longtemps. Je n’ai pas racheté la marque, elle appartient toujours à L’Humanité Comment s’est déroulée l’opération de rachat ? Je n’ai pas racheté la marque, elle appartient toujours à L’Humanité. J’ai acheté la licence d’exploitation de la marque. Il y a eu une tentative de renaissance de Pif il y a quelques années et cela a échoué. Le journal L’Humanité avait un certain nombre d’actifs, comme Miroir du Football ou Miroir du Cyclisme, mais aussi Pif. J’ai rassemblé des gens qui sont dans le secteur des médias, Bernard Chaussegros et d’autres, et notre proposition a séduit l’équipe détentrice de la marque. Nous avons les chiffres consolidés du premier numéro et nous terminons à 126 000 exemplaires vendus, ce qui est le plus gros succès de lancement demagazine de ces cinquante dernières années. La marque s’installe, puisque nous avons signé avec Canal + un programme court sur la biodiversité. Nous négocions avec des producteurs qui veulent relancer une série d’animations et nous avons signé avec un certain nombre de marques qui respectent les valeurs ancestrales du journal. Le journal a toujours défendu des valeurs de solidarité et d’amitié, et nous y avons rajouté le combat pour l’écologie et la biodiversité, ce qui nous permet de travailler avec des marques bio notamment. Pif est en train de se déployer sur tous les fronts. Ainsi, les jeunes redécouvrent aussi le plaisir de feuilleter un magazine… Nous avons une offre numérique pour les Français de l’étranger, mais tous les jeunes lisent Pif sur papier et ils embarquent le magazine partout. Il fallait trouver des dessinateurs qui le modernisent, mais sans le trahir Comment avez-vous recruté des dessinateurs ? On est vraiment sur un personnage qui a été partagé par de nombreux dessinateurs et il a eu beaucoup d’apparences : donc, chacun a son Pif en fonction de ses années de lecture. Ainsi, chaque fois que Pif est relancé, beaucoup de gens disent que ce n’est pas exactement le Pif de leur enfance... Mais c’est normal, puisqu’il y en a eu quinze différents ! Il fallait trouver des dessinateurs qui le modernisent, mais sans le trahir. Nous avons beaucoup de projets, des grands groupes mondiaux nous proposent des jeux ou des vidéos autour de Pif, donc il fallait le moderniser. Il fallait trouver un dessinateur, alors j’ai lancé un appel dans le milieu de la bande dessinée. Nous avons reçu plein de candidatures et c’est un garçon d’une trentaine d’années, qui vit à Londres avec sa compagne qui travaille dans le jeu vidéo, qui a eu une énorme envie de faire Pif qu’il ne connaissait pas personnellement. En même temps, le père de Thomas était un fan de Rahan et il lui a donc immédiatement parlé de l’histoire de Pif. Quand on a sorti le premier numéro, une partie des gens ont adoré, notamment les plus jeunes, mais d’autres trouvaient que ce n’était pas leur Pif... Alors, Thomas a dessiné plusieurs Pif et nous avons fait voter nos lecteurs. Les banques n’ont pas voulu nous suivre Pourquoi revenir sous la forme d’un périodique vendu en kiosque et pas sous celle d’un livre ? J’aime entrer chez un marchand de journaux. C’est un métier difficile. Ce sont des gens passionnés par le papier et ils ont des masses de papier à gérer. Mais ils ont tous des bons souvenirs de Pif. Il faut savoir qu’il y a eu des records avec Pif, parfois plus d’un million d’exemplaires vendus. Donc, dans la mémoire collective des marchands de journaux, c’était quelque chose de fort. En plus, j’aime le rythme de la distribution de la presse, puisque nous avons une régularité à tenir. Nous avons choisi une parution trimestrielle. Nous avons autour de nouveaux produits, comme la collection Pif Vintage, et nous avons sorti le numéro un du magazine Rahan qui date des années 80. La réédition est à l’identique de l’époque. La presse est un vrai bonheur ! C’était un pari un peu compliqué. Les banques n’ont pas voulu nous suivre, on nous a répondu que Pif n’existait plus, que les enfants ne le connaissaient pas, que ce n’était pas un projet viable... Je me suis appuyé sur des professionnels de la presse, un secteur que je ne connaissais pas, mais il se trouve que ces professionnels ont pris peur... C’était après le deuxième confinement. Et je suis parti tout seul dans cette aventure. Pif qui est un journal écolo Enfin, Pif, c’est aussi les fameux gadgets… Pour des raisons évidentes, on ne peut pas proposer les gadgets qu’il y a eu dans le passé. Certains gadgets ont eu des succès extraordinaires, notamment les minuscules petites crevettes que l’on mettait dans l’eau, il y avait un sachet pour les nourrir... Aujourd’hui, ce n’est plus possible ! Parmi mes partenaires, j’ai 30 Millions d’amis et je ne pense pas qu’ils me permettraient de mettre des crevettes vivantes dans Pif ! Nous avons la machine à faire des œufs carrés : à l’époque, c’était du plastique, aujourd’hui il est impossible de mettre du plastique non recyclé dans Pif qui est un journal écolo. Du coup, nous avons fabriqué cette machine à faire des œufs carrés en carton et ça marche très bien... En plus, des dessinateurs ont pu faire un bel Hercule sur les cartons. Pour les figurines, nous allons en faire, évidemment, mais ce sera avec du plastique recyclé. Nous avons de nombreuses idées de gadgets pour le futur, comme des graines magiques. Ce sera vraiment très sympa et cela va passionner nos lecteurs. Propos recueillis par Yannick Urrien. L’ancien ministre Frédéric Lefebvre, qui partage sa vie entre Paris et La Baule, ne fait plus de politique depuis quelques années : il s’est reconverti dans la presse, puisqu’il a relancé le magazine Pif au début de l’année. Une reconversion surprenante dans la presse jeunesse de la part d’un ancien ministre de Nicolas Sarkozy, d’autant plus que Pif appartient toujours au Parti communiste puisqu’il exploite la marque sous la forme d’une licence. Frédéric Lefebvre dans le studio de Kernews

