La Baule+

la baule+ 28 // Décembre 2021 Fiction ► Une Bauloise publie un livre de science-fiction très sombre… Lili Taix : « Les gens pensent qu’ils vont être sauvés s’ils obéissent bien. » Lili Taix est bauloise, elle a travaillé au ministère de l’Intérieur et elle est actuellement DRH. Elle publie un roman chaque année. Son livre, « La Flamme des Justes » connaît toujours un vif succès. Elle revient sur le devant de la scène avec son premier ouvrage de science-fiction : « Nous sommes en 2070 après Jésus Christ, sous le règne de Micron III, après qu’un virus mortel a contribué à l’anéantissement de la planète Terre. Des barbares, venus de nulle part, attaquent les ruines des villes pour violer les femmes et s’approprier les réserves d’eau ainsi que des pilules nourrissantes, généreusement distribuées par le bon roi à une population sous contrôle. Chaque jour, Marie, sa mère et sa grand-mère, rescapées du Grand Reset, luttent pour survivre. » Les trois femmes vivent-elles les dernières heures de la fin annoncée de l’humanité ? Lili Taix précise qu’il s’agit bien d’un roman de science-fiction et que toute ressemblance avec des événements actuels serait purement fortuite… « Dis Mamie, c’était comment avant ? » de Lili Taix est publié aux Éditions du Net. La Baule + : Vous décrivez un pays en 2070, avec à sa tête le roi Micron III car, en 2022, le président Micron décide de se faire roi. Ensuite, il y a Micron II puis Micron III. Il y a une crise sanitaire, puis l’instauration d’une dictature, et vous racontez l’histoire d’une grand-mère qui discute avec sa petite-fille… Lili Taix : C’est la première fois que j’écris une fiction. Nous sommes en 2070 et il n’y a plus rien. La lumière du soleil n’arrive pas à transpercer les nuages, il n’y a plus de végétation, l’eau est polluée... C’est un monde assez apocalyptique. La grand-mère raconte comment le monde a plongé dans la dictature : à son époque, les peuples ont été mis sous hypnose grâce à un déluge de distractions stupides, la télévision et les réseaux sociaux. Elle évoque l’abêtissement des masses, le niveau scolaire qui baisse... Et tout cela a entraîné ce Nouveau Monde. La grandmère et la petite fille n’ont pas le droit de vivre dans ce monde, puisqu’elles n’ont pas leur code QR, un passeport qui autorise à vivre à cause de la surpopulation dans le monde. Il y avait 7,7 milliards d’habitants dans le monde dans les années 2020 et il fallait passer rapidement à 2 milliards d’habitants. À partir de là, il y a eu une politique de stérilisation des femmes. La petite Marie est née clandestinement et elle est cachée depuis sa naissance. Ce qui a fait basculer le monde, c’est un virus mystérieux… Bien entendu, toute ressemblance est fortuite. À l’occasion de cette épidémie, les pays industrialisés ont copié progressivement ce qui était déjà en place en Chine, ce qui paraissait complètement fou à l’époque. Dans cette fiction, je raconte comment on a formaté les habitants. On a développé la vidéosurveillance à outrance, on doit se conformer à toutes les règles, il y a de plus en plus d’interdits, on doit partager son logement avec d’autres personnes, le libéralisme a disparu, l’État distribue des aides en permanence, tout le monde est redevable à l’État, on doit remercier le gouvernement de nous donner notre pitance tous les mois, il n’y a plus que des fonctionnaires… Être fonctionnaire est devenu la seule solution pour s’en sortir. Dans cette chute, les banlieues ont été délaissées, les anciens des banlieues sont devenus des barbares, comme au temps d’Attila, les barbares sortent pour agresser les gens sauvagement, parce qu’ils ont faim… C’est une fiction très forte. Je suis quelqu’un de gai, mais c’est vraiment un livre noir. Au début, on a pris les complotistes pour des rigolos À l’époque où la vie était normale, la grand-mère raconte que les lanceurs d’alerte ont été qualifiés de complotistes alors qu’ils mettaient la population en garde contre le plan du Great Reset… Au début, on a pris les complotistes pour des rigolos. La majorité des personnes suivaient gentiment. Il y avait d’abord la peur du virus et de la maladie, surtout dans ces sociétés qui étaient très aseptisées. Les gens avaient très peur et ils pensaient que tout allait se terminer si l’on écoutait bien les consignes du bon gouvernement. Mais en fait, le bon gouvernement a rogné de plus en plus les libertés, et, dans ma fiction, un comploteur se fait tuer et un autre se fait brûler devant le siège de l’ONU à New York parce qu’il refuse de vivre dans ce monde sans liberté. Il a appliqué au pied de la lettre le slogan des résistants qui préféraient mourir plutôt que de ne plus être libres. Il pensait qu’il allait réveiller les consciences en s’immolant devant le siège de l’ONU, mais cela n’a pas été le cas. Les personnes devenaient sensibles à tous les virus qui apparaissaient Dans votre histoire, que s’est-il passé avec ce virus ? On a organisé des campagnes de vaccination pour faire croire aux personnes qu’elles pouvaient s’en sortir. On les a fait vacciner à la chaîne. Certains disaient que le vaccin était dangereux. On a dit que ce n’était pas vrai. Or, enmême temps, les personnes devenaient sensibles à tous les virus qui apparaissaient. Mais, comme la diminution de la population ne va pas assez vite, parce qu’il y a de moins en moins de nourriture dans le monde et l’eau est polluée, un nouveau virus apparaît et les gens ne peuvent plus résister, car les défenses immunitaires n’existent plus. Dans mon histoire, la grandmère raconte que le peuple réclame toujours un coup de collier supplémentaire, avec des mesures de plus en plus répressives... Quel est le processus psychologique qui conduit le peuple à demander toujours plus de répression ?

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