la baule+ 12 // Décembre 2021 Offrir un cadeau vraiment personnalisé en composant un panier gourmand avec des produits régionaux, c’est ce que vous permet de faire Trésorsdesrégions.com. Le nom de ce site de commerce en ligne est aussi celui des deux magasins de la presqu’île, situés à Saillé et à Pornichet : une enseigne largement connue pour son expertise dans ce domaine. En plus, c’est un vrai plaisir, il est vraiment ludique de préparer son panier gourmand à partir de centaines de produits disponibles. Évidemment, on peut également acheter des paniers qui sont déjà prêts avec différentes sélections de produits régionaux. Félix Delaunay a pensé à tout et les possibilités sont infinies: « On peut constituer une corbeille en fonction de son budget ou d’un thème. On choisit d’abord son contenant, en bois, en carton, en métal ou en osier. Ensuite, on décide de la composition, salée ou sucrée, ou les deux, et on va choisir librement les produits que l’on veut offrir en faisant un tour dans le magasin. » On peut trouver des produits vraiment originaux et de qualité, car cela fait des années que Félix Delaunay sillonne la France pour rencontrer les producteurs locaux : « Tous nos produits ont une histoire. Je connais tous les fabricants, car ils ont tous été sélectionnés. Je recherche toujours un produit avec une authenticité, qui a une âme. Je m’intéresse à la recette et aux ingrédients, aux liens avec le territoire. Nous travaillons en circuit court, directement avec les fabricants, donc il n’y a qu’un seul intermédiaire. » Tous nos produits ont une histoire Il y en a vraiment pour tous les goûts. Par exemple, les salicornes de Guérande, le sel de Guérande, des moutardes ou des conserves locales. Plus original, du rhum produit à Guérande : « C’est un artisan qui fait venir des fûts de chêne du monde entier car, comme le rhum vieillit dans le fût de chêne, il va avoir différents goûts. Puis il les fait vieillir dans un blockhaus à Guérande, ce qui permet un affinage spécifique ». Restons sur la presqu’île, avec les chips Chipizh, fabriquées à Guérande aussi, qui sont vraiment un régal et dont le goût est incomparable avec celui des chips industrielles. Pour les gâteaux, l’enseigne distribue les références locales, à savoir le Baulois de Marylou ou le Gâteau Nantais. Félix Delaunay a eu aussi un coup de cœur pour La Jolie Tarte : «C’est une excellente tarte au caramel produite par un petit producteur à Guérande. » La Bretagne est à l’honneur avec deux fabricants de whiskys bretons, Armorik et Eddu. Félix nous raconte l’histoire d’Eddu : « C’est une fabrique près de Quimper qui propose le seul whisky au blé noir au monde. Ils font de la distillerie depuis plusieurs générations. Ce sont des défenseurs de la Bretagne et ils voulaient valoriser les ingrédients locaux en faisant un produit haut de gamme. C’est un vrai succès.» TouCadeaux ► Une enseigne au service du développement des producteurs locaux Offrir un panier gourmand avec des produits régionaux grâce à Trésorsdesrégions.com jours en Bretagne, avec le cidre Tad-Kozh : « Cela signifie grand-père en breton. Un cidre bio, sans sulfites et sans CO2 ajouté, donc l’effervescence est naturelle. C’est le cidre typiquement historique en Bretagne. » Trésorsdesrégions.com, c’est aussi la mise en valeur des trésors de différentes régions: « Nous travaillons avec la maison Patignac qui fait des foies gras et des terrines du Sud-ouest. Ils ont eu la médaille du Concours général agricole. ». Une gamme de pains d’épices d’Alsace est également disponible. Pour les vins, Félix Delaunay a un cahier des charges bien précis : «Nous travaillons exclusivement avec des producteurs et récoltants, ce qui signifie que le producteur n’est pas simplement éleveur de raisins, il transforme aussi. La valeur ajoutée du produit transformé va à la ferme. » Les produits de savonnerie et de bien-être sont également très appréciés et Félix Delaunay reste fidèle à son éthique : « C’est un plaisir de faire connaître La Savonnerie d’Anaïs. Elle fabrique ses savons directement à Guérande. Elle fait très attention à tous les ingrédients, c’est vraiment sain pour la peau, et elle propose même du shampooing solide. » Ainsi, on peut constituer un beau panier cadeau à partir d’une vingtaine d’euros avec une diversité de produits locaux. Un service identique est proposé aux entreprises, associations, mairies qui peuvent commander des paniers cadeaux en plus grande quantité à partir d’un budget ou d’un thème prédéfini. Les boutiques de Saillé (Guérande) et de Pornichet disposent du même large choix de produits pour constituer son panier cadeau personnalisé. L’équipe en magasin est disponible pour vous conseiller le cas échéant. Trésorsdesrégions.com. Tél. 02 40 15 00 30 Route de Saillé à Guérande. Place du Marché, 152 avenue du Général de Gaulle à Pornichet.

RkJQdWJsaXNoZXIy MTEyOTQ2